La dynamique du binaire – p. 14

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CONCLUSION

On peut conclure de ce bref tour d’horizon que la présence de la structure binaire peut se confirmer par des faits, à moins que ces constatations à propos d’une catégorisation sexuelle ou des deux hémisphères cérébraux, ou de tous ces couples constatés par les sciences, ne soient d’ordre purement herméneutique (absolument subjectif). En toute éventualité, l’universalité de cette herméneutique binaire serait déjà probante.

Dans la perspective de cet essai, la structure binaire apparaît transcendante; elle est au coeur du réel, inscrite au plus profond de la double structure archégène-archétype. Tous les symboles binaires représentent en quelque sorte cette structure. En fait, tout couple «réel» venant à l’esprit devient «symbole» (surgissement dans le langage) du binaire. L’esprit, informé au niveau mythique (archétype) de cette structure, va se fixer sur un couple (naturel ou culturel) pour la représenter. Pour lui, c’est son moyen de communion au réel, sa manière de «découvrir le chiffre du monde».

Pour les anciens Chinois, ce couple est universel. La vie sociale elle-même devient symbole; elle est organisée pour exprimer la réalité transcendante du binaire, particulièrement bien ressentie dans la dimension sexuelle, et s’articule dans un rapport symbolique très général et plutôt abstrait: le couple Yin-Yang. On conçoit, en effet, que ce couple symbolique est pratiquement construit par l’esprit pour exprimer directement l’idée de structure binaire transcendante.

Cette structure binaire n’est pas fortuite. Si nous la retrouvons en physique, en biologie et dans bien d’autres domaines, n’est-ce pas parce que le réel lui-même impliquerait cette structure? La structure serait alors basée sur une complémentarité fonctionnelle des éléments mis en situation, à l’instar des ondes et des corpuscules qui remplissent des fonctions différentes et complémentaires dans le phénomène que constitue la lumière.

Les recherches sur le cerveau ont démontré de façon frappante la complémentarité fonctionnelle des deux hémisphères du cerveau. Elles confirment de plus en plus que la bipartition du cerveau repose sur la nécessité de traiter les informations emmagasinées selon deux modes complémentaires; par exemple, rationnel-intuitif, logos-mythos, et d’autres encore. Notre expérience quotidienne ne nous apprend-t-elle pas qu’il est difficile sinon impossible, pour un individu, d’opérer en même temps sur un mode horizontal et sur un mode vertical, sur un mode quantitatif et sur un mode qualitatif. C’est la raison d’être du principe de complémentarité en tant que postulat.

La rubrique maîtresse Yin-Yang vise à exprimer cette réalité. Il est donc possible d’envisager que le couple pain-vin de l’Eucharistie chrétienne exerce le même rôle. En fait, l’expérience quotidienne du manger et du boire contribue à rendre ce couple symbolique encore plus expressif en l’actualisant par le geste de la manducation. Il pourrait ainsi constituer une véritable rubrique maîtresse de complémentarité, au même titre sinon davantage que le couple Yin-Yang.

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