« Le halo peut maintenant le coiffer et on pourra prier le thaumaturge québécois partout dans le monde, dit le cardinal Turcotte » (http://www.ledevoir.com, 25 juin 2010).
Estime et vérité ne font pas toujours bon ménage.
En tout cas, je vois mal André Bessette « coiffé d’un halo ». L’évocation de cette image me rappelle étrangement Louis XVI affublé du bonnet phrygien de la Révolution, quelque temps seulement avant d’être décapité. Le cardinal justifie en quelque sorte la comparaison.
L’appellation « thaumaturge québécois » est une manière de décapiter André Bessette du sens de sa mission. Ce dernier s’est toujours défendu à cor et à cri de faire des miracles, d’être un guérisseur. Il réaffirmait sans arrêt que les miracles étaient un signe de la puissance de Joseph, une puissance encore à découvrir, à expérimenter, à annoncer. En lui attribuant une niche dans la galerie des saints, à l’étage des thaumaturges, on le dépossède du caractère novateur de cette mission.
Que le bonnet du thaumaturge soit « québécois » n’est pas moins suggestif. On connaît l’attrait du cardinal pour une Église du Québec. Or Joseph est patron du Canada, pas le Canada « fédéralisse » de 1867, le Canada des origines, mais tout de même. Le cardinal prévoit-il des contraintes d’ordre politique où il lui faudra, dans les entrevues et les grands rassemblements, se ménager l’estime de chacun des paliers de gouvernement ? Au prix de quelle vérité ?
Francine D. Pelletier
Demain : « Le Majeur et le mineur»