J’ai plusieurs fois entendu cette exclamation de gens qui avaient eu le malheur d’attendre quelques secondes en voiture avant de doubler un cycliste sur la route. Interminable contournement d’une race d’usagers de la route que l’on préférait voir disparaître. Il est vrai que parmi les moyens de locomotion qui s’offrent à nous, les gens pressés choisiront rarement la bicyclette. Mais en dehors des comportements souvent répréhensibles et des cyclistes et des automobilites, la bicyclette suggère par nature une alternative à nos déplacements fébriles: le voyage lent.
En tant que cycliste amateur, j’apprécie énormément le temps de voir, le temps de sentir les odeurs, le vent dans mes vêtements, le temps de m’arrêter dans l’instant que me laisse le voyage à vélo. Un peu comme tous ces voyageurs des siècles passés, à pied, en calèche ou à cheval, qui avaient le temps de vivre leur voyage.
Ou même comme Joseph, qui a dû à maintes reprises entreprendre de longs voyages: le recensement à Bethléem, la fuite en Égypte, les pèlerinages annuels à Jérusalem, etc. Ces voyages se faisaient à pied ou à dos d’âne, souvent en caravanes, où il devait de toute façon y avoir de « maudits ânes » qui refusaient d’avancer et qu’il fallait contourner…
N’importe, dans ces voyages au rythme modéré, Joseph ou toute personne sensible à cette réalité peut saisir une occasion d’intimité avec Dieu, d’écoute ressourçante d’où on revient avec le sentiment d’avoir fait le plein.
Je me souviens il y a plusieurs années, d’avoir été saisi carrément par une bouffée de parfums de fleurs lors d’une ballade, un vrai choc olfactif. Cela m’avait fait tellement de bien que j’y ai reconnu un petit cadeau du ciel.
Un écrivain français dont j’oublie le nom avait écrit, au moment de l’apparition du train: « Adieu, voyages lent… » La voiture et le vélo ne feront peut-être jamais un mariage d’amour, mais un mariage de raison serait un bon départ…