Dans la suite de mon blogue d’hier « Joseph et une Église ouverte », je voudrais évoquer d’autres circonstances liées au Concile Vatican II qui méritent, selon moi, que l’on s’y attarde. Elles permettent d’établir une conjonction entre Joseph et l’archange Michel en ce qui concerne la défense de l’Église.
Jean XXIII avait mis le Concile qu’il avait convoqué sous la protection de Joseph, en 1962. Il est décédé l’année suivante. Le pape suivant, Paul VI, ouvre la seconde session du Concile, le 29 septembre 1963, jour de la fête de l’archange Michel. Paul VI commence son discours d’ouverture en mettant cette partie du Concile sous la protection de l’Archange en tant que « défenseur du peuple chrétien ». Pourquoi Michel ?
Il est de notoriété publique que le 13 octobre 1884, à la fin de la messe, le pape Léon XIII aurait eu une vision terrifiante concernant l’Église. Profondément troublé, il s’est empressé de composer une prière spéciale à l’archange Michel et il a ordonné que cette prière soit récitée à la fin de chaque célébration eucharistique. Cette directive est restée en vigueur durant 110 ans, jusqu’à ce que l’Instruction Inter oecumenici (n° 48, § j) décrète que les prières de Léon XIII étaient supprimées, le 26 septembre 1964. En 1994, Jean-Paul II insistera pour que les catholiques la récitent à nouveau.
Résumons. Jean XXIII introduit Joseph dans le canon de la messe en 1962, on l’en retire en 1969. En 1884, Léon XIII ordonne que l’on prie Michel après chaque messe, et, en 1963, Paul VI met la seconde session du Concile Vatican II sous sa protection; par contre, l’année suivante, en plein Concile, on retire la prière de Léon XIII récitée après la messe, mais Jean-Paul II la remet à l’ordre du jour, trente ans plus tard.
Quel est l’enjeu de cette partie de bras de fer ?
Francine D. Pelletier
L’enjeu? J’avoue qu’il me dépasse et nous dépasse peut-être tous. C’est probablement pour cela que les personnes qui voient plus clair (ici des Papes) font appel à des ressources d’un autre ordre (les saints, les Anges). Je me répète ces paroles de Jésus: « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Notre travail de chrétiens, chrétiennes est sans doute lui aussi d’un autre monde, un monde où il est question d’éternité, de salut.
@Gaby
Je suis portée à penser que l’enjeu est une sorte de conjonction: le salut du monde et le règne de Dieu. Les deux sont intimement liés. La terre a besoin du ciel et le royaume des cieux est déjà parmi nous. Il est en travail et les voies empruntées me dépassent en effet. Par ailleurs, ce que j’ai découvert sur certains papes à l’occasion de mes derniers blogues m’a fait réfléchir sur le charisme attaché à leur responsabilité et je rejoins votre remarque à l’effet qu’ils « voient plus clair ».
Pie IX, Léon XIII, Jean XXIII et Jean-Paul Il, sont des papes très différents. Quelqu’un pourrait même penser que leurs approches de la doctrine de l’Église s’opposent sur certains points. Par exemple, sur l’aspect politique, l’un est dit conservateur, l’autre libéral, un autre socialiste chrétien. Pourtant, ils ont tous manifesté une affinité singulière avec Joseph comme protecteur de l’Église, certains au point de lui remettre symboliquement l’anneau papal, appelé aussi «anneau du pêcheur», c’est-à-dire l’anneau de Pierre, chef des apôtres. Les papes ne sont-ils pas investis de la responsabilité de «garder les brebis»? Donc, ne sont-ils pas fondamentalement des «gardiens» ayant en ce monde le bon réflexe au bon moment, c’est-à-dire dans les moments critiques? Ils voient alors plus clair…