Témoignage personnel en l’Octave de l’Immaculée Conception
L’Histoire avec un H majuscule nous concerne tous. Donc, elle ME concerne. Depuis ma naissance, je suis membre de la famille humaine et je participe à son cheminement.
L’histoire de l’Humanité déploie, chaque jour et depuis l’aube des temps sans doute, son lot de réalisations et de destructions, ce qui a fait concevoir aux Anciens une destinée humaine sans projet particulier sinon celui d’un Éternel Retour des choses, bonnes et mauvaises, et aux Modernes un Avenir défini à l’aulne des ambitions humaines et fondé sur une table rase.
Sous un certain regard, coutumier de nos jours, le passé pèse de plus en plus lourd malgré les progrès promus, le présent apparaît dans toute sa précarité et, face à l’avenir, le coeur balance entre optimisme et pessimisme, se stabilisant autour d’un réalisme oscillant plus ou moins entre les deux.
À mes yeux, l’Histoire perd la clé de son sens lorsqu’elle ne tient pas compte de la Révélation qui marque et définit sa progression. L’Histoire n’est pas aléatoire ou indéfinie, elle est l’histoire du Salut qui réactualise le projet conçu pour l’Humanité, c’est-à-dire pour chacun chacune d’entre nous, depuis les origines du monde. Ce projet réactualisé, je peux, dès maintenant, bénéficier de ses avancées et compter sur l’accomplissement des promesses qui y sont attachées. Mon Espérance est fondée sur le roc. Ma vie, libre, a un sens et une destinée heureuse. Si je veux. Si je crois.
Mais je peux vouloir et croire et tout aussi bien rencontrer des obstacles, en moi et autour de moi, entre autres et même théologiques.
La barrière et la clef du dogme
La déclaration d’un dogme est quelque chose qui affecte l’Histoire, parce que le dogme a justement pour but de définir une réalité importante à la compréhension du sens de l’Histoire.
Si le dogme de l’Immaculée Conception entend préserver une réalité fondamentale du Salut contre des contradicteurs éventuels, la barrière qu’il dresse à cette fin peut avoir pour effet de fixer dans le temps la manière de concevoir cette réalité. Or, la découverte de l’Immaculée Conception est en progrès, comme toute vérité d’ailleurs, le cheminement vers la vérité tout entière se faisant sous la motion de l’Esprit Saint.
Par exemple, une certaine interprétation du dogme de la maternité divine de Marie tend à situer Marie dans un monde à part du nôtre, comme recluse et inaccessible, établie dans une sorte de relation fusionnelle avec son Fils, de telle sorte qu’il est difficile de voir Marie représentée autrement que portant l’Enfant Jésus dans ses bras, et Joseph, son époux, se tenant en retrait, dans l’ombre. Cette interprétation que je qualifierais de divino-christocentriste conditionne le rapport que l’on peut avoir à Marie comme à Jésus, et, bien sûr, à Joseph, de même que la façon de voir l’Église et le Royaume déjà présent et à venir que l’Église a pour mission d’annoncer. Et, par conséquent, elle affecte la vision que je peux avoir de moi-même, des uns et des autres, et du rapport entre hommes et femmes.
C’est pourquoi la compréhension de la maternité divine de Marie, comme de tout dogme, est appelée à s’ouvrir, c’est-à-dire à être complétée, approfondie, élargie dans toutes ses dimensions, pour atteindre la plénitude de sa révélation.
Dans le cas de l’Immaculée Conception de Marie, on ne peut pas confiner ce privilège au contexte de la naissance de Marie et des années d’enfance de Jésus, en fonction de sa seule dimension maternelle. Il implique toute l’Histoire, de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, et je dirais: de la Conception jusqu’au Coeur, puisqu’à la fin, tel qu’annoncé à Fatima, c’est le Coeur Immaculé de Marie qui triomphera.
Personne n’est seul dans l’Histoire
Évidemment, pour participer à la grande l’Histoire qui mène au Coeur de la Révélation divine,« des purifications et des maturations sont nécessaires », comme le dit Benoît XVI dans son encyclique sur l’amour chrétien. Pour parvenir à la plénitude de cet amour, je ne suis pas seule. Je peux compter sur l’Avancée incomparable et inaltérable que constitue l’Immaculée Conception de Marie et espérer la Victoire de son Coeur, non seulement à la fin de l’Histoire, mais ici et maintenant, pour mon propre salut et celui du monde. Le bonheur est toujours à la portée du coeur.
« Le Seigneur est avec toi », disait l’Ange en s’adressant à Marie lors de son Annonciation. En même temps et traversant les siècles et les millénaires, il s’adresse à moi aussi. Ainsi le privilège de l’Une n’exclut pas les Autres ni donc moi-même. Car, si l’Immaculée Conception de Marie – comme tous ses privilèges – ME concerne, c’est que Marie et moi appartenons à la même Histoire. Son Immaculée Conception m’en révèle le sens, m’y introduit et me supporte dans mon propre cheminement.
Il y a un autre privilège qui me concerne et sur lequel je suis encline à méditer. Celui-là ne fait l’objet d’aucun dogme encore. Il a été attribué à celui que l’Ange d’une autre Annonciation a appelé « Joseph Fils de David ». Devant la tendance précoce dans l’Histoire à séparer Joseph de Marie, Augustin mettait ces paroles dans la bouche de Joseph :
Pourquoi me séparez-vous [de Marie] ? N’est-ce pas à travers moi que les générations montent et descendent ?
(Sermon 51, 20, 30: PL 38, 351)
Dans l’histoire du peuple élu, de sa descendance, dans laquelle je suis entrée par le baptême, c’est au Fils de David qu’avait été promis un Rejeton dont la royauté s’établirait pour toujours. Promesse tenue à Joseph dans le Christ et, elle aussi, s’accomplissant dans l’Histoire. Autre Avancée indéfectible sur laquelle je peux fonder mon espérance.
Joseph, le Juste, Époux de Marie, a été reconnu Patron de l’Église universelle le 8 décembre 1870, fête de l’Immaculée Conception. Il était aussi présent à Fatima le 13 octobre 1917, au cours de cette vision multiforme dont les 3 enfants ont été les seuls témoins et qui s’est déroulée durant le miracle du Soleil.
L’Alliance de Marie Immaculée et de Joseph Fils de David dont le Fruit est Jésus Soleil de Justice annonce les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle.
L’Étoile du Matin monte à l’horizon et l’Histoire marche vers son plein midi.
Francine Dupras
Jeudi 15 décembre 2016
Bonjour, bonsoir,
Dans votre article vous dites : « C’est pourquoi la compréhension de la maternité divine de Marie, comme de tout dogme, est appelée à s’ouvrir, c’est-à-dire à être complétée, approfondie, élargie dans toutes ses dimensions, pour atteindre la plénitude de sa révélation. »
Permettez-moi d’apporter un éclairage sur ce sujet, en espérant que ce rayon de lumière vous éclaire plus qu’il ne vous aveugle.
ORIGINE DU MYSTÈRE DE L’IMMACULÉE CONCEPTION
Si nous cherchons la signification qu’on donnait au mot « Vierge » dans les primitives religions, et même dans la Bible, nous voyons que la femme vierge, ce n’est pas la jeune fille, qui est appelée pro-stituée (premier état), mais la jeune femme, celle qui est ou peut être mère. Si on la glorifiait, c’est parce-qu’elle avait fait preuve de «sexualité». C’est à elle qu’on rendait un culte, qu’on adressait des hommages. On la représentait comme le type de la chasteté ; elle est pure (pulchra), Mais mère cependant ; on montrait, par tous les symboles antiques, que la fonction spéciale à son sexe, l’ovulation, est une sanctification qui la grandit.
La femme mère est vierge, c’est-à-dire intacte dans son entité spirituelle. Ainsi, ce mot exprimait bien l’admirable phénomène qui se passe en elle : l’acte sexuel (ovulation ou conception) sans que son âme soit atteinte de la déchéance.
Le culte rendu à la Femme, dans les religions primitives, c’est le culte de la femme sexuelle, et, pour qu’il n’y ait aucun doute à cet égard, le symbolisme antique lui met toujours un enfant dans les bras (quelquefois elle tient deux épis qui représentent ses deux ovaires).
En la représentant ainsi, c’est-à-dire pure et mère en même temps, on voulait perpétuer l’idée du grand mystère, si bien connu dans la jeunesse de l’humanité. On voulait que toutes les générations à venir sachent bien que la femme n’est grande que par la fonction de son sexe : l’ovulation, qui est le premier mot de la maternité.
Lorsque les prêtres renversèrent la loi morale, ils changèrent la signification des mots, qui, d’altération en altération, arrivèrent à signifier tout autre chose que ce que primitivement ils signifiaient.
Au moyen âge, les masses populaires, qui vivaient dans l’ignorance de la Nature et de l’histoire, ne connaissent plus que la signification renversée des termes qui s’appliquaient à la morale sexuelle. La signification primitive de ces mots était tout à fait ignorée, de même que la connaissance des lois naturelles qui les avaient fait adopter.
C’est ainsi que le nom de Vierge, pour le prêtre du XIIème siècle, est donné à la femme qui n’est pas femme, qui n’est pas mère.
Bien plus, confondant, dans son ignorance, l’ovulation et l’accouplement, il étend la culpabilité qu’il met dans l’accouplement à l’ovulation, condamnant ainsi les deux actes en même temps, et il emploie le mot Vierge, resté sacré, à glorifier la femme qu’il considère comme ne remplissant aucun des deux actes sexuels. Il résulte de cette altération de la signification des mots un galimatias étrange.
C’est ainsi que toutes les Vérités premières, ayant été renversées, ne peuvent plus être proposées à la foi populaire qu’à titre de mystères ou de miracles. Pour les comprendre, il faut sauter par-dessus tout ce que les religions ont fait et dit et remonter jusqu’aux temps de la Théogonie, ou bien consulter l’Esprit de la Femme, qui a conservé le dépôt atavique de la Vérité antique et peut, dans certaines circonstances, restituer toutes les Vérités premières.
Mais, à l’aide de la théologie des prêtres, des spéculations philosophiques, ou de la science des empiriques, il est impossible de rien retrouver. C’est là un fait qu’il faut s’habituer à considérer comme positif. Il ne faut pas demander aux hommes de refaire la Vérité, puisque ce sont eux qui l’ont défaite, et ils n’ont pas aujourd’hui des facultés différentes de celles de leurs ancêtres, qui leur permettent de faire ce que les autres hommes n’ont pas fait.
Cependant, ces dogmes formulés aux premiers jours de l’humanité ont une telle force que, malgré tout ce qu’on a fait pour les détruire, ils se sont propagés à travers toutes les religions, tous les systèmes. Il semble qu’il y ait au fond de l’esprit de l’homme (de quelques hommes au moins) une voix secrète qui l’avertit qu’il y a là une Vérité sacrée, à laquelle il ne faut pas toucher.
Ainsi, ce dogme de la sainteté de la femme dans l’ovulation, malgré son apparence absurde, n’a pas pu être aboli. Plusieurs fois l’Église, qui n’en comprenait ni l’origine ni la signification, tenta de l’effacer de son symbole. Au XIIème siècle, saint Bernard commence à attaquer cette idée, qui lui semble étrange, de l’Immaculée Conception. Il ne comprend pas la signification de ces deux mots accouplés, il ne sait pas que la femme est immaculée dans la fonction génésique, fonction qui est le premier mot de la conception. Il faut toute la science moderne, bien plus, il faut toute la science de la femme pour comprendre la signification de ce mystère.
Plus un enfant connait sa Mère, plus il l’Aime.
Cordialement.
P.
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