Je travaille dans un établissement de santé public québécois. Dans cet établissement, le personnel soignant a un code vestimentaire. Dans ce code vestimentaire, le port de la “gougoune” est proscrit. C’est le gros bon sens, me direz-vous, une question de sécurité pour tout le monde. Je suis bien d’accord.
Pourtant, j’ai déjà assisté à une course à travers l’hôpital, celle d’une jeune résidente en médecine, laquelle avait la responsabilité d’être première répondante pour le traitement des arrêts cardiaques, et ce, en gougounes. Fascinant.
Qui plus est, actuellement, au cœur de mon cher hôpital, nous assistons, après le printemps érable, au printemps gougounien. C’est l’invasion. Dans les années passées, je voyais, à l’occasion, une personne portant timidement la gougoune pendant quelques jours, question de se croire à la plage et de hâter ses vacances, et puis elle se faisait remettre à l’ordre. Cette année, c’est devenu un allant de soi, une banalité, une habitude, plus de raison de s’en formaliser.
C’est la mode, direz-vous peut-être. Bien plus : une religion. Certains interprètent l’étymologie de religion par “créer un lien social”. C’est bien ce dont il est question ici. Un groupe de membres du personnel soignant adopte une expression vestimentaire de leurs valeurs par le port de la gougoune. L’expression de leurs valeurs communes.
Le printemps gougounien apporte effectivement dans mon hôpital, hormis une brise des Caraïbes, une approche “cool” du travail et relègue au second plan le respect des règles de sécurité et autres indications demandées.
Et qui prendra l’odieux de le leur dire? Qui sera-t-il cet ennuyeux rabat-joie dont on parlera en levant les yeux au ciel? Qui osera interdire ce qui est déjà interdit? Je n’ai vu personne évoquer l’ombre du sujet jusqu’à maintenant.
Je pose alors cette question: la charte de la laïcité prévoit-elle une milice d’intervention pour venir enlever tous les signes religieux? Y aura-t-il des agents de sécurité circulant sur les départements de mon hôpital afin de s’assurer que personne n’a de voile sur la tête ou de croix dans le cou? Poseront-ils la question clé: Quelles sont vos valeurs communes? Nous serons dès lors tenus de livrer nos appartenances philosophiques et existentielles.
Pourquoi je porte un crucifix dans mon cou? Mais, Monsieur, c’est la mode, c’est glamour fashion!
À tout le moins, je suis d’avis qu’une telle milice doit être habilitée à intervenir dans les cas de port de la gougoune, nouvelle religion hospitalière. Sinon, il s’agira de laïcité à deux vitesses.
Ces quelques considérations me portent à penser à l’absurdité de l’adoption d’une charte de la laïcité. Et à son infinie complexité juridique. Et à sa tortuosité en termes d’application.
Pourtant, je ne pense pas que ceux qui la prônent soient incohérents; ils savent ce qu’ils font. Tout comme moi, ils adoptent cette autre définition du mot religion : “Ce qui relie à Dieu et à lui seul”. C’est ce lien qu’ils tentent frénétiquement de couper.
Voilà la belle République laïque qu’ils nous proposent, ces promoteurs de la charte, où chacun pourra faire tout ce qui lui passe par la tête, pourvu qu’il ne le fasse pas au nom de Dieu. Aux oubliettes! ce Dieu qui se place effrontément aux dessus de nos têtes, au-dessus de nos gouvernements. Dehors! avant qu’Il vienne nous dire d’enlever nos gougounes.
Jennie Larochelle
Quel est le problème?
Il n’y a personne qui vous empêche de croire en votre dieu…
Il n’y a personne qui vous empêche de prier…
Il n’y a personne qui vous emêche de vous comporter selon vos convictions…
Sauf vous!
C’est ÊTRE qui fait la différence et non les babioles, les simagries ou les déguisements.
Votre personnalité a beaucoup plus d’impacts sur les autres qu’une paire de gougounes que vous porteriez…
Il y a trop de perversions dans les religions pour qu’on les laissent parasiter notre environnement.
Bonjour Stéphane,
Vous dites : Il n’y a personne qui vous emêche de vous comporter selon vos convictions…
Que ferez-vous si la loi sur l’euthanasie est adopté??
Est-ce qu’on va nous permettre de nous comporter selon nos convictions?
Bonjour Stéphane
Moi, j’aimerais bien quelqu’un qui me parle de ce qu’est la foi en Dieu
Moi, j’aimerais bien quelqu’un qui me parle de la prière faite à Dieu
Je sais que j’ai de la personnalité et j’ai le désir de Dieu.
Je pense avoir tout ce dont j’ai besoin et pourtant. !
Bonjour Cédrick,
Ton cri du coeur m’a secouée. S’il m’a fait cet effet, imagine combien Dieu lui-même a été ému en l’entendant. Tu as frappé à la porte…
« Frappez et l’on vous ouvrira » dit Jésus. L’attente peut parfois nous paraître longue mais il y a toujours une réponse et cette réponse, c’est une rencontre intime avec Lui, c’est certain.
Sylvie, dans son plus récent commentaire, te répondait par ceci :
« Pourquoi l’être humain existe-t-il? Il existe pour entrer en relation avec Dieu, et c’est pourquoi, c’est la seule chose qui puisse le combler. »
et Jennie qui s’enflamme à son tour :
« Dieu trinitaire, Dieu relation. Ce trésor, je désire le partager, et comme vous dites, il n’en tient qu’à moi, il ne faut pas que je limite à tort mon élan. »
Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de parcourir les différents blogues et écrits sur ce site mais je suis certaine que tu trouveras déjà plusieurs réponses, sous différentes formes; il y a de quoi alimenter chacun notre désir d’entrer dans cette relation personnelle et profonde avec Dieu, Un et Multiple, pour ensuite la faire rayonner.
Tu as ouvert la porte de ton cœur, ne cesse pas de demander qu’Il vienne. Tu veux qu’on te parle de la prière faite à Dieu, de ce dialogue, en voici une qui pourrait t’aider dans ton désir de connaître : « Viens, Esprit créateur, visite l’âme de tes fidèles, emplis de la grâce d’en haut les cœurs que tu as créés (…) ».
À bientôt!
Bonjour Stéphane
»Avec du sarcasme on peut seulement masquer ses blessures, sinon ses dégoûts. »
Emil Michel
Bonjour Jennie
À mon sens tu as raison. Tout ce que l’on porte sur soi d’habillement ou de décorations dit quelque chose de la personne; notre habillement c’est une liturgie, c’est un ensemble de symboles qui exprime le moi caché, comme tous les gestes et rites eucharistiques qui ont pour but de nous faire pénétrer dans l’Etre divin.
En lisant les personnes qui t’ont répondu, je m’unis à ton dernier correspondant pour te dire avec lui: « Avec du sarcasme on peut seulement masquer ses blessures, sinon ses dégoûts. »
En terminant, je te confie que je suis très heureuse de constater que tous les Québécois ne se laissent pas flouer par ceux qui annoncent un âge messiannique qu’on pourrait appeler le printemps des « cassables », c’est-à-dire tous les « égos », chauffés à blanc qui, comme la tire désirable, finissent par craquer.
Bonjour Stéphane,
Je trouve votre commentaire très intéressant, à plusieurs niveaux. Premièrement, il met en relief un élément primordial dans l’enjeu de la laïcité, le rapport « religion » et « être » (certains pourraient aussi dire « savoir-être »). Je crois comme vous que ce rapport est au coeur de l’enjeu.
Force est de dire que Dieu prend plusieurs formes selon les différentes croyances, et les différentes époques, mais Il demeure toujours un « idéal à atteindre », un être qui nous pousse à s’améliorer, à unifier notre personne, à « être meilleur ». En chaque personne, il y a du bien et du mal, même si ces termes ne sont plus à la mode, je crois qu’il s’agit d’une réalité objectivée quotidiennement. Vous le dites vous-mêmes, il y a perversion. Allons-nous jeter la pierre à notre « idéal à atteindre », lequel n’a pas réussi à nous sortir de notre marasme? Au contraire, dans ces moments sombres, il devrait rester devant nous comme un phare.
Nous sommes constamment appelé à agir, réagir, discerner, utiliser notre liberté. La façon dont nous appréhendons la réalité de Dieu modèlera notre « être ». Socialement, le visage de Dieu mis à l’avant scène modèlera notre « vivre ensemble ».
Ma foi est catholique et je crois qu’elle contient les meilleurs éléments pour favoriser le « vivre ensemble » et les fondements d’une société. Dieu trinitaire, Dieu relation. Ce trésor, je désire le partager, et comme vous dites, il n’en tient qu’à moi, il ne faut pas que je limite à tort mon élan.
Je réfléchis aussi à un autre concept que vous apportez, « la personnalité » comme élément primordial de « l’évangélisation » (ou propagation de ses croyances si vous préférez). Si j’écrivais un blog la dessus, je l’intitulerais « La démocratie ou le culte de la personnalité ». On pourrait en parler longtemps! Je vous reviens aussitôt que j’ai deux minutes…
Bonjour « Jennie »,
Vous dites que: « Ma foi est catholique et je crois qu’elle contient les meilleurs éléments pour favoriser le « vivre ensemble » et les fondements d’une société. »
Je suis complètement d’accord avec vous sur ce point! Le message du Christ en est
un qui nous demande de se dépasser constament afin d’être « meilleur ».
Et contrairement à ce qu’affirme le politically correct, je crois qu’il est faux de prétendre que toutes les religions et croyances se valent. En effet, une croyance qui dit: « fait du bien à ton ennemi » est pas mal supérieure à celle qui dit « oeil pour oeil », ou celle qui dit: « il faut tuer les infidèles » (cette dernière étant carrément maléfique, pour ne pas dire diabolique).
Autre chose, je ne crois pas que la personnalité soit un vecteur d’évangélisation dans le sens de la propagation du message du Christ. Je crois plutôt que la personnalité est un moyen de communier avec l’autre le message du Christ. Je ne sais pas trop comment expliquer cela. L’évangélisation c’est le verbe, la parole. Et la personnalité permettrait de rayonner le message, l’esprit du message. J’ai lu à quelque part que le Christ a donné à son Église l’Esprit Saint pour la fécondité de l’évangélisation.
Une complémentarité trinitaire peut-être: le message en soi, le verbe exprimant le message et l’esprit vivant le message.
Cher Stéphane,
Je vous avoue avoir de la difficulté à vous suivre. Dans votre première intervention, vous êtes carrément provocateur (est-ce voulu?). Vous dites: « Il n’y a personne qui vous empêche de croire en votre dieu… » Cette expression: votre « dieu », sans capitale, peut être considérée comme méprisante et indique généralement, chez les gens qui l’emploient, une distance ou même carrément le rejet de la croyance. Pourtant, dans votre récent message vous faites un véritable témoignage de foi.
Autre exemple. Vous dites dans votre premier commentaire: « Il y a trop de perversions dans les religions pour qu’on les laissent parasiter notre environnement. » Pourtant, dans le premier paragraphe de votre récent message, vous faites aussi un témoignage éloquent face à la foi catholique!
En fin de compte, je finis par me demander si vous aviez vraiment compris le propos de Jennie Larochelle ou encore si vous étiez suffisament à l’écoute.
Quoiqu’il en soit, vous semblez avoir reconsidéré vos positions. Je remarque pour terminer que vous concluez sur des considérations à propos de la Trinité qui me semblent aller tout-à-fait dans le sens des orientations fondamentales de ce site.
Bonjour monsier Ferland-Simard,
Vous confondez les commentaires de Stéphane et de Stéphanie.
Désolé c’est moi qui est confondu.
Un simple hasard? 😉
« Comité sur la réglementation des gougounes dans les espaces publiques »
(www.lapresse.ca/photos/caricatures/201307/21/12-10931-caricatures-du-21-au-27-juillet-2013.php, la page n’existe plus)
J’ai vu cette caricature moi aussi en début de semaine…j’ai bien ri! Très bonne idée de l’ajouter à ce blog, merci!