Dieu semble se plaire aux dimensions cachées. Ou encore, ces dimensions sont cachées à nos yeux parce que ceux-ci sont incapables de voir la réelle réalité, la vraie vérité. L’univers est rempli de réalités et de vérités que nous ne voyons pas. La Provence. Pourquoi est-il caché que les amis intimes de Jésus s’y sont rendus? Pourquoi est-il caché que Iosseph et Maryam y sont apparu sur les mêmes sommets? Pourquoi est-il caché que Ieschoua est né, caché, dans la ville de la prophétie, Bethlehem?
Oh! Mystère des noms. Il y a un autre Saint de Provence, au moins de nom, qui marque son histoire à sa façon. Fils du comte Jean-Marc de Saint-Exupéry et frère de Marie-Madeleine du même nom, il meurt en service commandé au large de Marseille. C’est lui qui a écrit ces mots qui remontent souvent en mon esprit, ces mots du renard au petit Prince: « Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » C’est ainsi que Saint-Exupéry joue en contrepoint à Victor Hugo qui a bien compris le lourd fardeau de l’Oeil, surtout si c’est celui de Dieu qui nous regarde. En effet, qui voit est vu. Nos yeux sont donc aveugles pour que nous ne voyions pas que Dieu nous voit car nous pensons que Dieu nous regarde avec notre regard aveugle et mensonger.
Gerry Boulet chante:
«Aujourd’hui je vois la vie avec les yeux du coeur. Je suis plus sensible à l’invisible. À tout ce qu’il y a l’intérieur. Aujourd’hui je vois la vie avec les yeux du coeur.»
Les yeux du coeur ce sont les yeux de la foi. Plus nous les ouvrons plus nous espérons et aimons. Nathanaël se demande: « Que peut-il y avoir de bon qui sorte de Nazareth? » Ce qu’il voit, c’est Ieschoua que Philippe affirme être de Nazareth. À ses yeux il aurait fallu que Ieschoua soit de Bethlehem pour être le messie annoncé. Mais Ieschoua, lui, l’a vu sous le figuier et il le connaît: « Voici vraiment un Israélite sans détour. » Ieschoua a vu Nathanaël qui aime la vérité vraie. Nathanaël est libéré parce qu’il a été vu en vérité et il proclame cette vérité, source de toute espérance et de tout amour: « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël. » Ieschoua lui répondit: « Parce que je t’ai dit: « Je t’ai vu sous le figuier », tu crois! Tu verras mieux encore. Et il lui dit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » Ne craignons donc pas d’être vu par Dieu car il voit sans mensonge, Il voit dans la vraie vérité. Et ainsi les mystères se révèlent, nos yeux se dessillent. La Provence est un de ces mystères. Le ciel est peut-être ouvert au-dessus de Cotignac. Un petit point dans l’espace ouvert sur l’immensité. Mais en attendant de tout voir, espérons, car un jour nous verrons. De nos yeux, un jour, nous verrons.
Jean-Marc Rufiange