Les Québécois aiment les humoristes. Ces derniers sont peut-être nés avec la Révolution tranquille : que de grivoiseries à exploiter librement et joyeusement ! Il faut dire que notre société était affligée de plusieurs travers qui méritaient bien quelques caricatures.
Micheline Lachance se souvient d’un monologue du groupe d’humoristes les Cyniques : « La visite à l’Oratoire » (http://www.lactualite.com/societe/frere-andre-la-fabrication-dun-saint). Dans ce monologue, le hall des miracles devient le Miracle Mart, on vend des hot-dogs reliques-moutarde et un Ti-gars s’amuse à sortir le cœur du frère André de son bocal… Le sain motif justifiant cette tirade contre l’Oratoire : dénoncer « la commercialisation du culte ». Si le cynisme comporte toujours une part de vérité, le mépris des « laïcs » à l’égard d’André Bessette reste bien réel, à mon sens.
Je le perçois dans la manière dont Jacques Languirand, animateur de radio bien connu, évoque, à propos d’André Bessette, l’effet placebo comme « le plus grand agent de guérison de tous les temps ». Il y a du vrai dans l’effet placebo, bien sûr, mais avouez que la belle voix pontifiante de l’animateur s’harmonise bien avec la condescendance pour transformer le frère André en frère Placebo.
Je le perçois aussi dans le fait que sur l’échelle sociale laïque, André Bessette est associé, invariablement ou presque, aux gagne-petit, aux exclus, aux marginaux, aux laissés-pour-compte, aux blessés de la vie, au monde ordinaire, icône d’une époque somme toute révolue. Comment pourrait-il inspirer les classes privilégiées et les générations nouvelles ? Qui a encore besoin du « gros bon sens paysan » de ce frère Péquenot?
Francine D. Pelletier
Demain : « André Bessette et Harry Potter »