Mes blogues doivent beaucoup à Micheline Lachance. Je l’avais entendue à Radio-Canada commenter l’annonce de la canonisation du « frère André », le 19 février dernier. Sa manière de décrire André Bessette comme un « obscur portier », sans art ni culture, m’avait fait réagir, je l’avoue, et cette réaction a servi de bougie d’allumage pour certains de mes blogues qui traitent des biographies de saints. Dans son nouvel article : « Comment on fabrique un saint » (http://www.lactualite.com/societe/frere-andre-la-fabrication-dun-saint), le mot « obscur » est encore accolé à celui de « portier » : « l’obscur portier du collège Notre-Dame », « un obscur portier, illettré »; ou remplacé par : « L’humble portier ».
Par contre, je note que l’auteure préfère évoquer André Bessette comme « thaumaturge » (cinq fois) et « guérisseur » (quatre fois). En bonne historienne, Micheline Lachance n’élude cependant pas le fait qu’André Bessette lui-même ne se voyait pas du tout ainsi. Elle cite deux témoignages à ce sujet : « Le frère André souffrait de voir qu’on lui attribuait un don de guérison, alors qu’il se voyait comme le commissionnaire de saint Joseph » et « Il avait la confiance absolue que les malades guériraient grâce à saint Joseph ». Et elle cite André Bessette lui-même : « Frottez-vous avec de l’huile et saint Joseph fera le reste ».
« Le frère André souffrait de voir qu’on lui attribuait un don de guérison » : souffrait-il dans sa modestie ou parce qu’en lui attribuant les miracles et les guérisons, on se détournait du véritable enjeu, la puissance de Joseph dont il se considérait le « commissionnaire » ? Je pense que beaucoup de biographies penchent pour la première hypothèse et peu pour la seconde qui m’interpelle davantage.
Et vous, quelle hypothèse vous semble la plus appropriée ? Qui était André Bessette : un thaumaturge modeste ou le commissionnaire de Joseph ?
Francine D. Pelletier
Demain : « André Bessette et sa dévotion »