Il y a les biographies publiées mais aussi les biographies qui se composent au fur et à mesure du dialogue que l’animateur de télévision (ou de radio) établit avec son invité(e). Ceux que j’appelle les biographes médiatiques, ce sont ceux qui, en tant que spécialistes des questions religieuses, sont invités par les médias pour éclairer notre lanterne.
Lorsque, le 19 février dernier, la canonisation prochaine d’André Bessette a été confirmée à Rome, nous avons connu une petite commotion médiatique locale, car il fallait bien couvrir l’événement, mais avec qui ? Et puis, quelle question poser quand on ne sait à peu près rien sur le sujet et que l’on est en pleine crise larvée d’accommodements raisonnables ? Vite ! Voici un « expert » capable de nous entretenir avec assurance. Des banalités ? Qu’importe ! Des inexactitudes ? Qui s’en apercevra ? S’esquisse alors un portrait d’André Bessette complètement surréaliste : une curiosité, un peu comme une antiquité qui nous rappellerait les maisons d’antan, un petit vieillard sympathique dont on est incapable d’approfondir les traits.
Évidemment, on se prépare à la canonisation, en particulier à ce grand rassemblement du 30 octobre au Stade Olympique, qui va sans aucun doute créer l’Événement chez nous. Cette fois, on sera prêt. J’imagine déjà les émissions spéciales en continu. Sous le gigantesque chapiteau, télévisant une foule éprise de festivals, précédée de son clergé ravi d’en assumer la présidence, les médias débiteront un bla-bla de qualité sous forme de capsules bien huilées, tout à fait raisonnables.
Ce sera l’apothéose ! Mais de qui ? De son vivant, André Bessette ne savait que faire de la popularité, il s’en irritait plutôt, car elle faisait perdre de vue l’essentiel de sa visée. La Renommée, c’était en quelque sorte son adversaire politique le plus dangereux…
Francine D. Pelletier
Demain : « Le chien et le piédestal »