Merci, s’il vous plaît !

Un de nos bovins avait connu des complications après avoir été décorné : l’hémorragie ne voulait pas cesser et j’avais dû faire venir la vétérinaire en pleine nuit. Ça n’avait pas été de la tarte, il fallait avoir le coeur solide pour endurer la vue de tout ce sang.

Avant que la vétérinaire ne parte, en considération de son dérangement à une heure tardive, je lui donnai un pot de miel. Surprise, contente mais n’osant pas trop l’exprimer, elle me dit : « C’est mon travail ». C’était égal, je trouvais qu’elle méritait mon petit cadeau.

Le 29 juillet dernier à la radio de la SRC, Patrick Masbourian, ayant reçu des remerciements dans le cadre de son émission, avait répondu : « Vous n’avez pas à me remercier, je ne fais que mon travail ».

JE LE SAIS que vous faites votre travail, pardi ! Mais oui, Masbourian est un peu pédant et il aime s’entendre parler, mais quand même, j’aime bien ce qu’il fait moi aussi et il me fait plaisir de le lui dire. Voulez-vous bien me laisser vous remercier, s’il vous plaît ? Dites-moi donc quelle contradiction il y a entre le travail que vous faites et l’appréciation qu’on peut en avoir ? Si seulement c’était des compliments… ce ne sont pas des compliments, ce ne sont que des marques d’appréciation pour un service rendu.

Ce n’est pas parce qu’on vous paie pour vos services que vous ne méritez pas de gratitude. Bien, sûr, le salarié a le devoir d’offrir un certain rendement, d’apporter un résultat, mais cela regarde son employeur et lui-même. Pour le bénéficiaire de ces services ou de ces produits, même s’il paie pour les obtenir, s’il en retire satisfaction et contentement, pourquoi devrait-il s’empêcher d’en témoigner ? Je crois qu’il n’est que justice de la faire.

Tout récemment, un monsieur de Québec nous a envoyé une carte postale pour nous remercier : il avait trouvé notre miel excellent. Rien ne l’obligeait à nous écrire, mais son témoignage nous a fait chaud au coeur.

Quand André Bessette obtenait un miracle grâce à Joseph (car il ne s’attribuait jamais le mérite d’une guérison), il ne refusait pas la reconnaissance des gens, mais la dirigeait toujours vers Joseph. Je n’aime cependant pas qu’il ait dit de lui-même : « Je suis le petit chien de saint Joseph ». Si Joseph avait voulu d’un chien, il s’en serait choisi un parmi les centaines qu’il y avait à Montréal. Non, André Bessette était un apôtre de Joseph, pas son chien.

J’en vois qui s’agitent en disant : mais Jésus a dit « quand vous aurez fait ce qu’on vous a demandé, pensez que vous êtes des serviteurs quelconques, que vous n’avez fait que votre travail ». Oui, mais il a aussi reproché à neuf des dix lépreux qu’il avait guéris de n’être pas revenus pour manifester leur reconnaissance à Dieu.

La personne qui rend un service n’est pas une machine.

Patrick Trottier