Aimez-vous jouer aux cartes? Je connais des gens qui peuvent jouer des heures entières… De mon côté, je m’y intéresse à l’occasion, en vacances. J’ai découvert récemment, qu’au Moyen Âge, on avait attribué aux cartes à jouer de vrais personnages historiques. Et savez-vous qui est la dame de cœur? C’est Judith, l’héroïne biblique, femme d’audace, qui sauva son peuple au péril de sa vie.
De l’audace, Jeanne Mance n’en manquait pas. Il paraissait si insensé de s’installer sur l’île de Montréal, qu’on voulut retenir les montréalistes à Québec. Il fallait un courage et une détermination inouïe pour braver dangers et intempéries et pour fonder un hôpital dans une ville qui n’existait pas encore.
Courage vient du mot cœur.
Du cœur, il en fallait pour venir de si loin offrir la gratuité complète des soins de santé et la gratuité scolaire aux populations amérindiennes. Gratuité… Tiens! Tiens!… Nos étudiants auraient-ils ce courage?
Jeanne Mance rédige elle-même son testament, léguant son cœur aux Montréalais. Il est possible d’en lire l’Acte officiel, conservé aux archives de Montréal.
Son cœur fut déposé dans la chapelle du couvent de l’Hôtel-Dieu, qui servait alors d’église paroissiale. Malheureusement, un incendie détruisit cette chapelle, en 1695 et on ne trouve plus de trace du cœur de Jeanne Mance. Mais elle veille toujours sur Montréal.
Voici un texte qui lève le voile sur ce qui habite son cœur:
«Les grâces que Dieu me fait m’obligent à me rendre plus fidèlement attachée à son bon plaisir. Il n’y a rien au monde que je ne fasse pour accomplir cette divine et tout adorable volonté, qui est le seul désir et amour de mon coeur. C’est là toute ma passion; ce sont là toutes mes affections, c’est mon seul amour…»
(Extrait d’une lettre de Jeanne Mance adressée au Père Saint-Jure).
Comme Judith de la Bible, elle savait persuader pour la bonne cause. Elle insista pour que soient écrits les Véritables Motifs, puis s’en servit pour vanter le projet de Montréal dans les hauts salons parisiens. Elle y obtint des appuis financiers décisifs.
Nous avons notre Dame de cœur à Montréal, notre Judith nationale.
Qui n’a pas besoin de courage pour vivre. De nos jours, il faut même un certain courage pour simplement affirmer que l’on croit en Dieu car il a en général plutôt mauvaise presse.
Dommage, car il sert du si bon vin… Enfin, la Dame de cœur, pour les Montréalais, QUEL ATOUT!
A lire sur le sujet: Montréal au féminin par Hélène-Andrée Bizier, 1er mai 1992.
La Dame de cœur, pour les Montréalais, quel atout! Bien dit…
Je me demande quelle carte il faudra jouer pour règler les conflits actuels à Montréal…
On aurait bien besoin de la sagesse d’une Jeanne Mance…