Si Jean-Paul II a insisté pour remettre en vigueur, chez les catholiques, la prière à l’archange Michel composée par Léon XIII (« Joseph et l’Archange »), il a aussi marqué l’importance du charisme de protection exercé par Joseph auprès de l’Église en écrivant une exhortation apostolique dont le titre est justement « GARDIEN du Rédempteur » (15 août 1989). Dans cette exhortation, Jean-Paul II reprend la prière que Léon XIII avait introduite dans son encyclique sur Joseph, Quamquam pluries, une centaine d’années auparavant, le 15 août 1888.
Jean-Paul II écrit :
Je souhaite vivement que la présente évocation de la figure de Joseph renouvelle en nous aussi les accents de prière que mon prédécesseur, il y a un siècle, recommanda d’élever vers lui. Il est certain, en effet, que cette prière et la figure même de Joseph ont acquis un renouveau d’actualité pour l’Église de notre temps, en rapport avec le nouveau millénaire chrétien.
Qui a-t-il dans ce nouveau millénaire qui appelle d’urgence la protection puissante de Joseph auprès de l’Église ? Jean-Paul II évoque, entre autres motifs :
pour la défendre contre les dangers sans cesse renaissants mais aussi et surtout pour la soutenir dans ses efforts redoublés d’évangélisation du monde et de nouvelle évangélisation des pays et des nations où la religion et la vie chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes et qui sont maintenant mises à dure épreuve.
Vers la fin de sa vie, Jean-Paul II a posé un geste très significatif envers Joseph, presque identique à celui de Jean XXIII lors de l’ouverture du Concile Vatican II (« Joseph et une Église ouverte »). Il a offert, le 19 mars 2004, son anneau papal à Joseph, représenté dans le tableau des carmes de Wadovice, sa ville natale.
N’aurions-nous pas, personnellement, à poser quelque geste à l’endroit de Joseph non seulement pour nous-même mais « pour nos concitoyens et concitoyennes », selon cette expression si chère aux personnalités politiques ?
On peut dire qu’André Bessette a posé le sien sur le Mont-Royal…
Francine D. Pelletier
Demain : « Joseph et le Prince »
Je suis un parfait produit de mon époque. Peu d’attrait pour la hiérarchie (il en faut un peu pour que les choses fonctionnent), individualiste, ambitieuse, désabusée du politique (que ce soit de l’État, de l’Église, de mon pays ou d’un autre, vous savez… ). Nier ces influences ne serait pas honnête.
Pourtant, malgré mes jeunes 30 ans, je suis catholique pratiquante et j’aime aller à l’Oratoire Saint-Joseph. Paradoxal? Bizarre? J’en conviens. Un retour du balancier après les désillusions post-révolutionnaires des années soixante? Pourquoi pas. En fait, je vous le dis tout de suite, c’est ma grand-mère Noëlla qui de son vivant, et même après sa mort j’en suis sûre, a prié pour moi afin que je garde la foi catholique. Elle guète, elle garde.
Plusieurs de vos blogues mettent en lumière Joseph comme gardien. Cette perspective m’a particulièrement fait réfléchir. Et votre question d’aujourd’hui me parle beaucoup: « qu’est-ce qui appelle d’urgence la protection puissante de Joseph? »
J’ai cru comprendre que vous écoutez des flash point (Joseph et gouvernement). Moi aussi, et j’adore. Justement aujourd’hui, j’ai écouté une émission où l’escouade se retrouve, au moment de faire feu, devant un dilemme moral (en fait comme à chaque émission…). Et un membre de l’équipe de répondre: « nous sommes des policiers, pas des juges ». Je traduis dans mes mots: « on m’a confié une mission, et je suis là pour l’accomplir, et non pour usurper le pouvoir de d’autres personnes et redéfinir les règles à ma façon ». J’ai tout de suite pensé à Saint-Joseph. Je me suis dit: voilà pourquoi Dieu a choisi Joseph comme gardien, et particulièrement de nos jours.
Après avoir été frappé de plein fouet par les révolutions modernes qui cherchaient, par un moyen ou par un autre, à remplacer la suprématie divine par un autre pouvoir, nous voilà aujourd’hui en plein post-modernisme où chacun se doit de redéfinir, en sa conscience personnelle, la morale au grand complet. Joseph, lui, ne joue pas ce jeu-là. Il est venu accomplir sa mission. Et il n’a aucun complexe en lien avec la suprématie de Dieu.
Et effectivement je suis très intéressée à en savoir plus sur l’héritage familial de Joseph, car comme je le disais plus haut, ça nous forme d’une façon ou d’une autre.
@Hélèna
Aurions-nous des atomes crochus? En tout cas, si vous n’affectionnez pas l’angle politique comme moi, vous y référez avec aisance.
Je constate que, s’il existe beaucoup de désillusion chez vos «jeunes trente ans» en regard des révolutions successives, cela ne vous empêche pas de poser un regard neuf sur Joseph et de découvrir des aspects inédits de sa personnalité.
Entre autres choses que je retiens : Joseph «n’a aucun complexe en lien avec la suprématie de Dieu». C’est plein de sens et d’implications. Ah, si vous pouviez nous en dire davantage…