Sainte Anne, d’un océan à l’autre

L’océan me fait peur. La première (et la dernière) fois que j’ai  pris l’avion, j’ai survolé l’Atlantique; l’immensité de cette nappe aqueuse, qu’on dirait inanimée de si haut, frappe l’imagination: pendant des heures, pas un pouce carré de terre ferme pour y déposer le gros orteil, et si jamais… «Euh… Mademoiselle, arrivons-nous bientôt à destination?»

Au-dessus de l’océan, j’ai pris conscience de ma petitesse et de ma vulnérabilité. J’ai pensé à tous ces marins qui, depuis des siècles, exposent quotidiennement leur vie au tumulte des flots, travaillant sur des radeaux plus ou moins volumineux ou sophistiqués, mais qui n’en imposent pas plus à la mer qu’un microbe dans une piscine. Les marins savent sur quelle puissance impétueuse ils naviguent, et ils la respectent, comme une personne même. L’océan abhorre la bravade, et il méprise ceux qui ont l’outrecuidance de fanfaronner sur ses eaux.

Bien conscients de ne rien pouvoir par eux-mêmes contre les dangers de l’océan, nos ancêtres marins avaient la sagesse et le bon sens de recourir à plus puissant que lui pour leur protection; en l’occurrence, ils priaient sainte Anne de les garder sains et saufs, avec un succès maintes fois démontré. Le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré est né de la reconnaissance des marins à l’égard de leur protectrice.

À ma connaissance, le dernier témoignage médiatisé à l’égard de sainte Anne reste celui de Jacques Demers, l’ancien entraîneur de hockey. On se souviendra de sa visite à Sainte-Anne-de-Beaupré lors des séries éliminatoires de 1993, alors que les Canadiens de Montréal tiraient de l’arrière, deux parties à zéro, contre les Nordiques de Québec. Il s’est toujours défendu d’avoir effectué son pèlerinage pour obtenir la victoire. En voilà un qui ne se prend pas pour un autre malgré une coupe Stanley et une fonction de sénateur: il sait qu’il n’en a pas les moyens; il sait surtout que sainte Anne peut agir. Il l’a encore remerciée publiquement l’an  dernier d’avoir veillé sur lui quand il a passé près de mourir à cause d’une erreur médicale. Jacques Demers a un cœur de marin quand il s’agit de naviguer sur l’océan de la vie.

Aujourd’hui, que pouvons-nous attendre de sainte Anne, collectivement? Les marins l’imploraient contre les périls des mers. Mais il y a l’océan de notre société actuelle sur lequel nous naviguons tous et qui comporte lui aussi ses périls. Ils peuvent être plus sournois, plus dangereux, quand ils menacent nos racines et nos valeurs chrétiennes. En y regardant bien, le foisonnement des idées indifférentes ou hostiles à la foi soulève bien des vagues qui peuvent nous faire perdre nos balises.

Sainte Anne, patronne de la province de Québec, veille sur nous.

Patrick Trottier

 

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