Deux mondes en notre village

Tarascon. Une journée splendide mais il fait une chaleur humide, pesante même, malgré les « légers » 26 degrés. Le château semble vouloir s’imposer face à la belle église de Marthe. Il se dresse, un peu orgueilleux, comme un lourd rappel de la violence dans l’histoire avec ses grilles et ses meurtrières. À son entrée on peut y lire en ce 11 septembre: «Musée imaginaire du Moyen Age, Bêtes, Monstres et Bestioles, dialogues autour du Moyen Age et de la création contemporaine.» On ne peut s’empêcher d’y voir comme une nouvelle Tarasque qui cherche sa vengeance d’avoir été si prestement et si puissamment vaincu par cette femme juive venue de l’autre bout de la mer avec son message incongru et ses manières de chef. Comme pour confirmer cette impression, on a eu droit à un mauvais accueil du patron du restaurant sis juste en face du monstre-musée des Bêtes…

Heureusement, nous attendait, à cent pas, la patronne de l’accueil, Marthe, puissante et désormais sereine après avoir elle aussi reçu la meilleure part et après avoir confessé, en contrepoint de Pierre : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.» (Mt 16, 16)

«Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur. C’était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c’était son frère Lazare qui était malade. Les sœurs envoyèrent dire à Jésus: «Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade». Après avoir entendu cela, Jésus dit: «cette maladie ne mènera point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle». Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare. Lors donc qu’il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était, et il dit ensuite aux disciples : «Retournons en Judée». Les disciples lui dirent: «Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée!» Jésus répondit: «n’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde; mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui». Après ces paroles, il leur dit: « Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller». Les disciples lui dirent: «Seigneur, s’il dort, il sera guéri». Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement: «Lazare est mort. Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n’étais pas là. Mais allons vers lui». Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui. Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre. Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera». Jésus lui dit: «ton frère ressuscitera. Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. Jésus lui dit: je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela? Elle lui dit: oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde». (Jn 11, 1-27. Bible de Jérusalem)

Si Madeleine fut celle qui, la première, vit le ressuscité, Marthe, sa soeur, fut la première qui proclama sa foi en la résurrection. Il y a donc encore deux mondes en notre village car tout n’est pas encore accompli. Mais au bout du temps se réalisera le projet de Dieu, tel que l’exprima François De Sales, visiteur de Tarascon et dévot à la belle Marthe, dans cette formule qui orne une plaque à l’entrée de la crypte: «Laissons couler le temps avec lequel nous nous écoulons petit à petit pour être transformés en la gloire des enfants de Dieu.»

Jean-Marc Rufiange

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