Comme le temps passe vite, on va de la Vigile pascale à l’Octave pascale en un seul souffle, on dirait.
Ceux qui m’ont fait l’honneur de lire le texte que je répandais dans le cyberespace à l’occasion du Vendredi saint (Eh, les amis!… La croix est revenue!) se souviennent peut-être que je m’étais engagée à mettre sur le linteau de ma porte une petite croix. Chose accomplie!
Mais après…
Ma résidence étant située à mille pieds de la route principale, ce n’est pas trop engageant ni percutant de signer ma porte d’une croix à cette distance. Alors, me dis-je, je dois signer aussi le montant de ma barrière qui, incidemment, est toujours cadenassée. Car ne passe pas qui veut, il faut s’annoncer; je vous l’ai dit, j’ai un chien.
J’installai donc une autre petite croix à cet endroit.
Le Samedi saint vers midi, en passant la barrière vers la route principale, je dis à mon compagnon de route: «Cette petite croix nous protégera sur tous les plans de l’existence» (j’exprimais cela avec une conviction il est vrai mitigée car je partage quand même un peu le scepticisme de la société dans laquelle je m’inscris). Puis, je lançai un «ALLELUIA» prématuré.
Oui, prématuré en effet. Quelques heures plus tard, revenant chez-moi et, de très loin, je vis quelque chose d’anormal que j’indiquai à mon compagnon: «Ma foi, notre grand sapin qui se dresse depuis des générations à quelques pas de la barrière est tombé, ou j’hallucine!». Plus on approchait plus l’idée de l’hallucination s’estompait. Là, parfaitement parallèle à la barrière et en travers du chemin d’entrée, notre immense sapin avait été abattu par le vent! Impossible de rentrer à la maison. Étrange hasard, pensai-je. Le hasard a des façons de faire les choses qu’à la fin, on croirait qu’il ne s’appelle plus hasard.
Comme par hasard donc, le coup de vent puissant qui avait exprimé sa volonté de la sorte me fit penser à un autre coup de vent qui secouât mes facultés supérieures, un autre Vendredi saint, un peu avant trois heures de l’après-midi, sous forme d’une espèce de poème que je signai: «La biche au Vent». Je me dis alors que le hasard voulait peut-être que je vous écrive de nouveau dans la foulée de Pâques pour le partager avec vous.
Chanson d’Amour, au Verbe incarné…
… Sur le Golgotha, ce Vendredi-là, plus de Crucifié, plus de Croix…
que le Verbe divin fait chair se soumettant dès le printemps
au Principe émanant.
Dans le ciel, défiant, un Soleil rugissant, c’est Satan
dans sa révolte : dans celle des anges, dans celle de la Genèse,
dans celle de tous les temps.
Alors mon être chétif frémissant, repentant, se mit à l’affût
du moindre vent…
qui ferait fléchir un instant ma volonté, au gré du Verbe incarné,
pour effacer de la terre ce ciel de sang.
Le Verbe alors, dans un dernier élan, me créa Fils de Marie
sur-le-champ.
Épouvante… au lieu de se calmer, la clameur redoubla sur le Golgotha…
D’une lance, mille lances, le «NON» à venir au «NON» passé
s’ajoutant.
J’inclinai… dolemment… mon être tout entier consentant,
qu’il n’en finisse plus de devenir Fils de Marie tendrement
pour assouvir le Verbe aimant, qui finissait de mourir librement.
Dès lors, silence sur le Golgotha, le Verbe conciliant,
chassé de sa chair par Satan,
s’abaissant suréminemment, se remit à se faire chair
dans mon être obéissant.
Depuis j’entends… au-dedans…
«Viens, Vent léger, Vent puissant qui souffle éternellement
le Verbe éternel au Principe émanant,
et souffle également le Principe émanant au Verbe renaissant
au gré du Vent,
me faisant dieu de Dieu, tel que promis par Jésus-Christ
de son vivant»…
… Ce Vendredi-là, sur le Golgotha, c’était Pâques, c’était Pentecôte,
tout en même temps…
La biche au Vent
Merci d’avoir lu avec moi ce souvenir très tenace et béni!