Réduire à un positionnement politique de droite l’implication d’André Bessette et de Maurice Duplessis à l’encontre du communisme relèverait d’une analyse simpliste qui ne tiendrait pas compte du contexte historique. La menace que représentait cette idéologie était ressentie à travers toutes les couches de la population, qu’importe l’allégeance politique de chacun. Ce fut un député libéral qui fit la première intervention remarquée à Ottawa, une intervention que Maurice Duplessis, un conservateur, a applaudie.
D’ailleurs, dans sa déclaration du 12 mars 1937 à l’Assemblée nationale du Québec, Duplessis invite les parlementaires à ne pas laisser les intérêts de partis interférer dans un tel cas : « Il ne s’agit pas ici de partisanerie, de bleu ou de rouge, je parle comme premier ministre de la province de Québec, sur des problèmes essentiels, et parce qu’il est de notre devoir de faire entendre la voix du Québec. […] Et, je demande à tous les gouvernements, qu’ils soient rouges, qu’ils soient bleus, au lieu de vouloir lancer la balle à droite et à gauche d’adopter les mesures nécessaires, et efficaces pour sévir ».
On se plaint beaucoup de nos gouvernements actuellement. Pourquoi ? On leur demande beaucoup, voire l’impossible, remarque André Pratte dans son article : « Le dégoût politique » (La Presse, 17 août 2010). L’éditorialiste se demande si les Québécois « ne seraient pas à la recherche d’un sauveur, d’un chef au charisme puissant et à la poigne de fer tels ceux qu’ils ont souvent adulés dans le passé, de Louis-Joseph Papineau à Lucien Bouchard, en passant par Maurice Duplessis et René Lévesque ? » Eh oui, Maurice Duplessis fait partie de ce club sélecte. On le surnommait « le Chef », d’ailleurs.
Dans nos sociétés démocratiques férues de développement durable, les « chefs » ont un statut précaire. Nous vivons sous la dictature du bulletin de vote via les sondages qui régissent, beaucoup plus que les gouvernants eux-mêmes, les politiques à prendre.
À force de changer de chefs, aurions-nous accouché d’une société sans autorité ? Une société non seulement sans portier mais encore sans porte, ouverte à tous les vents…
Francine D. Pelletier
Demain : « Abuseurs et abusés »