Ça y est, vous êtes prêt ! Vous avez annoncé votre visite à vos parents il y a trois jours, vous leur avez acheté un petit cadeau, vous avez lavé la voiture samedi après-midi et, au moment d’y prendre place le dimanche matin, vous constatez qu’elle penche d’un côté : une crevaison. Le mot de Cambronne vous effleure l’esprit. Vous vous hâtez d’installer la roue de secours sans salir vos beaux vêtements pendant que les rires amusés de vos enfants piquent un tantinet votre patience. Au bout de trois quarts d’heure de route, un grave accident sur l’autoroute vous oblige à un détour important; de plus en plus retardé, vous forcez la note juste assez pour qu’un policier vigilant vous colle une contravention.
Il y a de ces jours où tout semble concourir à notre malheur, où rien ne favorise l’accomplissement de nos projets. Ce scénario peut fort bien s’appliquer au pèlerinage. Différents contretemps peuvent survenir au départ comme au cours du voyage lui-même, mettant à l’épreuve la détermination du pèlerin. Il y a les petits et gros imprévus de la vie mais aussi ce qu’on appelle le combat intérieur.
Le pèlerin n’est cependant pas seul dans ce combat : les anges de Dieu sont là pour le soutenir. Vous trouvez que je déblatère? Ce n’est pourtant rien de nouveau, la Bible raconte plusieurs interventions des anges envoyés par Dieu pour contrer les dangers de la route. Ces dangers sont normaux, le pèlerin doit seulement maintenir le cap et ne pas s’en inquiéter outre mesure.
Le rôle des anges dans l’expérience pèlerine est plus large encore. Ils sont aussi, entre autres, des fabricants d’ambiance. La paix et le caractère priant des sanctuaires tiennent pour beaucoup à leur présence, qui fait foi de celle de Dieu. Qui aurait peur de cette présence ?
Étonnamment, ce genre de crainte existe; j’ai rencontré des gens qui hésitaient à faire un pèlerinage à cause d’elle. Peur de changer ? Peur de ne pas être exaucé ou même d’être exaucé ? Pour certains, il y aurait donc une autre forme de danger, celui d’errer, même sans but, dans un sanctuaire : « On ne sait jamais ce qui peut survenir », craignent-ils. En effet, bien des gens dont l’Histoire rapporte le témoignage, apparemment étrangers au lieu qu’ils visitaient, n’en ont pas moins vécu des chambardements intérieurs profonds, voire des conversions.
Mais, à tout choisir, n’est-il pas moins dangereux d’affronter l’ambiance d’un lieu de pèlerinage que de baigner dans bien d’autres?
Climat dangereux ou d’anges heureux…
Patrick Trottier