J’ai rencontré récemment un directeur des opérations d’une firme de communication. Selon ses dires, le profil des jeunes de 18 à 25 ans correspond principalement à celui d’individus à la recherche d’un emploi qui facilite un engagement en faveur de causes sociales ou humanitaires. Je venais moi-même de lire un article dans un journal qui confirmait cette opinion. Le lendemain ou le surlendemain, dans un magasin à grande surface, une jeune caissière d’environ 20 ans, tout sourire, me sollicite pour un don à une oeuvre du nom, je crois, de «Déjeuners des pauvres».
Nous assistons à une prolifération d’organisations de toutes sortes que l’on pourrait qualifier à juste titre de «bonnes œuvres». Les bonnes œuvres n’étant plus l’apanage de l’Église, celle-ci est-elle vouée au déclin, les tâches qu’elle accomplissait jadis étant maintenant réalisées par d’autres?
Par contre, ce phénomène ne semble pas influencer une résurgence du phénomène religieux au sens strict du terme. Madame Marie-Claude Malboeuf, journaliste à Cyberpresse, a fait quelques études fort intéressantes sur le sujet.
Dans son article «Religion à la carte» du 5 février 2011, elle mentionne l’existence de plusieurs nouvelles églises au Québec dont l’Église Nouvelle Vie à Longueuil, qui rassemble près de 3500 membres. «J’apprécie appartenir à quelque chose d’aussi organisé et l’aide qui est apportée aux défavorisés, affirme Mireille Perrochon, une fidèle de Farnham qui parcourt 120 km chaque dimanche depuis 6 ans. Mes enfants de 11 et 13 ans sont toujours contents de venir. À l’Halloween, il y avait une immense fête. C’est très dynamique.»
Contrairement à ce que certains pourraient croire, les participants à ces rassemblements sont en majorité des Québécois et non des immigrants. Ce sont en général des convertis qui ont quitté la religion catholique «rancie!» pour y trouver une religion correspondant à leur goût et à leurs options: «Le panorama est si varié! Certaines Églises tolèrent le divorce ou l’avortement. D’autres sont conservatrices. Chacun peut trouver ce qui lui convient», explique le religiologue Frédéric Castel, interviewé par la journaliste.
Parallèlement à cette réévangélisation, nous assistons à la construction de nouveaux bâtiments voués au culte un peu partout dans le monde: par exemple 200 nouvelles églises orthodoxes sont en voie d’être construites en Russie selon la revue Orthodoxie du 24 août 2011, et, selon une étude menée par l’ONG Suisse APADOR, 4000 églises ont déjà été construites en Roumanie depuis 1989 – soit une tous les deux jours. Le 11 septembre 2011, un grand rassemblement aura lieu en Suisse, organisé par la FREE (Fédération romande d’Eglises évangéliques) qui désire lancer un projet appelé 10/10/10 consistant à construire 10 nouvelles Églises en 10 ans, avec 10 000 membres d’ici 2020. Autre projet encore plus audacieux: lors du même rassemblement, Jossy Chacko, responsable d’une association voulant stimuler «l’implantation d’Églises parmi des peuples qui n’ont jamais entendu l’Évangile», aura l’occasion d’évoquer sa vision visant à établir 100 000 églises en Asie d’ici 2030.
Cela dit, on peut aussi penser à des rassemblements d’un autre ordre: politico-religieux. Les funérailles œcuméniques de Jack Layton en sont un exemple. En juxtaposant des textes de l’Évangile, de la Torah et du Coran et en choisissant un pasteur ouvertement actif en ce qui a trait à la défense des droits des homosexuels, transsexuels et transgenres, ces funérailles ont servi de tribune pour la promotion de valeurs politico-socio-religieuses. Les chrétiens, les islamistes et les juifs seront-ils tous réunis un jour sous cette bannière «néo-démocrate» inclusive, les valeurs de chacun respectées, et la paix établie dans ce nouveau monde bâti par-delà les dissemblances?
Après ce tour d’horizon brossé à grands traits et malgré le fait qu’il soit incomplet, on pourrait déjà dire qu’en apparence, la moisson est abondante et que les ouvriers sont très nombreux à travailler à une cause ou à l’autre. Comment s’y retrouver et que signifie exactement la parole prononcée par le Christ lui-même: «Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église».
De toutes les Églises ci-haut mentionnées, de laquelle s’agit-il?
Colombe LeRoy
Pour lire l’article de Marie-Claude Malboeuf, «Religion à la carte», du 5 février 2011: http://www.cyberpresse.ca/actualites/regional/montreal/201102/05/01-4367338-religion-a-la-carte.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4367333_article_POS3
Se qui me frappe au premier abord, c’est la dissonance de la réalité que vous décriver avec la parole de Jésus-Christ: « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont PEU nombreux. » Le Christ n’est pourtant pas un menteur. Je ne voit qu’une explication pour l’instant: parmi ces ouvriers si nombreux, il doit y en avoir un bon nombre qui ne travaillent pas pour lui.