Il y a quelques années, je décidai avec quelques amis d’assister à une conférence intitulée « L’étoile des mages » qui se tenait au planétarium Dow de Montréal. En tant que croyant, je n’avais pas de grandes attentes, attendu que les méthodes de recherche scientifique tiennent rarement compte de la foi dans l’interprétation de leurs résultats.
L’exposé débuta avec cette entrée en matière : « Nous partirons du présupposé que ce qui est écrit dans l’évangile de Matthieu est vrai. » Je fis un signe d’intelligence à un ami, qui voulait dire : « Nous avons dû mal entendre. » De là, le conférencier astronome s’attacha à expliquer la configuration exceptionnelle du ciel de Judée au moment de la naissance de Jésus. Avec ses calculs par ordinateur, il savait que les mages avaient effectivement pu observer le croisement rarissime de certaines étoiles qui, vues de la Terre, se fondaient en une seule très brillante juste au-dessus de l’endroit où naissait le Christ. Ces étoiles portaient en outre des noms qui évoquaient la royauté ou d’autres qualités du nouveau-né. Et les explications défilaient, aussi probantes les unes que les autres.
Je sortis du planétarium tout impressionné. C’était le genre de démonstration qui fait passer l’athéisme pour un entêtement. Je ne voudrais pas vivre dans la peau d’un athée, cette position m’apparaît trop difficile à tenir. En tout cas, ma vision de la visite des mages était à jamais changée.
Ceux-ci, tout étrangers qu’ils étaient au peuple d’Israël, ont su reconnaître par des signes cosmiques que Dieu visitait le monde. Ils furent, avec les bergers d’Israël, les premiers pèlerins chrétiens. Ils furent nos pionniers; tous les autres pèlerinages chrétiens se firent dans la foulée de celui des mages, qui témoignent de l’universalité de l’impact de cette naissance.
Ils sont allés à Jésus, ils cherchaient un roi nouveau-né qu’ils trouvèrent entre les mains de Marie et de Joseph, les héritiers de la promesse. À l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal, les pèlerins vont à Joseph qu’ils trouvent en compagnie de Marie et de Jésus. Simple variante d’un même scénario.
Mais que se cache-t-il en Joseph ? Qui exactement les mages ont-ils rencontré près de Marie et Jésus ? Qui André Bessette a-t-il vu ? Ce bout-là de l’histoire ne sera jamais raconté au planétarium, mais il se lit dans le livre du coeur, là où peut germer la minuscule graine de la foi. Comme les mages, André Bessette a vu une lumière, celle de l’Esprit Saint qui lui a révélé qu’il y avait beaucoup à découvrir en Joseph, et il a œuvré pour que brille un sanctuaire, un point de repère, pour que les gens le trouvent.
En ce jour où nous le fêtons comme saint dans l’Église, son désir n’a pas changé, il veut que nous allions à Joseph. Comment ? Je pense qu’il préconisait surtout la prière confiante. Mais on peut aussi s’inspirer de nos pionniers qui sont allés le rencontrer… « Ah mais eux, ils ont pu lui parler et lui toucher ! » C’est vrai, mais pour cela ils se sont donné beaucoup de peine, un très long voyage parsemé de risques. La partie n’est pas plus aisée aujourd’hui. Mais pour eux comme pour nous, il suffit d’un peu de foi.
Patrick Trottier