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1.3.2 Les couples mythiques: la catégorie latérale
Puisqu’il est question d’ethnologie, prenons un dernier exemple de classification, autre que sexuel cette fois. La dyade Terre-Ciel dont il vient d’être fait mention présente un parallèle couramment rencontré dans la conception de l’espace et manifesté dans la structure du village tribal : on le divise en deux, la haute-ville et la basse-ville. Ainsi, c’est à partir d’une conception du monde basée sur le couple Ciel-Terre que la tribu des Osages du Missouri et du Kansas établit sa structure de vie sociale, l’axe principal étant représenté par la séparation du village en deux parties. Cependant, le couple haute-ville/basse-ville passe au couple gauche-droite: la représentation du haut et du bas sur le plan horizontal se fait nécessairement par la gauche et la droite. C’est ainsi que Francis La Flesche[14], ethnologue, rapporte ses observations.
Cette «réduction» du rapport Ciel-Terre à celui de gauche-droite se comprend par la conception même de l’espace que notre expérience corporelle nous permet. Rodney Needham, dans sa collection d’essais, en apporte quantité d’exemples. Selon ses propres arguments et ceux de son maître à penser Robert Hertz, le couple gauche-droite constitue en fait, en lui-même, un couple universel appliqué systématiquement à travers le monde[15]. L’exemple apporté par La Flesche le confirme grandement. Si le village est conçu comme étant composé d’une partie gauche et d’une partie droite, tout le reste de la vie tribale est teinté du même rapport: les objets rituels sont fabriqués, par la partie gauche du village à partir du poil de vison pris à son épaule gauche, par exemple, et, réciproquement, pour la partie droite, et ce, jusque dans les infimes détails.
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Bien que, par ces divers exemples, il ne s’agisse pas, a priori, de «réconcilier des contraires», mais de prendre en considération les différents aspects de la symbologie, cette vision offre un moyen de tenir compte à la fois de la valence individuelle d’un terme symbolique (sens caché) et de la signification d’un couple ou d’un système symbolique en tant que structure. De ce point de vue, la démarche du symbologue doit adresser une double réalité: le sens objectif d’un terme symbolique et sa mise en action dans un système dynamique. Négliger l’un ou l’autre aspect peut mener à une interprétation désuète du symbole ou le priver de son efficacité[16].
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