Ouch!

Avez-vous déjà été piqué par une abeille?

Si oui, savez-vous que vous avez été la victime probablement inconsciente d’un geste de légitime défense? L’abeille ne pique jamais pour rien. Ce n’est pas dans son intérêt, puisque la piqûre lui est mortelle. En effet, quand l’abeille pique, son aiguillon reste attaché à la peau comme un hameçon. Pour se dégager, elle doit avec effort déchirer son abdomen, causant une blessure mortelle.

L’abeille considère rarement son propre intérêt, mais toujours celui de la ruche, de la collectivité. Elle pique pour défendre la ruche contre ses ennemis; elle n’hésite pas à sacrifier sa vie pour sauver la colonie. La ruche vit à l’antipode de l’individualisme.

En tant qu’apiculteur, il arrive que la ruche m’identifie comme un ennemi, du fait de mon intrusion dans son entité. Des abeilles cherchent alors à me piquer. Dommage pour elles. Quand l’une d’entre elles y arrive, je lui dis souvent: «T’es morte pour rien, mon amie, t’aurais été bien plus utile à tes compagnes vivante que morte». C’est vrai à la fin, ce gaspillage d’énergies à combattre un ennemi qui n’en est pas un et qui fera ce qu’il a à faire de toutes façons. Ces bestioles manquent de jugement. C’est que, parfois, elles font vraiment mal ! Du feu, je vous dis! Surtout quand elles arrivent à piquer sur le côté du tendon d’Achille, dans le petit creux… attendez… juste… là, là.

En fait, non, elles ne sont pas mortes pour rien, puisque leur mort a suscité la réflexion que je vous partage. Erreur de jugement ou pas, les abeilles devraient figurer au martyrologue. Elles m’édifient.

Beaucoup de ceux qui ont marqué l’histoire ont un point en commun : ils ont donné leur vie. Pour le bien ou pour le mal, ils ont renoncé à tout ce qui pouvait nuire à leur option première pour s’y consacrer totalement. Mais il y a bien des manières de donner sa vie. André Bessette n’est pas mort martyr, mais son service exténuant auprès des malades constituait un certain martyre. Les sollicitations du public, les mille contrariétés de la vie communautaire, l’opposition de ses pairs, tout cela exigeait de lui un renoncement héroïque. Comme l’abeille pour sa ruche, il a vraiment tout donné pour le projet de l’Oratoire dédié à Joseph.

André Bessette avait un autre trait en commun avec l’abeille. Lorsqu’il sentait sa mission attaquée, sa riposte pouvait être très piquante, paraît-il.

Ouch!

Patrick Trottier

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