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CHAPITRE SECOND
2.1 La structure binaire au cœur de la réalité
Dans «Le symbole et le réel[17]», on a considéré le rapport qui existe entre le symbole et le réel. Le symbole apparaissait, comme extrême du langage aux confins du mythique, comme la codification en termes représentables d’images primordiales non représentables, les archétypes. Par ailleurs, ceux-ci, en tant qu’images primordiales, étaient en communauté de structure avec ce qu’on a appelé l’«archégène», terme encore plus générique et général que le précédent, et qui concerne directement le réel; de fait, il consiste en sa forme.
Mais il faut refaire ici une distinction, déjà approchée dès le début du premier essai, car ce «réel» dont on parle pourrait facilement être perçu comme s’apparentant à celui des positivistes ou à tout autre matérialisme. Avec Jung, cependant, on a relevé la possibilité d’une relation synchronique entre deux événements, l’un psychique, l’autre «naturel» (matériel). De ce point de vue, le psychisme pourrait être considéré n’être que le reflet de la matière, mais il est évident que l’inverse peut aussi être vrai, tel que Jung le fait voir[18].
Les quelques considérations concernant les nombres, qui ont alors été exposées avaient pour but de faire ressortir leur synchronicité: par exemple, on pourrait dire que le surgissement au conscient de formules mathématiques dépend d’une relation directe de l’esprit à la matière[19]; de même, on croit voir, dans l’organisation logique que constitue le numérique, un lieu privilégié d’observation du double réel «psycho-matériel». On peut alors dire avec Marie-Louise Von Franz:
Les nombres (naturels) doivent alors être entendus comme des modèles psychophysiques spécifiques de mouvement à propos desquels on peut formuler les propositions suivantes: Le un comprend des totalités, le deux divise, répète et engendre des symétries, le trois centre les symétries et constitue le point de départ de déroulements linéaires, le quatre stabilise en revenant au un, et rend visibles les totalités individuelles en traçant des limites etc.[20].
Il y a, bien sûr, plusieurs façons d’exprimer la suite significative des nombres entiers et leurs rôles spécifiques et réciproques, mais, généralement et malgré cette diversité, on s’entend sur l’essentiel: les nombres ont une signification précise qu’ils ont en tant que représentants du réel.
Dans ce chapitre, une attention particulière sera portée au nombre deux comme base du binaire. Les considérations qui vont suivre n’ont rien de spéculations «kabalistiques», elles veulent simplement montrer comment le deux agit, puisqu’il est présent, et quels sont les problèmes d’interprétation qu’il comporte. Après l’analyse théorique, on donnera quelques exemples et des explications dans différents domaines, notamment la physique, la biologie, la psychologie et, finalement, la symbologie[21].
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