Mircea Eliade, historien des religions d’origine roumaine, a étudié l’expérience religieuse dans le monde entier. Savant érudit, il est considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire moderne des religions. Il s’est penché sur un grand nombre de peuples pour en étudier les structures religieuses. Il en arrive à la conclusion qu’en étudiant l’histoire des religions, on peut découvrir l’unité fondamentale du genre humain.
Cette unité est basée sur une structure de la conscience qui comporte une ouverture à ce qu’il appelle le sacré. Cette structure n’est pas un simple stade, qui pourrait éventuellement être dépassé, mais elle est constitutive de l’être humain, le «sacré» étant un élément essentiel de la condition humaine.
La notion de sacré pouvant être problématique, je préfèrerais parler d’aspiration à l’achèvement ou à la complétude. L’être humain, inachevé, a conscience de l’être, et parfois non sans souffrance.
Cette souffrance a été exprimée maintes fois dans la littérature.
Camus, par exemple, témoigne à sa façon de l’aspiration de l’humain à «l’homme total», c’est-à-dire, de celui qui sait d’où il vient et où il va. Il le fait par la négative, mais son expression n’est pas moins parlante: «Son exil est sans remède étant donné qu’il est privé du souvenir d’un foyer perdu ou de l’espoir d’une Terre Promise».
Pour Mircea Eliade, «l’homme religieux est assoiffé d’être.»
La réponse à cette quête reste diffuse et partielle dans l’histoire des peuples, mais s’éclaire pleinement avec Jésus. Lui-même a conscience de son universalité, envoyant ses disciples parcourir le monde entier: «Allez, de toutes les nations…»
Jésus déconstruit l’idée d’un sacré lointain et insensible, en apprenant à ses disciples que, loin d’être inaccessible, Dieu est proche, intime même, répondant à la quête de totalité de chaque être humain. «Qui vient à moi, n’aura plus jamais soif.» Qui, c’est-à-dire quiconque, de quelque nation soit-il.
Qu’une jeune Amérindienne comme Kateri, ait vibré d’une façon si puissante au message de l’Évangile est pour moi le signe que Dieu sait parler au cœur de chaque humain.
Josée Lacoursière