Table des matières • 1 • 2 • 3 • 4 • 5 • 6 • 7 • 8 • 9 • 10 • 11 • 12 • 13 • Conclusion
INTRODUCTION
L’idée de fond de la conception du symbolisme prévalant dans cet essai est fondée sur une préoccupation concrète. En étudiant la question du symbolisme, l’esprit contemporain est d’abord préoccupé par une chose en particulier: son efficacité au niveau du vécu. Est-ce que le symbole est capable de répondre à la question: quelle est ma réalité, quelle est la réalité de l’autre? On recherche constamment sa capacité de vérité:
découvrir le chiffre du monde et pouvoir ainsi en révéler le langage, tel est l’objet du désir fondamental de l’homme[1].
On pourrait même aller jusqu’à affirmer que la vérité de l’humain est fondée sur son rapport avec le réel et sa capacité de l’exprimer. En fait, il s’agit d’une quête de rapport de l’un avec l’autre, ou du sujet et de l’objet. «L’un» est incapable de supporter l’existence, s’il ne peut, que ce soit pour ses actes gratuits ou intéressés, reconnaître une répercussion de sa réalité subjective sur «l’autre» en tant qu’objet. Ce rapport déborde même le simple domaine de l’humain et de son esprit, puisque, d’une certaine manière, tout être (ou existant) possède, à un moment précis, la qualité de sujet ou d’objet. Cette nécessité d’une réponse est d’ailleurs très bien expliquée par les philosophes dialectiques; on n’a qu’à penser à Hegel[2], par exemple. Les querelles philosophiques opposant les deux parties, dites «réaliste» et «idéaliste», démontrent à la fois une préoccupation profonde et la crainte existentielle de ne pas atteindre cette réalité.
Des penseurs se penchent avec espoir sur le symbole. Ils attendent de celui-ci qu’il se présente comme un pont entre le réel et l’esprit, entre la complexité des informations qui s’offrent à nous et notre besoin d’intelligibilité: une sorte de clé d’interprétation et d’unification des systèmes, au-delà de la tautologie, et qui permet, en quelque sorte, justement, de «découvrir le chiffre du monde et pouvoir ainsi en révéler le langage»[3].
Cependant, parmi les diverses notions de symbolisme communément admises, celles qui apportent une motivation profonde à l’utilisation du symbole sont rares. Il est notable que maints savants se laissent enfermer dans une recherche «théorique», exempte d’applications possibles à la «pratique» symbolique. Populairement, on n’accorde qu’une valeur de «signe» au symbole, au sens le plus abstrait et arbitraire que l’expression puisse avoir.
Cet essai s’applique à établir une vision du symbolique capable de satisfaire aux exigences de la raison contemporaine, par la recherche d’un discours théorique aux applications pratiques.
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Je suis tout à fait emballée par votre article. Il tombe à point. En effet, j’étais hier avec quelques amis et nous regardions le film “Ratatouille”. Ce film d’animation peut sembler anodin. Pourtant, je trouve qu’il met en scène plusieurs éléments abordés dans votre écrit.
Pour ma part, ce film me fait connecter de façon étonnamment profonde avec le thème de la manducation, et même, bien que je le dis avec une certaine gène, avec l’Eucharistie. Ma gène vient du fait que, habituellement, la question de l’Eucharistie est chose sérieuse, tandis que les films d’animations sont plutôt perçus comme légers.
Pourtant, je suis d’avis que ce film contient les mythes et les symboles me permettant de connecter à une réalité qui m’est, autrement, quasi inaccessible. Dans ce contexte, les couches se superposent…est-ce à dire que les symboles du film me permettent de connecter à un autre symbole, soit l’Eucharistie? Ou à une réalité directement, soit la bonté de Dieu?
D’autre part, j’ai utilisé le mot “connecté à une réalité”, mais je le trouve plus ou moins adéquat. Il s’agit davantage d’un souffle qui rallume une bougie qui vacillait en moi. Elle était donc déjà là, en moi, cette réalité.