«Elle découvre que son fils a 150 frères et sœurs!», titraient certains médias, cette semaine. Le journal français Le Figaro y consacre un bon article (http://www.lefigaro.fr/sante/2011/09/06/01004-20110906ARTFIG00571-l-incroyable-descendance-des-donneurs-de-sperme-aux-usa.php, le lien n’existe plus). Que peut-on ressentir en découvrant qu’on a été conçu par insémination artificielle et qu’on a de multiples demi-frères et demi-sœurs dispersés ici et là, ou habitant tout près de chez soi, qui sait?
J’imagine que plusieurs, comme moi, ont été stupéfaits voire bouleversés en apprenant que ce genre de situation existait désormais. Malgré cela, la nouvelle n’a pas eu un grand retentissement au Québec. Je me suis alors souvenu de ce que disait une amie récemment. Un collègue originaire d’un autre pays lui avait lancé: «Vous, les Québécois, vous laissez tout passer!»
Dans le contexte du 10e anniversaire de l’attentat du 11 septembre 2001, on peut penser à nos frontières que les Américains jugent encore trop poreuses pour pouvoir empêcher les éventuels terroristes de passer. Mais il existe d’autres frontières dont la porosité est tout aussi problématique. On entend souvent parler de ce qu’on appelle des «choix de société». Basés sur un présumé consensus social, ils me paraissent plutôt résulter d’un «laisser-passer-sans-rien dire». Qui ne dit mot consent, c’est bien connu.
À l’automne 2008, le gouvernement du Québec s’est engagé à payer les frais liés aux démarches en procréation assistée bien que cette pratique comporte des zones grises. Elle ne concerne pas seulement ceux qui y ont recours, elle a des incidences multiples, psychosociales et autres.
A-t-on eu recours à des tables de concertation réunissant divers spécialistes et intervenants pour en débattre? S’est-on interrogé sur les conséquences d’une commercialisation des gamètes (spermatozoïdes et ovules)? Si cela a été fait, ce fut très discrètement. Certains lobbies ont sans doute réussi à faire valoir les arguments des personnes qui étaient en faveur de la procréation assistée. En tout cas, mise pratiquement devant le fait accompli, la population en général a laissé passer sans rien dire…
Pourtant, pratiquer des interventions sur la genèse des individus indépendamment des liens naturels qui fondent le mariage et la famille implique une conception de la procréation qui transforme la définition même de ce qu’est la parentalité, la filiation, la famille et, par conséquent, un peuple.
A-t-on exigé une Commission, revendiqué des États généraux sur cet enjeu qui touche aux fondements de notre société? Non. Le processus une fois enclenché, on continue de laisser passer sans rien dire…
Pourquoi cette inertie, ce mutisme chez les Québécois?
Francine D. Pelletier
Dès la première ligne de votre texte, j’ai eu en tête le titre du dernier film de Ken Scott avec Patrick Huard: « Starbuck ».
Si ce film traite justement de ce sujet de façon très ouverte, pour moi, dans mon entourage, c’est un sujet très « touché ». La ligne est effectivement pas mal grise et c’est difficile de s’exprimer sur ce sujet car il y a tellement de situations complexes de nos jours.
Entoucas, j’ai vu récemment quelques couples défiler devant moi tandis que j’attendais à une clinique et j’ai compris qu’ils étaient là pour les traitements de fertilité. Ce n’est pas sur tous les visages que j’ai vu le bonheur, l’espérance d’avoir un enfant. Il y avait plusieurs blessures profondes qui se lisaient dans leurs yeux. C’est bizarre, en même temps que certains veulent à tout prix avoir un enfant (de toutes les façons possibles, souvent au moment approprié), il y en a des milliers qui sont « jetés » aux poubelles. J’nous comprends plus des fois!