Kateri «verte»?

Lorsque nous réfléchissons sur les autochtones, nous leur attribuons souvent une sorte de vénération pour notre Mère la Terre. C’est le cas par exemple de M. Ron Boyer, vice-postulateur de la cause de canonisation de Kateri, pour qui la spiritualité de Kateri est en lien avec notre Mère la Terre. Pour les Amérindiens, «La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre». Nous n’avons qu’à parcourir quelques sites internet pour nous en rendre compte. Pour faire une synthèse rapide de leur spiritualité, ceux-ci croyaient au Grand Esprit invisible et bienveillant qui se servait d’éléments naturels comme intermédiaires pour s’adresser aux hommes: les animaux, les plantes, l’eau, le vent… Sous l’œil vigilant du Grand Esprit, chaque être vivant jouait un rôle important et la maladie était interprétée comme un manque d’harmonie avec la nature. La maladie était parfois perçue comme un sort jeté par un méchant sorcier; ce fut le cas pour Isaac Jogues accusé d’avoir été à l’origine de maladies et de mauvaises récoltes suite à la signature d’un traité de paix avec les Agniers.

Quoiqu’il en soit, les éléments naturels pouvaient apporter la guérison, et la clémence du Grand-Esprit être manifestée à nouveau. La relation entre Terre et autochtones était donc tissée très serrée. Souvent menacés par la nature ou réconfortés par elle, ils mettaient leur confiance dans le Grand-Esprit et Celui-ci leur venait en aide en se servant d’éléments de la nature. Nul doute que ces peuples ont acquis des connaissances particulières et ont découvert des remèdes naturels à certains maux. D’ailleurs, actuellement la pratique de nouvelles thérapies à base d’éléments pris directement dans la nature devient de plus en plus fréquente et certaines maladies peuvent être traitées avec succès.

Mais qu’en est-il pour Kateri? A-t-elle vénéré notre Mère la Terre?

L’expression Terre-Mère est très ancienne et bien connue dans la mythologie grecque. Elle fut reprise par un scientifique du nom de James Lovelock, dans les années 70, qui s’appuyait sur certaines de ses expériences pour affirmer que la terre était un être vivant.

«Selon lui, la Terre est un système intelligent, s’autorégulant, et voulant permettre le développement de la Vie, objectif permis au moyen des lois gaïennes.» Il la nomme du nom de Gaïa, emprunté de la mythologie grecque et signifiant la déesse mère.

À mon avis, en statuant que la terre en elle-même est un être vivant, jusqu’à porter le titre de déesse, l’auteur s’éloigne de ses observations scientifiques. Il pousse ses réflexions au-delà d’un constat objectif en affirmant que Gaïa peut avoir une dimension d’un tout autre ordre: «C’est pour moi une profonde satisfaction que Gaïa puisse être une entité à la fois spirituelle et scientifique».

À la lumière de ce qui a été énoncé, je ne crois pas que Kateri ait porté un culte à la Terre-Mère. Oui, elle vivait proche de la nature mais vivre proche de la nature ne signifie pas «vénérer la Terre-Mère». Pour elle, la terre était un lieu où s’exerçait la bonté de Dieu à travers sa création.

En assurant notre subsistance à tous les niveaux, la terre nous met en relation avec Dieu, créateur et clément, qui répond à nos besoins concrets. L’homme considère ainsi la terre comme son alliée, amie et pourvoyeuse.

Colombe LeRoy

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1 Responses to Kateri «verte»?

  1. Sophie dit :

    Kateri était chrétienne et aimait Dieu, créateur, de la terre et de tout ce qu’elle contient.
    Le nom qu’elle a reçu de sa mère témoigne déjà de ses orientations.
    Kahenta, voulait choisir un nom chrétien pour sa fille, mais a dû suivre l’usage de son époux iroquois, lui donnant un nom à partir d’élément de la nature.
    Elle l’a appelé « Uasheshkun », ce qui signifie clarté du ciel ou ciel clair.
    Elle a réussi à combiner l’aspect naturel et spirituel dans ce nom car le mot ciel s’entend à 2 niveaux.
    Si Clarté-du-Ciel avait eu la moindre attirance à rendre un culte à la terre mère, elle aurait suivi les coutumes de la famille iroquoise qui l’a adoptée lorsqu’elle fut orpheline à 4 ans…
    J’aime bien la façon de voir la terre comme notre sœur plutôt que notre mère…

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