Joseph, un homme intelligent

À la lumière de ce que nous venons d’aborder («Let us be intelligent!»), jetons maintenant un regard sur la personne de Joseph. Joseph est-il un homme avec un haut degré d’intelligence? émotive? rationnelle?

Le Nouveau Testament raconte que Joseph ayant appris que Marie était enceinte décida de la répudier en secret. Voilà un événement pouvant causer bien des émotions pour qui que ce soit. Suite à ses premières émotions, qu’est-ce qui a bien pu influencer Joseph dans sa décision de «répudier Marie en secret». Il a dû se raisonner dans un premier temps et chercher la solution dans un deuxième temps. De quelle façon? A-t-il contrôlé ses émotions via son intelligence émotionnelle ou rationnelle? Étant un homme juste, il était inconcevable pour lui de prendre une épouse qui avait enfreint la Loi divine.

Mais qu’arrive-t-il ensuite à Joseph pour qu’il change d’idée et décide finalement de garder Marie? Un ange lui apparaît et lui révèle que l’enfant qu’elle porte vient de l’Esprit Saint (raison). Il lui dit même de ne pas craindre (émotion), de la prendre avec lui pour épouse. Donc, il y a une autre Intelligence qui est venue au secours de ses deux intelligences rationnelle et émotionnelle.

Nous nous retrouvons avec au total trois intelligences: rationnelle, émotionnelle et, faute de mieux et crainte de pire car je n’aime pas trop le mot, une intelligence «surnaturelle»?

Poursuivons notre réflexion sur un autre événement: la fuite en Égypte. Joseph vivait paisiblement de son métier de charpentier à Nazareth. Voilà quelques émotions positives: la présence de Marie, de l’enfant Jésus, un métier agréable. Tout à coup, un ange lui apparaît et lui demande de quitter le lieu où il était, et de partir directement en Égypte avec l’enfant et sa mère. Quelles émotions négatives, j’aurais personnellement! Pas vous?

Joseph décida intelligemment de partir à dos d’âne, ce qui n’était déjà pas facile, et de s’en aller en Égypte.

Quelle est l’intelligence qui conduit Joseph?
Vous avez trois choix de réponses…

Colombe LeRoy

Demain : «L’Intelligentsia»

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14 Responses to Joseph, un homme intelligent

  1. Gaby dit :

    @ madame LeRoy

    Vous nous demandiez le 11 octobre dernier si la route que nous avions traversé ensemble avait opéré un changement de perceptions ? Nous avons très certainement été soumis à tout un brassage d’idées. De bondissements en rebondissements, il nous était impossible de nous installer dans un recoin traquille de notre cerveau. Pour ma part, les “muscles” de mon cerveau ne sont pas très habitués à un travail aussi intensif. Je constate que je n’ai pas appris à penser, réfléchir, aller plus loin que la première idée qui me vient à l’esprit. Les interventions de chacun des 5 blogueurs et les discusions qui ont suivi m’ont obligé à sortir mon cerveau de sa léthargie. Je me promets plusieurs heures de lecture n’ayant pas réussi à vous suivre au jour le jour.
    Merci de cette mine de réflexion.

  2. Usager anonyme dit :

    j’ai beaucoup

  3. lem dit :

    car je n’aime pas trop le mot

    une intelligence surnaturelle

    pourquoi ?

  4. Colombe LeRoy dit :

    @Gaby

    Lâcher prise sur nos anciennes structures demande un changement d’huile complet. Depuis que j’ai commencé à écrire, je suis moi-même bouleversée par les avenues que nous empruntons. Merci pour votre bon commentaire et vos propos pleins d’espérance.

  5. Colombe LeRoy dit :

    @Usager anonyme

    J’espère avoir le plaisir de vous lire. Ne lâchez pas la plume.

  6. Colombe LeRoy dit :

    @Iem

    C’est qu’en parlant d’une surnature, c’est comme si l’esprit était en dehors de la matière, à l’extérieur de la nature, déconnecté de la chair. Nous n’avons pas présentement d’autres termes pour communiquer les choses qui sont de l’ordre de l’esprit sauf le mot « spirituel ». Mais l’un ou l’autre mot limite notre entendement. Nous disons que Dieu est partout. Alors s’il est partout, c’est qu’il est dans la matière. Mais de quelle manière s’y insère-t-il ? C’est la raison pour laquelle le mot « surnaturel » me semble faux à un niveau. Peut-être trouverons-nous un jour la compréhension globale de notre être au monde. Merci pour cette question posée qui a fait travailler les méninges de mon esprit.

  7. Gaby dit :

    @Madame Leroy

    À propos de l’intelligence que vous nommez «spirituelle ». Est-elle l’apanage de ceux et celles qui ont des apparitions d’anges? Tous les baptisés ne seraient-ils pas dotés de cette intelligence issue de l’Esprit Saint? Si oui, c’est peut-être pour cela qu’existe la notion de Sensus Fidei? ET pourquoi ne pas considérer comme bénéficiaires tous les humains de bonne volonté?

  8. Colombe LeRoy dit :

    @Gaby

    Je reconnais la pertinence de votre questionnement. L’emploi de l’adjectif « spirituelle » pour l’intelligence dont je traite dans ce blogue laisse place à l’ambiguïté. C’est pourquoi j’apprécierais beaucoup si vous acceptiez d’élaborer davantage sur les termes « sensus fidei ». J’ai la nette impression que nous sommes ici plus près de la définition de cette intelligence dont nous pouvons bénéficier. Merci.

  9. Gaby dit :

    L’ emploi de l’expression « intelligence spirituelle » m’a mis en tête l’expression « Sensus Fidei Je le comprends comme étant un attribut de L’Esprit Saint de faire connaître la vérité par la voix des baptisés et je le vois appliquer dans tous ces blogues qui défilent depuis le 18 juillet et qui sont porteurs de tant d’intelligence et sagesse. Il me semble qu’ils ont été (et seront encore je l’espère) un lieu ou l’Esprit Saint nous parle. La convinction que l’Esprit est à l’oeuvre dans tous les baptisés qui prennent au sérieux leur foi et leur responsabilité de témoignage, voila pour moi ce qui fonde le « Sensus Fidéi ». (Peut-être faudrait-il parler de Sensus Fidelium? Je ne sais trop la différence)

  10. Colombe LeRoy dit :

    @Gaby

    Merci de préciser. Je tiens à vous remercier pour votre appui. Bien que je ne sois pas théologienne, je me suis permise de faire une petite recherche sur la différence existant entre sensus fidei et sensus fidelium. Si je comprends bien, le sensus fidei correspondrait à la définition que vous en donnez. Quant au sensus fidelium, il semble référer à l’ensemble des fidèles (tous les baptisés) opérant un discernement doctrinal sur une vérité de foi ou sur une question de mœurs en accord avec le magistère de l’Église. J’exprime en mes mots des renseignements tirés de la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, LG 12.

  11. Jurgen Faine-Caram dit :

    @Colombe, Gaby et autres commentateurs

    La question de la distinction entre sensus fidei et sensus fidelium est très complexe et controversée. On assimile souvent l’un et l’autre. Selon une perspective de théologie classique vous auriez raison, en gros, de décrire le sensus fidelium par « un discernement doctrinal sur une vérité de foi ou sur une question de mœurs en accord avec le magistère de l’Église ». L’exemple le plus souvent apporté pour illustrer ce « mécanisme » est la proclamation du dogme de l’Assomption en quelque sorte issu du sensus fidelium (ou, pour certains, du sensus fidei).
    Normalement, l’un ou l’autre de ces deux concepts doit se retrouver lié à la notion de magistère bien que, dans une perspective de théologie herméneutique, l’un ou l’autre peut être posé au contraire comme contre-poids à celui-ci en justifiant le pouvoir d’interprétation du fidèle…
    De plus, et je le dis avec un certain humour, je me demande comment on pourrait justifier l’existence d’un sensu fidei (ou fidelium?) chez Joseph avant même la fondation de l’église et donc de son magistère…
    Vous comprendrez qu’en fin de compte je trouverais plus sage de ne pas trop s’aventurer dans ces subtilités théologiques qui peuvent facilement nous éloigner du « sens » de vos diverses interventions. J’abonde dans le sens de Gaby et je partage sa « convinction que l’Esprit est à l’oeuvre dans tous les baptisés qui prennent au sérieux leur foi et leur responsabilité de témoignage ».
    Je voudrais finalement proposer, pour répondre à l’objection émise pour l’emploi du terme « surnaturelle », faute de mieux et crainte de pire, l’idée d’une intelligence « spirituelle », en comprenant « spirituelle » en relation avec l’Esprit Saint et non pas dans un rapport d’opposition entre matière et esprit.

  12. Colombe LeRoy dit :

    @ Jurgen Faine-Caram

    Merci pour les précisions théologiques et votre générosité à bien vouloir nous partager vos réflexions.
    Vous nous reportez au temps de Joseph où, en effet, il n’y avait pas d’Église au sens où nous l’entendons aujourd’hui. De même, le baptême tel que nous le connaissons a été institué après la mort de Joseph.
    Joseph aurait cependant eu le privilège de recevoir de l’Esprit Saint la confirmation intérieure que l’ange qui lui est apparu venait de Dieu (intelligence spirituelle) et c’est pour cette raison qu’il a tout de suite fait ce que l’ange lui a dit. Il aurait en quelque sorte reçu une confirmation « en direct », c’est-à-dire avant l’institution de l’Église et du baptême.
    Le sensus fidei reçu par le baptême « au nom du Père, du Fils et de « l’Esprit », nous permet donc, en tant que baptisés, de détecter ce qui vient de Dieu.
    Mais si le sensus fidei ou sensus fidelium est une intuition spirituelle (c.-à-d. venant de l’Esprit Saint) qui est conférée par notre baptême, qu’advient-il maintenant des personnes de bonne volonté qui ne sont pas baptisées ? Je me questionne à ce sujet.

  13. J.-F. Germain Carneau dit :

    Je crois que la proposition de Jurgen Faine-Caram fait encore plus sens qu’il n’y apparait au premier abord. L’intelligence évoquée pour le cas du songe de Joseph peut certainement être reliée à l’esprit saint.

    Vous avez affirmé dans votre texte : « Un ange lui apparaît… » Il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une apparition comme celle de l’Annonciation mais de ce que l’on appelle généralement un songe. La différence est importante. L’apparition à Marie est en quelque sorte « factuelle ». D’ailleurs l’apparition objective de l’ange à Marie est appellée « annonciation » car en effet c’est une annonce, une « nouvelle », la première et fondamentale bonne nouvelle, un « contenu » livré en toute objectivité.

    Il faut dire qu’il y une forme d’annonciation dans le premier songe de Joseph mais la base est différente. L’ange donne une orientation, un conseil en vue de la réalisation de la promesse et surtout de la protection du projet. Je voudrais d’ailleurs souligner qu’outre les quatre songes de Joseph, Matthieu évoque aussi l’avertissement aux mages et le rêve de la femme de Pilate. Ce sont tous des « songes » de discernement.

    D’ailleurs le phénomène du songe est communément évoqué dans la littérature et remplit cette fonction que vous reliez à l’intelligence. Oui, je dirais avec vous qu’il s’agit d’une forme d’intelligence qui, dans le cas de Joseph, est accompagnée du support de l’intervention subjective de l’ange.

    Or le discernement, le conseil, l’intelligence sont des dons de l’esprit; c’est pourquoi je trouve l’idée d’appeller cette intelligence « sprituelle » appropriée.

  14. Colombe LeRoy dit :

    Colombe LeRoy
    @ J.-F. Germain Carneau
    Intéressante cette distinction par rapport à l’ange. Les « songes de discernement », comme vous les appelez proviennent de l’Esprit Saint. Je ne suis pas sans réfléchir à la question du « rêve » proprement dite. Et j’essaie de saisir la différence entre les deux. Nous rêvons tous, je parle ici durant le sommeil, mais comment se fait-il que nous puissions reconnaître qu’un « songe » est différent d’un « rêve » ? Pourquoi l’un vient de l’Esprit et l’autre non ? Permettez-moi de donner quelques réflexions qui me sont venues et de tenter une explication malgré mon manque de compétence en psychanalyse du rêve.
    Selon une définition de Carl Gustave Yung, les rêves correspondraient à « l’expression la meilleure possible de l’état psychique inconscient du moment ».
    D’après moi, le RÊVE laisse au niveau émotionnel une impression qui disparaît après un certain temps. Le SONGE quant à lui, semble laisser une marque indélébile en celui qui le reçoit, une forte conviction qu’il s’agit là d’un message « reçu du ciel ». Avec le songe, malgré sa texture souvent hirsute, en dehors de nos schèmes humains, nous avons la certitude qu’il s’agit bien d’un contact avec « l’au-delà ».
    J’aimerais savoir si cela fait du sens pour vous.

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