« Trois comptes en souffrance » (3)

mercredi 30 mars 2011

Les trois sujets proposés par nos lectrices et lecteurs que je vais aborder ont en commun de révéler un certain malaise à l’égard de ce que la religion catholique peut avoir de rébarbatif pour nos contemporains : (1) une sainteté qui se présente sous le signe du tourment intérieur, (2) un enseignement contraignant pour la liberté et (3) une Église sans vie. Les sujets seront traités dans l’ordre suivant.

(1)   « La sainteté en souffrance » (semaine du 21 février)
(2)   « La liberté en souffrance » (semaine du 28 février)
(3)   « L’Église en souffrance » (semaine du 28 mars)

Semaine du 28 mars : L’Église en souffrance

Ce sujet a été proposé par Eustache : « Parlez-nous de l’Église : On dirait que ce qui est vivant est « hors l’Église ». Comment continuer de croire en l’Église « une, sainte, catholique, apostolique » ?

À mon avis, il faut prendre en compte que l’Église est en souffrance. Eustache évoque son manque de vie. En fait la liste des griefs est longue. Même le pape en rajoute : « On a souvent parlé en vérité du Christ qui vient, mais les formulations se sont usées. Elles ne disent plus grand-chose de notre relation avec la vie et ne sont souvent plus compréhensibles pour nous » (Benoît XVI lors d’une entrevue réalisée le 15 novembre 2010 avec le journaliste Peter Seewald).

À une certaine époque au Québec, peu de personnes pouvaient concevoir la religion en dehors d’une mentalité janséniste. Par exemple, on faisait son devoir d’état en faisant fi de ses émotions considérées alors comme plus ou moins mauvaises en soi. Cette compréhension biaisée de l’Évangile refoulait bien des émotions, notamment de plaisir, pourtant nécessaires à l’équilibre. Maintenant, nous en sommes venus à accorder une valeur prépondérante aux feelings. En paroisse, on a essayé de s’adapter tant bien que mal; on a connu un engouement pour les liturgies « rythmées », « les messes à gogo » comme on les appelait. Pourtant, les églises se sont tout de même vidées.

On n’avait pas tort, mais on n’avait pas raison non plus. Quels étaient les motifs de cette désertion ? Approfondir sa foi ? Est-ce plus vivant aujourd’hui à l’extérieur de l’Église ? Vivre en marge du message évangélique ou tout simplement d’une morale inscrite dans la nature humaine nous distancent de la vie, la vraie. Et cette distance peut affecter autant ceux qui ont quitté l’Église que ceux qui y sont encore.

Oui, je crois que nous pouvons continuer de croire en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. Aux périodes de crises importantes de son histoire, il y a toujours eu de grands saints, comme François et Claire d’Assise en leur temps, qui ont contribué à raviver l’Église. Cette Église est vivante partout où se trouve un baptisé qui prend au sérieux le message du Christ.

Colombe LeRoy

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1 Responses to « Trois comptes en souffrance » (3)

  1. Gaby dit :

    Ce sur quoi je m’arrête dans le questionnement de Eustache c’est le mot « CROIRE ».

    Pour moi l’Église entre dans la catégorie de ce qui demande un acte de foi.

    Croire demande une adhésion de l’esprit et du coeur. Oui il y a des raisons « raisonnables » de croire, mais ces dernières ne dispensent pas de l’acte de confiance lorsqu’il semble « déraisonnable » d’adhérer à l’objet de la foi.

    Ici arrive la décision. J’ai décidé de faire cet acte de foi. Ainsi malgré les souffrances, les limites et les embûches que traversent l’Église actuellement – comme il en a été de tous les temps- les raisons « raisonnables » de croire sont suffisantes pour nous permettre de DÉCIDER de faire confiance à l’Esprit Saint qui agit dans tous les temps selon une sagesse qui nous est inaccessible.

    Oui, je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique parce que je crois en Jésus le Christ, en son message, en sa Parole; dans les dons et l’oeuvre de l’Esprit.

    Malgré la douleur devant les souffrances de, et occasionnées par, les membres de l’Église il faut objectivement voir l’oeuvre de l’Esprit dans les progrès faits au cour des siécles et même des dernières décennies. Et j’aime la conclusion de Madame le Roy : « Cette Église est vivante partout où se trouve un baptisé qui prend au sérieux le message du Christ ». Ultimement, c’est cela qui importe.

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