« […] saint Joseph, auquel il vouait une grande dévotion, parce qu’il lui rappelait son père, menuisier lui aussi ».
http://www.lactualite.com/societe/frere-andre-la-fabrication-dun-saint
Bien que le transfert parental soit un processus psychologique courant, c’est assez mince, il me semble, comme motif de dévotion, ne trouvez-vous pas ?
Micheline Lachance n’est pas la seule à donner un fondement psycho-social à la dévotion d’André Bessette. Certains attribuent l’érection de l’Oratoire à la « grande affection » qu’il avait pour Joseph. À voir la grosseur de cet Oratoire, on devine l’ampleur de cette affection, car affection, il y avait sûrement, je ne le conteste pas.
Mais… Puis-je nourrir une telle dévotion à Joseph si mon père est fonctionnaire, restaurateur, informaticien, professeur, et ainsi de suite ? Évidemment, je pourrais me rabattre sur le fait que ce sont tous des travailleurs, des ouvriers. Mais… Si mon père est Premier ministre, s’il est président de compagnie ? Difficile de le concevoir comme un ouvrier, bien qu’il travaille lui aussi.
La « dévotion » d’André Bessette envers Joseph est-elle une dévotion d’ordre privé liée à son contexte socio-affectif ? Si oui, s’agit-il d’une dévotion parmi d’autres dans la mesure où la faveur que l’on accorde à telle ou telle dévotion serait essentiellement subjective ?
Autrement dit, à chacun sa dévotion ?
Francine D. Pelletier
Demain : « André Bessette et le mépris des clercs »
Bonjour Francine,
Je me permets de vous appeler par votre prénom, puisque de vous lire ainsi chaque jour me donne le sentiment de vous connaître un peu… Peut-être que c’est ma vision qui est limitante et peut-être un peu péjorative de ce qu’est une dévotion mais, pour moi, André Bessette avait plus qu’une dévotion envers St Joseph. Je trouve très inspirant le respect et l’amour, l’intimité même que le frère André vivait par rapport à St Joseph. C’était plus qu’une petite prière par jour, quoi que je ne voudrais pas réduire la « dévotion » à la récitation de prière. Mais, pour croire aussi fermement et impreigner une société entière avec cette confiance absolue en Joseph, en sa puissance, en sa grande bonté, il fallait une connexion spéciale, un lien « personalisé ».
Enfin, merci pour vos réflexions. J’ai l’impression que certains biographes essaient de « réduire » les saints pour enlever le goût aux autres de parvenir à la sainteté, ou bien rendent cela impossible à atteindre pour qu’on se dise A quoi bon? Mais, au moins on peut se faire ami du Frère André grâce à sa page Facebookl
au plaisir!
DC
DC,
Je suis heureuse de votre intervention. Je pose souvent des questions dans mes blogues avec l’espérance qu’un échange de vues puisse s’établir avec ceux qui prennent la peine de me lire. Je suis tout à fait d’accord avec vous quand vous dites qu’André Bessette avait plus qu’une «dévotion» envers Joseph. Les trois questions qui terminent ce blogue essaient justement de cerner le problème de la dévotion qui tend à réduire le rapport à Joseph à un contexte subjectif et, qui plus est, à une dévotion comme une autre.
Je trouve que le lien «personnalisé» qu’André Bessette avait avec Joseph revèle un projet d’envergure dont l’impressionnant oratoire est un symbole. Personnellement, c’est un point qui m’intéresse, car il me semble que c’est dans cette voie que l’on peut découvrir ce qu’André Bessette apporte de neuf, son charisme. Réduire à une dévotion privée le rapport qu’André Bessette entretenait avec Joseph ne serait-il pas une manière de minimiser l’importance de son charisme qui, si l’on considère le rayonnement de l’Oratoire Saint-Joseph dans le monde, serait d’ordre universel?