Jérôme Le Royer de la Dauversière… Founder / Jérôme Le Royer de la Dauversière… Fondateur

Foolish enterprise, uttered settlers in Québec, when they saw the two ships coming from Larochelle in August 1641, taking Maisonneuve and Jeanne Mance, along with fifty new settlers, harshly gained to their cause. «Folle entreprise, s’était-on exclamé à Québec en voyant arriver de Larochelle en août 1641 les deux navires transportant Maisonneuve et Jeanne Mance avec une cinquantaine d’engagés recrutés à grand peine»
Foolish enterprise to establish, on the Island of Montreal, a mission dedicated to the conversion of aboriginals; but were there any other reasons to consider that Jérôme Le Royer’s endeavour was beyond human comprehension? Consider the following facts: Folle entreprise que de vouloir établir, sur l’île de Montréal, une mission destinée à la conversion des Amérindiens mais y avait-il d’autres raisons qui portaient à croire que le projet de Jérôme Le Royer allait contre l’entendement humain? Considérons les faits suivants:
In Europe, the Thirty Year War was raging since 1618. Almost every nation, with the exception of England, was involved. On the other hand, France and England were engaged in a race to colonize the North-Eastern part of America: the New-World. The English established settlements in Jamestown (Virginia) in 1607 and in Plymouth (Massachusetts) in 1620, whereas the French founded Tadoussac in 1600 and Québec in 1608. En Europe, la guerre de Trente Ans sévissait depuis 1618. Presque toutes les nations européennes, à l’exception de l’Angleterre, y sont impliquées. La France et l’Angleterre convoitaient toutes deux le Nouveau-Monde, l’Amérique du Nord-Est. Les Anglais s’établissent à Jamestown (Virginie) en 1607 et à Plymouth (Massachusetts) en 1620, alors que les Français fondent Tadoussac en 1600 et Québec en 1608.
In 1627, England officially declared war to France. The English mandated the Kirke brothers (David, Lewis, Thomas and James, all born in Dieppe France!) to conquer New-France. In 1628, a small English flotilla came down the Saint Lawrence River to claim Québec city, barely 20 years old, from France. The Kirke brothers summoned governor Champlain to turn over the colony. Champlain used trickery as he answered emphatically that the colony was ready to put up a fight. The English did not call his bluff, and turned around, but not without inflicting serious losses to the French: on their return to England they captured four ships that were carrying goods and settlers, destined to Québec. En 1627, l’Angleterre déclare officiellement la guerre à la France. Elle mandate les frères Kirke (David, Lewis, Thomas et James, originaires de Dieppe, en France!), pour conquérir la Nouvelle-France. En 1628, alors que la ville de Québec a à peine 20 ans, une flotte avance dans le Saint-Laurent pour en prendre possession au nom de l’Angleterre. Les frères Kirke sommèrent Champlain de leur livrer la colonie. Il répond aux frères Kirke que la colonie est prête à la résistance armée. Ce bluff astucieux déroute les Anglais qui quittent sans attaquer Québec, mais non sans avoir infligé une lourde perte aux Français: sur le chemin du retour, la flotte des Kirke s’empare de quatre vaisseaux transportant vivres et colons vers Québec.
The Kirke brothers made a second attempt the following year (1629), this time with a significantly larger flotilla. They were going to face a French settlement weakened by the lack of food and troops. Short in supply and ammunitions, and to avoid endangering the life of settlers, Champlain surrendered to the English on July 19, 1629. The governor and most of the French settlers were then taken to England, and returned to France only later. Upon his return to France, Champlain learned that the war between France and England was over three months before the Kirke brothers seized Québec. Hence the capture of the colony was illegal and England was forced to relinquish it back to France. The English prevaricated for the next three years and it is only in 1632, after the signing of the Saint-Germain-en-Laye treaty, that the conflict officially came to an end. But in 1632, France had to literally start all over: Québec had to be rebuilt from its ashes. Les frères Kirke réapparaissent sur le fleuve en 1629, avec une flotte plus imposante, pour faire face à la colonie française de Québec affaiblie par le manque de vivres et d’effectifs. À court de munitions et de nourriture, et pour éviter de mettre la vie des colons en péril, Champlain cède la ville aux Anglais le 19 juillet 1629. Champlain, ainsi que la plupart des colons français à Québec au moment de la capitulation, sont amenés en Angleterre, et plus tard rapatriés en France. À son retour en France, Champlain apprend que le conflit entre l’Angleterre et la France avait pris fin trois mois avant que les Kirke ne s’emparent de Québec. La prise de la colonie était donc illégale, et l’Angleterre est forcée de la rendre à la France. L’Angleterre tergiversera pendant encore trois ans et ce n’est qu’en 1632, en vertu du traité de Saint-Germain-en-Laye, que le conflit prend officiellement fin. Mais à Québec en 1632, tout est à rebâtir et redémarrer.
“We cast anchor in front of the fort [Saint Louis] that was being held by the English. We saw the burnt ruins of Québec at the foot of the fort. The English had come to this land not to build but to ransack, not only most of the living quarters that father Lalemant had erected, but the common dwellings of which they left only a pile of rubble, stones that used to form the outside walls. The situation greatly upset the French since they did not know where to settle down.” (Paul Le Jeune, Jésuite, The Jesuit Relations and Allied Documents […] New-York, Pageant Book Company, 1959, vol. 5, 38-40). «Nous mouillâmes l’ancre devant le fort [Saint-Louis] que tenaient les Anglais. Nous vîmes au bas du fort la pauvre habitation de Québec toute brûlée. Les Anglais qui étaient venus en ce pays pour piller, et non pour édifier, ont brûlé non seulement la plus grande partie du corps de logis, que le père Lalemant avait fait dresser, mais encore toute cette pauvre habitation en laquelle on ne voit plus que des murailles de pierres toutes bouleversées. Cela incommode fort les Français qui ne savent où se loger.» (Paul Le Jeune, Jésuite, The Jesuit Relations and Allied Documents […] New-York, Pageant Book Company, 1959, vol. 5, 38-40).
It is amidst political tension and social restlessness that Jérôme Le Royer felt called to found a colony dedicated to the evangelization of New France, territory that no longer belonged to France at the time. A few years later, in February 1635, he was given a sign that confirmed his missionary endeavour.  He was given a clear and detailed vision of the location for Ville-Marie: the Island of Montreal. C’est dans ce climat de tensions politiques et d’incertitudes que Jérôme Le Royer se sent appelé à fonder une colonie d’évangélisation en Nouvelle-France, qui n’appartenait plus officiellement aux Français. Quelques années plus tard, en février 1635, à Notre-Dame de Paris, il reçoit un signe confirmant cette entreprise de fondation missionnaire. Il eut une claire vision de l’endroit où Ville-Marie devait être établie: l’île de Montréal.
Nevertheless, he had to obtain the rights to the Island of Montreal from its owner at the time, Sieur de Lauzon. The transaction was not straightforward. On August 7, 1640, by notarized deed, the Island of Montreal seemingly became sole possession of Jérôme Le Royer and Pierre Chevrier (baron of Fancamp), both acting as sponsors for the new ownership. But, in order to avoid any potential confusion around ownership in the future, Baron de Fancamp had to seek titles acknowledging ownership from the Compagnie des Cent Associés.  Apparently, Sieur de Lauzon had not properly met his obligations towards the concession contract. Finally, on December 17, 1640, the Compagnie des Cent Associés granted sole rights to Jérôme le Royer and Pierre Chevrier, but not for the entire Island of Montreal, only approximately two thirds, ranging from the most eastern limit and extending to the west. Il restait à acquérir l’île de Montréal appartenant au sieur de Lauzon. L’obtention des droits de propriété ne se passa pas sans difficultés. Le 7 août 1640, par acte notarié, l’île de Montréal devenait, semble-t-il, propriété de Jérôme Le Royer et de Pierre Chevrier (baron de Fancamp), les deux agissant comme bailleurs de fonds dans cette prise de possession. Toutefois le baron de Fancamp dût prendre un nouveau titre de possession auprès de la Compagnie des Cent Associés pour éviter tout litige. Selon toute apparence, le sieur de Lauzon n’aurait pas rempli les conditions de sa concession. Et c’est finalement le 17 décembre 1640 que la Compagnie des Cent Associés octroya à Jérôme Le Royer et Pierre Chevrier, non pas toute l’île de Montréal, mais environ les deux tiers, soit de l’extrémité est de l’Île, en allant vers l’ouest.
The many challenges met by Jérome Le Royer in those transactions that led to the purchase of the rights to the Island are a testament to his determination, his selflessness and the strength of his faith. Many factors attest to him as being the original founder of Ville-Marie. His leadership role in the endeavour is clearly demonstrated through his acting as the individual responsible for the Associates of Notre-Dame; he oversaw the selection process of the settlers, of the craftsmen, of the troops and of the colony leaders. He was also the principal fund-raiser and the buyer of all goods required by a newly established settlement. Les écueils rencontrés par M. Le Royer, lors de l’achat de l’île, démontrent bien la détermination, le désintéressement et la solidité de sa foi. En plus de répondre à une inspiration initiale, plusieurs facteurs nous le font considérer comme le véritable fondateur de Ville-Marie. Dans la direction de cette entreprise, Jérôme Le Royer a agi en tant que responsable des Associés de Notre-Dame; il a vu au choix des colons, des artisans, des soldats, des dirigeants. Il était responsable de recueillir les fonds et d’acheter le matériel nécessaire à une colonie naissante.
In the process, he ruined his health and lost all his belongings. A genuine founder! Il y laissa sa santé et tous ses biens. Un véritable fondateur!
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6 Responses to Jérôme Le Royer de la Dauversière… Founder / Jérôme Le Royer de la Dauversière… Fondateur

  1. Deux lecteurs intéressés dit :

    Bonjour,
    Ce texte ce lit très bien et intéresse tout au long sur l’entreprise vécue lors de la Fondation…. riche en renseignements, merci!
    La conclusion nous heurte cependant… Plusieurs facteurs nous le font considérer comme le véritable fondateur de Ville-Marie. Il serait heureux de préciser qu’est-ce que l’on entend par véritable fondateur. Nous venons de lire, il n’y a pas longtemps, sur Jeanne Mance et on apprenait que celle-ci était fondatrice au même titre que Maisonneuve.

  2. Christian Tessier dit :

    Bonsoir “aux deux lecteurs intéressés”,

    Et aux autres aussi! Votre commentaire me force ici heureusement à apporter une saine précision. Le choix de l’adjectif “véritable” ne se voulait point fait pour lancer une nouvelle polémique quant au(x) fondateur(s) de Montréal. «Véritable» est utilisé ici dans le sens de «qui est conforme à l’idée qu’on s’en fait, qui mérite son nom [fondateur] et sa réputation» (Robert), et non pas une suggestion à l’effet que Jérôme Le Royeur est ou devrait être considéré comme le vrai fondateur de Montréal. Je me dois cependant ici de reprendre ce que Josée Lacoursière a déjà amené dans son blogue Fondation Mystique (ce site, le 2 juin 2012): ce par quoi Jérôme Le Royer se démarquerait de Jeanne Mance et de Paul Chomedey de Maisonneuve se situe au niveau de la fondation “mystique” de Ville-Marie. Dieu en a eu l’initiative, en inspirant sa fondation à Jérôme Le Royer; Jeanne Mance et Maisonneuve ont adhéré à ce projet en y collaborant étroitement et en le menant à bien sur le terrain. Pour ce qui est d’une reconnaissance plus générale de Jérôme Le Royer comme fondateur de Montréal, c’est déjà fait: plusieurs sources le consirèrent comme tel. Je vous invite à lire le commentaire de AMDG à Josée Lacoursière sur le blogue Momentum… Jeanne Mance cofondatrice de Montréal (ce site, 25 juin 2012).

  3. Josée Lacoursière dit :

    Voici un extrait de l’article de Lysiane Gagnon que j’aimerais commenter.
    «Nos édiles, sacrifiant à la correction politique, lui ont flanqué une «cofondatrice» en la personne de Jeanne Mance. Et voilà le modèle de Québec solidaire et de la CLASSE, avec leurs couples homme-femme comme porte-paroles, plaqué sur le XVIIe siècle!
    Christian Rioux du Devoir a dénoncé avec une indignation tout à fait justifiée cette décision fondée sur «une relecture anachronique de l’histoire», l’histoire étant ainsi «détournée à des fins purement idéologiques».
    Jeanne Mance était certes une femme admirable mais, comme Rioux l’explique fort bien, elle était l’équivalent du ministre des Finances et de la Santé de la nouvelle ville dont Maisonneuve était l’unique gouverneur, le seul investi du pouvoir royal.»

    Je suis d’accord avec la première partie de son article où elle s’indigne du fait de vouloir rayer de la carte un nom aussi fondamental que celui de Champlain.
    Mais pas du tout sur la seconde, que j’ai citée plus haut. Ce n’est pas une relecture anachronique de l’histoire que de nommer Jeanne Mance fondatrice de Montréal. L’histoire n’est pas toujours en «progrès» comme on pourrait le penser et il y eut dans le passé des événements fondateurs autrement plus riches et prometteurs que ce qu’on peut parfois vivre de nos jours. Le travail de collaboration de Maisonneuve et de Jeanne Mance en est un. En ce sens, cette collaboration inédite était en correspondance avec la richesse de l’inspiration de Jérôme le Royer concernant un «nouveau monde», et dépassait de beaucoup dans sa facture le simple partage des tâches, soit, «du dehors» pour Maisonneuve et «du dedans» pour Jeanne Mance. Je souhaiterais plutôt que l’on s’inspire de ce qu’ils ont vécu pour mieux cerner les relations hommes-femmes.
    Quant au modèle de la CLASSE et de Québec Solidaire, je suis d’accord avec Lysiane Gagnon, il s’agit plutôt d’un égalitarisme un peu plaqué, et effectivement idéologique, plutôt que d’une véritable complémentarité. Est-ce une aspiration?

    • Sherlock dit :

      Dans le contexte de la campagne électorale actuelle, on a fait le bilan du nombre de femmes qui se présentent comme candidates pour chacun des partis. Il semble que ce soit un point qui compte pour un gouvernement.
      http://www.radio-canada.ca/sujet/elections-quebec-2012/2012/08/20/019-femmes-candidates-revision.shtml
      À ce sujet, quelque chose dans votre réponse m’intrigue: « L’histoire n’est pas toujours en «progrès» comme on pourrait le penser et il y eut dans le passé des événements fondateurs autrement plus riches et prometteurs que ce qu’on peut parfois vivre de nos jours. Le travail de collaboration de Maisonneuve et de Jeanne Mance en est un. »
      Vous semblez référer à quelque chose de précis. Quelque chose qui pourrait inspirer nos futurs élus et élues?

  4. Christian Tessier dit :

    @ Sherlock

    Merci d’avoir attiré mon attention sur la chronique de Lysiane Gagnon, L’histoire réinventée, publiée le 23 juin 2012 sur le site de La Presse. D’abord, le choix du titre est problématique: «L’histoire réinventée», si cette histoire est réinventée, c’est qu’elle a d’abord été inventée, et si elle a été inventée, c’est que ce n’est plus de l’histoire, mais de la fiction. Aujourd’hui encore n’est-il pas juste d’attendre de nos historiens qu’ils relèvent dans leurs travaux des faits avérés, et non des «légendes». Ce titre de Lysiane Gagnon ne sème-t-il pas alors le doute?

    Comme Josée Lacoursière, qui a commenté l’article de Lysiane Gagnon sur ce site (9 août 2012), je suis d’accord avec le début: pourquoi vouloir se dissocier des fondations de la nation en nommant la structure qui remplacera le pont Champlain du nom de Maurice Richard? Montrons que nous tenons à nous souvenir de nos racines en conservant ce lien avec notre histoire! Il semble que cette rumeur ait fait suffisamment son chemin pour que le Ministre des transports Denis Lebel ait senti le besoin de la démentir dans un article paru sur le site de TVA Nouvelles, le 12 juillet (Nouveau pont Champlain: 100 millions $ pour une jetée temporaire, http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/montreal/archives/2012/07/20120712-170641.html)

    «Le ministre Lebel a souligné que le gouvernement travaille le plus rapidement possible sur ce dossier, mais aucun nouveau détail à propos de son apparence, du nombre de voies qu’il comportera ou de son nom a été dévoilé. Par ailleurs le ministre a nié la rumeur voulant que la structure soit baptisée en l’honneur de l’ancien joueur du Canadien de Montréal, Maurice Richard. « Nous ne sommes pas encore rendus à cette étape là » a lancé M. Lebel». Affaire à suivre avec intérêt!

    Dans le coeur de son article, Lysiane Gagnon fait allusion au «déboulonnage… d’un autre personnage majeur de notre histoire, le sieur de Maisonneuve, fondateur de Montréal.» Je ne suis pas du tout d’accord avec la thèse qui veut que la reconnaissance de Jeanne Mance à titre de fondatrice de Montréal mette en cause l’importance du rôle joué par Maisonneuve. Cette idée, lancée par Christian Rioux, et soutenue par Lysiane Gagnon me semble assez sérieuse pour que j’y consacre un prochain blogue sur le vrai déboulonnage de Paul de Chomedey de Maisonneuve.

    Quant à la dernière partie de son article, Lysiane Gagnon présente une série d’exemples à l’effet qu’il n’y a pas toujours une «grande» femme derrière chaque grand homme (et vice versa), dont la contribution est digne de mention. Je crois que cette observation est juste: il ne faut pas forcer l’histoire. S’il vous plaît, de la décence historique, et que tous exercent un tant soit peu de discernement là dessus!

    Christian Tessier

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