L’expression «obscur portier» qui revient souvent à propos d’André Bessette est contradictoire. Un portier n’est jamais obscur. Il s’agit, au contraire, de la personne la plus visible qui soit, celle que l’on rencontre chaque fois que l’on entre et que l’on sort de l’édifice dont elle assume la garde.
En fait, le portier est en ligne directe avec le «propriétaire», il participe de son autorité: c’est un avant-poste, le premier visage d’une habitation, d’une compagnie, d’une entreprise. D’ailleurs, concrètement, le portier a l’usage des clés de l’édifice. On pourrait faire une application analogue avec le poste de réceptionniste; de son avant-poste, cette personne reçoit les appels et met en communication. Si portiers et réceptionnistes sont perçus comme «obscurs», c’est en vertu d’une conception qui hiérarchise la valeur des personnes selon le pouvoir qu’on attribue ou non au poste qu’elles occupent. Cette catégorisation ne rend pas compte de l’autorité que portiers et réceptionnistes exercent en pratique.
L’engagement d’André Bessette à l’encontre du communisme m’apparaît de l’ordre de la responsabilité du portier, de la façon suivante. Le portier ne fait pas qu’ouvrir complaisamment la porte en se retirant derrière elle, il la ferme aussi. D’ailleurs, si un importun réussit à entrer, le portier sera le premier blâmé.
Un biographe* écrit : « Il voit avec angoisse le communisme s’infiltrer dans notre pays. Il s’inquiète… ». Comment André Bessette s’y est-il pris pour fermer la porte à cette idéologie conquérante ?
Francine D. Pelletier
*Henri-Paul Bergeron, Le frère André. L’apôtre de saint Joseph, p. 136.
Demain : « Le portier et la loi du cadenas »