Que pensez-vous de ces quatre citations à propos de Jeanne Mance?
- «Mais, au reste, ils [La Dauversière et Fancamp] avaient besoin […] d’une femme de vertu assez héroïque et de résolution assez mâle pour venir en ce pays» (Dollier de Casson, 1672-1674)
- Pour lui [Hervieux, 1909] Jeanne Mance «savait accomplir des actes de courage et d’endurance qui semblaient au-dessus des forces d’une faible femme»
- «[…] plusieurs femmes découvriront en elle une femme très féminine, audacieuse en même temps que forte et virile» (une religieuse hospitalière, 1991)
- «Maisonneuve est impuissant à sauver Montréal. Loin de se laisser abattre, Jeanne Mance, dont l’âme est aussi virile que son corps semble frêle …» (Marie Mondoux, religieuse hospitalière de l’Hôtel-Dieu, 1948)
Ces citations sont rapportées par l’historien Jacques Lacoursière (2012). Lacoursière dresse un tableau convainquant sur Jeanne Mance dans le but de faire reconnaître son titre de fondatrice de la ville. Certains documents référés ont recours à l’emploi des mots «mâle», «viril», «faible femme», «corps frêle»… Doit-on nécessairement définir cette femme forte par un qualificatif masculin, celui de la «virilité». Cela me questionne.
Le langage polarisant que nous utilisons pour les hommes et les femmes nous restreint. De fait, ou bien il nous fait voir la femme remplacer un homme, ou bien il nous fait voir l’homme remplacer une femme. Vous avez des exemples à apporter pour ce dernier commentaire?
En ce qui concernait Jeanne Mance, celle-ci rassemblait plusieurs qualités: résolue, intelligente, énergique, compétente, magnanime, sage, femme de tête, de coeur et de bon conseil, pleine de sens pratique, réaliste, les deux pieds sur terre, courageuse, héroïque, enthousiaste, femme de foi et d’endurance… N’est-ce pas assez pour lui mériter le titre de fondatrice ou faut-il ajouter le mot «viril» à la liste?
Nous n’en finissions plus de vouloir définir l’homme ou la femme…
Lorsque nous entrons dans l’histoire, plusieurs femmes se sont pourtant démarquées comme Jeanne Mance. Pensons à mère Thérèsa, Marie Curie, Édith Cavell, Jeanne d’Arc, Thérèse d’Avila, Margaret Thatcher… Certes, elles sont reconnues mais lorsque nous pensons féminin, nous éprouvons de la gêne. Pourquoi?
Je crois que nos stéréotypes nous empêchent de regarder l’être humain dans sa globalité. La femme peut avoir toutes les qualités requises pour être au gouvernement. Je ne dis pas qu’elle doit les avoir! L’homme peut avoir toutes les qualités requises pour assumer un rôle plus secondaire de soutien mais non moins important. Je ne dis pas qu’il doit être en second. Enfin, je suis parfois exaspérée de ces modèles «virils» ou «faibles» qui donnent accès ou non au gouvernement. Ce sont des modèles sexistes. La générosité et le don de soi n’ont rien à voir avec ces modèles.
Malgré quelques écarts de langages (rapportés comme tel de l’histoire) Jacques Lacoursière a bien amené dans son rapport final du 5 mars 2012 intitulé Jeanne Mance et la fondation de Montréal» la contribution de celle-ci à la fondation.
Une de ses sources (Guy-Marie Oury) mentionne : «De 1641 à sa mort en 1673, Jeanne Mance a mis au service de la colonie de Montréal sa compétence et ses talents naturels, comme ses dons surnaturels. Elle a été l’intendante de la colonie à ses débuts, la créatrice et l’administratrice de l’Hôtel-Dieu, la conseillère de Maisonneuve, l’initiatrice de nombreuses décisions qui ont permis à la colonie d’assurer sa survie et son développement (1649-1651-1653), la femme de tête et de cœur à qui chacun recourait dans les difficultés.»
Elle rassemblait donc toutes les qualités d’un être humain, nécessaires à la bonne marche de l’entreprise.
Colombe LeRoy
Mme Le Roy
J’ai lu votre article et en ce qui me concerne ce que je vois en Jeanne-Mance c’est de la ferveur, de la détermination et une confiance absolue en Dieu et en son projet.
Que vous soyez homme ou femme, lorsque vous possédez ces vertus ( si je peux les nommer ainsi), vertus de force, de courage, ou d’endurance, vous dépassez toutes les limites humaine que ce soit chez l’homme ou la femme. Malheureusement l’homme et la femme sont en compétition, et le langage s’en ressent. On pourrait plutôt dire Jeanne-Mance était une femme forte de l’évangile d’aujourd’hui.
M » Marchand