Le symbole et le réel – p. 4

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1.3 L’hypothèse du symbole comme langage

Une conception du langage en tant que réparti sur deux pôles, le symbole et le signe, est d’un grand intérêt. On peut alors poser le symbole à une extrémité du langage, le situant du côté du mythe, ce qui permet de proposer des nuances importantes, de même qu’une théorie améliorée de la fonction symbolique.

Pour résumer la pensée de Chauvet, le langage s’échelonne en quelque sorte entre le symbole et le signe. Cette distinction entre les deux termes, ou pôles, le théologien l’emprunte à Edmond Ortigues, qu’il cite ici:

Le symbole ne renvoie pas comme le signe à quelque chose d’un autre ordre que lui-même, mais il a pour fonction de nous introduire dans un ordre dont il fait lui-même partie et qui se présuppose dans son altérité radicale comme ordre signifiant.[9]

Le symbole «signifie» donc en prenant part à ce qu’il signifie, il est en quelque sorte «consubstantiel» à son objet. Quant au signe, à l’extrême, il peut être considéré comme arbitraire. On peut donc poser le symbolique comme langage, ou plutôt comme l’un des pôles du langage; en ce sens, un symbole renvoie à une réalité, la signifie, au même titre que le signe, bien que de façon différente.

À cet égard, il faut reconnaître ce que Gilbert Durand affirme avec justesse :

De nombreux auteurs ont […] remarqué l’extrême confusion qui règne dans la trop riche terminologie de l’imaginaire : signes, images, symboles, allégories, emblèmes, archétypes, schémas, schèmes, illustrations, représentations schématiques, diagrammes et synepsies sont (des) termes indifféremment employés par les analystes de l’imaginaire.[10]

Ce fait est indéniable. Des penseurs dont l’autorité n’est pas à discuter tels Mircea Eliade, Dan Sperber et bien d’autres, emploient particulièrement les mots «mythe» et «symbole», indifféremment, au fil des phrases. Cette indistinction pourrait s’expliquer par une grande parenté entre les deux idées, mais ne se justifie pas au point de vue étymologique, les deux mots ayant un sens propre bien défini. Les distinctions que cet essai tente d’établir tiendront compte de la valence significative que nous livre l’étymologie.

Il y aura des prises de position qui contrediront superficiellement la pensée de certaines autorités, mais, comme on le verra, l’essentiel sera sauf.

En ce qui a trait aux termes «le symbolique», «la symbolique», «le symbolisme», on s’en tiendra généralement aux idées de Chauvet[11]. Brièvement, le symbolique est l’aspect langagier, culturel, la structure, le code; la symbolique est en quelque sorte l’aspect préconscient, fantasmatique et onirique du symbole; le symbolisme est l’ensemble du réseau des symboles sans égard à sa structure.

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[9]. Ibid., p. 39.
[10]. Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l’imaginaire, p. 60.
[11]. Chauvet, op. cit., 14-15.

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