J’achève la lecture d’un livre vraiment intéressant qui traite de la manière de mieux utiliser son temps, en vue de vivre moins stressé. Dans «Le nouvel art du temps», Jean-Louis Servan-Schreiber expose une parabole qui colle bien au thème de mon blogue «N’oublions pas de respirer», lequel traite de l’importance à accorder aux orientations profondes de notre vie. Je me permets de retranscrire cette parabole ici, car elle aborde la même question par une avenue différente:
«Une petite parabole pour finir: la démonstration d’un expert américain en gestion de temps. Devant ses étudiants, il prend un seau et le remplit d’une douzaine de gros cailloux qu’il pose un par un. « Le seau est-il plein? » leur demande-t-il. « Oui », dit la classe.
« Vraiment? » Il sort un sac de petits graviers et le vide dans le seau, où ils trouvent leur place. « Et maintenant, il est plein? » « Peut-être pas », répondent les étudiants, devenus prudents.
Le professeur prend alors un récipient plein de sable, secoue le seau pour que les pierres de différentes tailles se tassent et verse le sable dans le seau. « Ça y est, c’est plein? » « Non! » crie la salle, par zèle.
L’expert s’empare donc d’une grande bouteille d’eau, qu’il vide intégralement dans le même seau, jusqu’à ce que le liquide affleure à ras bord. Il se tourne vers sa classe. « Quel est l’objet de cette démonstration? » lance-t-il. Un étudiant lève bravement le doigt: « C’est pour montrer que même si l’on croit avoir un emploi du temps bourré, on peut toujours y faire tenir quelque chose en plus.
-Non, réplique le prof, ce que je voulais seulement vous rappeler, c’est que si vous ne placez pas vos gros cailloux en premier, vous n’arriverez jamais, ensuite, à les faire rentrer. »
Quels sont les « gros cailloux » de votre vie?(…) »
SERVAN-SCHREIBER, Jean-Louis, «Le nouvel art du temps», Paris, Albin Michel, 2000, pp. 209-210.
Le seau, c’est le temps dont nous disposons. Il est le même pour tous; que nous soyons riches ou pauvres, érudits ou peu instruits, astucieux ou malhabiles, nous disposons tous de la même tranche de vingt-quatre heures dans chaque journée. La succession plus ou moins nombreuse de ces tranches conduit à l’aboutissement de notre vie. Ce temps est irremplaçable. Le temps perdu l’est toujours pour de bon.
Il importe de bien identifier ses objectifs de vie afin de faire un usage approprié de son temps. Ainsi, ceux qui aiment Dieu et veulent s’en approcher lui consacreront du temps, tout comme quiconque veut soigner sa vie de famille ne peut espérer de bons résultats sans lui consacrer du temps. Saint André Bessette le disait clairement un beau jour à un homme marié, à peu près en ces termes : «Que dirait votre femme si vous ne lui donniez jamais de marques d’affection? Que vous ne l’aimez pas. Eh bien, pour Dieu c’est pareil.» Donner une marque d’affection peut se traduire ainsi : «Prendre du temps pour témoigner son amour».
Joseph n’avait-il pas ses gros cailloux? Je crois bien: Marie et Jésus, quels gros cailloux! N’a-t-il pas investi beaucoup d’heures de sa vie dans le soutien de cette famille, lui qui était conscient d’avoir épousé une descendante directe de David et d’être le père de l’héritier de la promesse faite à ce roi? Et Marie, de son côté, conservait les événements qui lui arrivaient et les méditait dans son coeur, comme nous le rapporte l’évangile, ce qui implique du temps.
Réalisons-nous suffisamment que notre temps revêt un caractère précieux?
Patrick Trottier