Joyeux 400e M. de Maisonneuve!

L’année 2012 vient de se terminer, marquée par le 400e anniversaire de l’un des fondateurs de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve. Les festivités n’ont pas fait grand bruit… ont-elles réellement rendu hommage à ce fondateur? Quoi qu’il en soit, je voudrais ici souligner un aspect peu connu de sa personnalité: sa jovialité et sa constance dans l’adversité.

C’est le 15 février 1612 que nait Paul, fils aîné de l’une des meilleures familles de Champagne. Il fut choisi pour la mission de Ville-Marie, pour ses qualités de chef, sa valeur militaire, et son adhésion aux motifs de la fondation.

Nous ne sommes pas les premiers à le fêter! Au tout début des fondations, lors du premier hiver à Québec, les Montréalistes n’ont pas raté l’occasion de souligner sa fête.

En effet, selon ce qui est rapporté par nos historiens, Maisonneuve a été fêté à Québec, le 25 janvier 1642. Pourquoi en janvier et non en février? C’est qu’au 17e siècle, les anniversaires étaient célébrés le jour de la fête patronale. Paul de Tarse étant le patron de Paul de Chomedey de Maisonneuve, la fête de ce dernier était donc soulignée le 25 janvier, et non le 15 février, jour de sa naissance. Les anniversaires célébrés le jour de la naissance ne datent que du 20e siècle.

Revenons maintenant sur la toute première fête de Maisonneuve en Nouvelle-France pour saisir l’esprit de ce fondateur et de son équipe. Maisonneuve était sur le point de fêter ses 30 ans. A l’époque, on fêtait avec l’artillerie: mousquets, arquebuses, canon et pierres à feu, Ce jour-là, raconte l’historien Michel Faillon http://genealogistes-associes.ca/Bulletins-arch/anniversaire-120.php, à 6 heures du matin, une heure et demie avant le lever du jour, Jeanne Mance, qui s’était préparée dans le plus grand secret avec les membres de l’équipage, donna ordre de tirer les mousquets et le canon en l’honneur de sa fête. En reconnaissance d’une telle marque d’attention, Maisonneuve donna congé à ses hommes toute la journée et les fit se régaler d’un bon repas. Une heure après la tombée du jour on entendit de nouvelles décharges en son honneur. Le premier février suivant, en l’octave de la fête de Maisonneuve, celui-ci décréta une autre journée complète de festivités.

On peut voir que malgré l’exigence et le sérieux de l’entreprise de Ville-Marie, on y avait l’esprit à la fête! Maisonneuve n’était pas homme à se laisser abattre par les difficultés. Dans les moments difficiles, il partageait certains soucis avec des proches, dans une atmosphère détendue par le rire.

«Il était sans pareil en constance dans l’adversité. Ce qui aurait attristé un autre ou mis en colère ne faisait que le faire rire et mieux divertir, trouvant des avantages, à ce qu’il disait, dans ces disgrâces qu’on ne savait pas. Quand il avait des sujets de chagrin, il rendait visite à ma sœur de Brésoles ou à la sœur Bourgeoys afin de rire à plaisir. Elles riaient aussi avec lui et lui montraient grande joie de ses peines, ce qu’il aimait beaucoup. Monsieur de Souart [Gabriel Souart sulpicien (1611-1691), médecin et maître d’école], était aussi de ses amis dans ces occasions. Je les ai vus rire des heures entières pour semblables sujets, &c. […]» (rapporté par Marie Morin, 1679).

Le cœur était généralement à la fête et les relations joviales en Nouvelle-France. La musique faisait partie du tableau quotidien et tout porte à croire que Maisonneuve avait apporté son luth en Nouvelle-France selon l’historien Dollier de Casson. Marie de l’Incarnation était aussi musicienne. Elle arriva en 1639 à Québec et transporta avec elle «des instruments de musique, dont des violes de gambe». En plus d’enseigner les bonnes manières aux jeunes amérindiennes et françaises, elle donnait des cours d’art, de couture, de musique et encourageait la danse. Et, nul doute que la compagnie dynamique de Mme de la Peltrie n’ait contribué à égayer l’atmosphère.

Aux célébrations du 400e, il fut beaucoup question d’archéologie. Retrouver des vestiges des années de fondations peut s’avérer passionnant, mais nous apprend peu sur la personnalité du fondateur et son envergure. Son legs est pourtant beaucoup plus qu’un patrimoine archéologique. À la veille du 25 janvier 2013, sa fête patronale, et au terme du 400e anniversaire, il serait intéressant de s’en inspirer pour puiser courage, joie de vivre et constance dans l’adversité.

Bonne fête encore M. de Maisonneuve!         et à son patron Paul de Tarse!

Colombe LeRoy

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3 Responses to Joyeux 400e M. de Maisonneuve!

  1. Anne dit :

    Bonjour Madame Le Roy,

    Vous dites juste en disant qu’on accorde beaucoup d’importance au patrimoine archéologique. Il faut effectivement aussi se pencher sur l’esprit qui habitait les gens à cette époque et je suis contente de savoir qu’il y avait beaucoup de joie dans le don de ces personnes.

  2. Odélia B. dit :

    Ce serait vraiment intéressant une fête pour Jeanne-Mance et Maisonneuve, afin que l’on mette en relief leurs personnalités et les faits intéressants de la fondation. Il y a bien sûr le 24 juin, ou défilent les personnages géants, une idée artistique très intéressante . Cependant dans l’ensemble, la fête nationale me semble trop politisée, axée seulement sur la langue, et récupérée par la tendance indépendantiste. Cela risque d’être une assemblée aux prises avec des pressions revendicatrices et non une fête. Une fête où l’on présenterait nos fondateurs et bien de leurs collaborateurs et collaboratrices quasi inconnues nous aiderait à retrouver notre véritable identité. Je crois que les groupes qui ont à coeur ces réalités devraient s’impliquer davantage. « Nos ancêtres » c’est plus que de l’archéologie, des manuels poussiéreux, ou un musée évocateur et même le fait de parler une langue … Sans sous-estimer ces apports essentiels, il y a un dynamisme festif qui s’appuie non sur un linéaire reléguant nos ancêtres uniquement au passé, mais sur une surperposition, d’une compénétration qui les rend présents maintenant, car ici et maintenant nous bénéficions de leurs coeurs ardents, de leurs efforts , de la sueur joyeuse de leur front dans un projet qui s’en va quelque part. Il serait bon de savoir d’où nous venons et où nous allons, comme de vrais canadiens français! La reconnaissance, ça prend souvent des airs de fête!

  3. Lucie dit :

    Paul Chomedey de Maisonneuve est bien dans la tradition de son patron Paul de Tarse qui nous parle dans la liturgie de ce jour des membres de l’Eglise qui ne forment qu’un seul corps: « Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. » 1 Cor 12, 26
    Et aussi dans la tradition de Paul, juif, dans ce texte de Néhémie de ce jour: « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

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