N’oublions pas de respirer

Je ne vous ai pas encore dit que je suis des cours de chant. C’est bien vrai. Oui, je vous comprends, il est dommage que vous ne puissiez m’entendre… Je constate que cette activité apporte un bienfait qui dépasse le chant lui-même.

Une fois, pendant un cours, ma professeure m’accompagnait au piano. Je chantais de mon mieux en me concentrant pour appliquer correctement les diverses techniques qu’elle m’enseignait. Le piano se tait soudainement, elle me regarde de travers et me dit: « Il faudrait PEUT-ÊTRE que tu penses à respirer quelque part…».

J’avais oublié de respirer ! Détail. Pendant les semaines qui suivirent, un seul exercice pour moi : apprendre à respirer. À toute heure du jour, au travail, aux repas, en voiture, développer une respiration adéquate. Une bonne respiration est essentielle au chant, la voix est à la fois un instrument à vent et à cordes. J’ai pris conscience que j’avais la respiration courte, ce qui m’amène à ressentir plus rapidement la fatigue. En allongeant ma respiration, et en la calmant, j’augmente mes propres ressources et me fatigue moins vite, au travail comme dans le chant.

Vous connaissez l’expression « respirer par le nez », nous la disons souvent plaisamment, mais elle porte un fond de vérité : en respirant par le nez, nous nous forçons à respirer plus profondément, ce qui a un effet calmant. Dans l’énervement, la respiration devient haletante et surtout buccale.

Prendre le temps de respirer, cela peut vouloir dire ne pas perdre de vue, à tout moment, les orientations profondes de notre vie. Pour André Bessette, cela voulait dire passer un temps à la chapelle, prendre des nouvelles d’une connaissance qu’il rencontrait ou, inversement, éviter une conversation qu’il sentait trop légère, qui aurait « souillé son air respirable » (dixit).

J’oublie souvent de respirer, c’est-à-dire d’orienter mes actions D’ABORD en fonction de ce qui apporte du bon air à ma vie, de ce qui me fait vraiment RESPIRER. Il y a le travail à considérer, bien sûr, et le ménage et tout le reste qui doit être fait, mais il y a surtout ceux avec qui je vis et ce pourquoi je vis avec eux.

J’aime penser à Joseph et sa famille sous ce rapport. Il exerçait son métier de charpentier en vue de leur subsistance, mais il devait surtout protéger l’enfant et sa mère. Son rapport avec eux nécessitait une qualité de présence : attentionnée, calme, avertie, active sans être activiste, axée sur le projet de Dieu et non sur les bénéfices de son atelier.

Dans notre société, où plusieurs d’entre nous vivent un « stress » à couper le souffle, nous avons un besoin urgent de prendre du bon air, celui qui nous fera vraiment respirer.

C’est peut-être cela, le second souffle.

Patrick Trottier

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