Comment expliquer la vague orange au Québec lors des élections fédérales du 2 mai dernier? Ceux qui ont utilisé la boussole électorale sur le site de Radio-Canada (Le principe de la boussole électorale) ont-ils été convaincus de voter plus à gauche parce que leurs opinions se rapprochaient davantage des positions du Nouveau Parti Démocratique de Jack Layton? Je ne le crois pas. Un autre facteur entre en jeu, celui de la vague justement.
La vague en politique a ceci d’attrayant qu’elle soulève l’enthousiasme, spontanément, qu’elle change la donne et que nombreux sont ceux qui la prennent. D’où vient-elle, où va-t-elle et que charrie-t-elle? On ne le sait pas? Qu’importe! On prend le risque! Le rivage sur lequel on va échouer n’a pas besoin d’être connu. C’est comme une utopie : l’espoir d’un monde meilleur!
Mais voilà. Les idéologues connaissent bien le mécanisme de la vague et le pouvoir de l’espérance en politique. S’ils ne sont pas absolument capables de créer une vague de toutes pièces, ils savent comment exploiter celles qui se forment et qui ont potentiellement la puissance nécessaire pour faire surfer leur idéologie.
D’où l’importance de baser ses choix sur des principes plus profonds pour se prémunir contre les effets pervers de l’engouement politique.
Francine D. Pelletier
Pouvez-vous nous expliquer davantage la teneur de la vague NPD au Québec, son lien passé et encore actuel avec l’Internationale socialiste, l’exploitation de l’espérance humaine par des idéologues, comment peut-on susciter si aisément des engouements politiques, comment expliquer que les bloquistes aient passer si facilement au NPD, est-ce la même idéologie qui prévaut? Il vaut mieux être surpris avant l’implantation d’un pouvoir qu’après.
Je vous remercie pour votre article. Selon moi, la vague orange a commencé à se former lors du démarrage de la révolution tranquille en 1960 et même avant. Comme vous l’avez indiqué dans votre article sur la boussole electorale, trois des quatre partis en liste au Québec étaient de gauche, c’est beaucoup. Cette pensée est donc très présente chez nous. Cette vague est supportée par les médias d’ici, incluant Radio-Canada depuis longtemps. Le NPD a recueilli les fruits que d’autres ont semés, surtout le PQ qui a lui-même appliqué pour devenir membre de l’International socialiste dans les années 80. Je pense que cette vague orange « fédéraliste » marque la fin de la période séparatiste au Québec; cependant elle indique aussi que la pensée socialiste est plus forte que jamais.
Alerte orange!
Tout le monde a droit à son idée. Il s’agit cependant de savoir où mène notre idée.
On a le droit de voter NPD, mais si on ignore qu’il fait officiellement partie de l’Internationale Socialiste, il faut savoir qu’on s’affilie à une forme revisitée du communisme. En effet, monsieur Jack Layton a sa carte d’adhésion en bonne et due forme.
Évidemment, le Québec n’avait pas un éventail de choix bien garni. Le Parti conservateur ne représente pas l’ensemble des valeurs des Québécois. Les Libéraux sont en chute libre, bien méritée à mon sens. Les députés du Bloc ont assez bien travaillé sur place, mais n’ont jamais vraiment fait le poids au Parlement canadien.
Alors le NPD devient le «sauve qui peut». Est-ce vraiment un choix idéologique? Je ne crois pas. Ayant parlé à des personnes de diverses provenances avant les élections, j’ai été surprise de constater que plusieurs ne connaissaient pas les candidats qui briguaient leurs suffrages; elles n’en savaient que le nom pour pouvoir reconnaître, dans l’isoloir, qui représentait le NPD. Et du NPD, elles ne savaient pas grand-chose non plus. Le vote de toute évidence s’est fait en réaction avec un passé décevant pour beaucoup. Mais de quoi sera fait l’avenir?
L’hypothèse a été lancée, par quelque citoyen du moins, à l’effet que le NPD constituerait un Cheval de Troie et, qu’ayant pénétré au Québec, il pourrait ainsi prendre le contrôle du Canada tout entier. C’est une hypothèse, mais il faudrait bien réfléchir, et vite, si nous ne voulons pas nous retrouver, après la vague orange, à devoir sonner l’alerte «rouge» d’une percée communiste au Canada; il sera peut-être alors trop tard pour empêcher que n’advienne ce que nous n’avions pas réellement choisi en votant NPD.
Cela dit sans mépris à l’égard de M. Layton; sa façon de se comporter dans le jeu parlementaire face au prochain gouvernement formé par M. Harper nous révèlera notre erreur ou le bien fondé de notre choix.
Depuis un certain temps, nous discutons sur l’Internationale Socialiste. Cela a piqué ma curiosité alors je suis allée voir sur internet. Leurs grandes orientations ne semblent pas problématiques au premier abord. En effet protéger les droits et libertés des individus, des sociétés et des orientations politiques, améliorer notre environnement, travailler à la paix dans le monde, éliminer les actes terroristes, respecter les croyances et/ou les idéologies de chacun et renforcer la démocratie au niveau mondial, est-ce que ces objectifs posent problème? Quelqu’un pourrait-il élaborer un peu plus sur ses craintes?
Je ne sais pas si cela suffit à expliquer la vague orange, mais, aujourd’hui, sur Cyberpresse, il y a un article qui commente un récent sondage sur le phénomène: le goût du changement serait à la base du succès du NPD au Québec et non un vote relatif à l’axe gauche-droite ou fédéraliste-souverainiste.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/201105/20/01-4401339-la-vague-orange-sexplique-par-le-gout-du-changement.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS2