La partie immergée de l’iceberg

Au cinéma, quelle proportion les acteurs et actrices représentent-ils de la masse de ceux qui sont requis pour réaliser un film? Je ne saurais avancer un nombre, mais c’est assez peu je pense, à en juger par la longueur des génériques. Un ami vient d’aller voir le Cirque du Soleil en spectacle; grandiose, rien de moins. L’entreprise compte quatre mille employés, dont le quart seulement vient vous épater sur scène. Qu’est-ce à dire?

Paul Chomedey de Maisonneuve est considéré comme fondateur de Ville-Marie, mais a-t-il agi seul? Bien sûr que non, mais cela demeure mal connu. Dans l’introduction aux Véritables motifs, p. XVII, H.-A. Verreau affirme:

 Il faut avouer que jusqu’à présent la ville de Montréal a fait preuve d’une très grande indifférence à l’endroit de ceux qui lui ont donné l’existence. Sans doute, M. de Maisonneuve et ses ouvriers ont bien mérité de la postérité par leur dévouement; mais nous ne devons pas oublier que les véritables fondateurs de Montréal sont ceux qui en ont conçu le dessein, qui ont travaillé à son exécution et pourvu à toutes les dépenses. Or, c’est là le mérite des Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal.

Les grandes œuvres comme Montréal trouvent souvent leurs initiatives en dehors du cadre spatial où elles se réalisent. Mais cette matrice extérieure est moins visible, donc plus difficile à apprécier. Monsieur Verreau souligne même que ceux qui «ont conçu le dessein de Montréal» se méritent un crédit supplémentaire: «les véritables fondateurs». Ces gens qui soutiennent dans l’ombre ont la particularité de posséder des moyens, financiers ou autres. Des riches et des influents, autrement dit.

Cette considération me porte à m’interroger sur ce qui m’apparaît une injustice très répandue aujourd’hui, celle de regarder d’un mauvais œil les riches, comme s’ils étaient par définition les ennemis du reste de la société. Pourtant, il fallait bien un Guy Laliberté pour bâtir le Cirque du Soleil (dont nous sommes assez fiers je crois bien), une famille Molson pour racheter le Canadien de Montréal (dont nous sommes encore TRÈS fiers) ou une famille Bombardier pour faire travailler des milliers de personnes. Il s’agit de ce qu’on fait de son argent.

Je trouve formidable que des dizaines de personnes nanties aient conjugué leurs ressources pour la fondation de Ville-Marie, un projet qui n’avait rien de commercial.

Souhaitons qu’un geste comme la reconnaissance de Jeanne Mance en tant que fondatrice de Montréal aide à rappeler le concours de cette société fondatrice dont elle et Paul Chomedey étaient les délégués.

Patrick Trottier

Ce contenu a été publié dans Blogues, Patrick Trottier. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée.

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.