J’ai un de mes collègues qui se fait traiter de CON parce qu’il gagne sa vie d’arrache-pied, comme on dit. En effet, sa fille de dix-sept ans lui donne du fil à retordre en lui faisant sentir qu’il est bien fou de travailler des heures et des heures et de ne pas profiter de la vie au maximum.
Nous retrouvons cette nouvelle génération qui semble vivre à crédit et aux crochets de leurs parents. Ils n’hésitent pas à faire des voyages internationaux à même le budget du père ou de la mère, de se promener parfois en véhicule motorisé payé, excusez-moi, par les mêmes personnes, à se munir de cellulaires, d’ordinateurs high-tech et de iPods dernier cri. Ce qui fait déborder la goutte du verre, c’est qu’ils accusent parfois les parents de ne pas être de bons parents. Et encore, ces derniers sont obligés par la loi, en autant que leurs enfants sont encore aux études, de leur procurer logis et nourriture.
Gagner son pain à la sueur du front… des autres ne semble pas gêner la nouvelle génération. Pourquoi ? Sans jeter la pierre à une génération irresponsable, tout en critiquant leur manière d’agir, il serait bien de saisir ici le contexte et les valeurs dans lesquelles les ados d’aujourd’hui ont grandi.
Avant les années 60, il fallait travailler fort pour subvenir aux besoins de familles nombreuses et la vie familiale était prioritaire. Le coût de la vie n’était cependant pas aussi élevé que maintenant. Il y avait donc malgré tout un certain équilibre. L’argent gagné était d’une grande valeur, pour la survie bien souvent. Après cette période, les baby boomers (qui sont maintenant les grands-parents de ces jeunes) se sont investis au niveau du travail et moins au niveau de leur famille. Les parents ont donc pu bénéficier de meilleures conditions financières, léguant à la jeune génération d’aujourd’hui une plus grande aisance matérielle. Les jeunes ont appris à consommer, sans avoir à gagner de l’argent, et se sont habitués à l’absentéisme de leurs parents.
Nous en payons actuellement le prix. On a donné aux jeunes l’occasion de fuir vers un ailleurs, parfois loin du foyer, ou de rester à domicile durant l’absence des parents qui travaillent à l’extérieur. Tout en profitant du système qui les avantage au niveau matériel, le travail n’apparaît pas pour eux primordial. Ils ne connaissent pas vraiment la valeur de l’argent; ils achètent et ils jettent après utilisation, dès l’arrivée de nouveaux « gadgets » sur le marché.
La vie n’est cependant pas terminée pour eux. Les jeunes qui réclament des postes rémunérateurs dès leur entrée sur le marché du travail doivent s’adapter rapidement aux règles du jeu. Comme on dit souvent : « Si tu manges ton pain blanc quand tu es jeune, tu mangeras ton pain noir quand tu seras grand ».
Ce ne sera pas facile pour cette génération. Par les temps qui courent, auront-ils droit aux fonds de retraite ?
Le travail comporte toujours une souffrance, une discipline…
Colombe LeRoy
Demain : « C’est l’enfer ! »