Les amateurs de bifteck dédaignent les supermarchés. Ils vont plutôt choisir leur régal dans une boucherie spécialisée qui se donne la peine de faire vieillir sa viande. Je dis « se donne la peine » parce que pour offrir de la vraie bonne viande à ses clients, il faut y mettre le prix. J’élève mes propres animaux; une fois abattus, je fais vieillir les carcasses de boeufs chez moi pendant quatre semaines avant de les débiter. Résultat : une tendreté et une saveur de haut niveau. Mais je dois composer avec deux inconvénients importants : mon travail est beaucoup plus long (nettoyage de toutes les surfaces desséchées) et je subis des pertes de viande plus grandes. Dans les supermarchés la viande n’a souvent que quelques jours, c’est tout juste si l’animal ne gigote pas encore dans le comptoir.
Il faut du temps et de l’effort pour produire de la qualité. Quel avantage tirerais-je de l’élevage de mes animaux, au-delà de ma stricte subsistance, si je coupais court à certaines étapes ? Certes je gagnerais du temps, j’épargnerais de l’argent (peut-être pas tant que ça après tout…) mais en sacrifiant de la qualité.
Nous avons la chance de vivre dans un pays riche. Les plus pauvres parmi nous font l’envie de moins pauvres d’ailleurs. Les ressources matérielles nous sortent par les oreilles, mais jouissons-nous réellement de notre abondance ? En sommes-nous de bons gestionnaires ?
Quand nos viaducs ont servi cinquante ans, nous commençons à craindre qu’ils ne nous tombent dessus. Voyez par ailleurs ces aqueducs romains deux fois millénaires : ils acheminent toujours de l’eau ! Quoi ! Le génie humain s’est-il à ce point effrité en vingt siècles ? Bravo pour le progrès.
Je me souviens avoir entendu M. Lucien Bouchard, après qu’il eût été Premier ministre, affirmer que si le Québec avait pu connaître un si bel essor à partir des années 60, il le devait à la parcimonie de M. Maurice Duplessis. Qu’on aime ou pas ce dernier, je crois que la déclaration de M. Bouchard mérite notre attention du fait de sa connaissance étendue de notre histoire. Ainsi, bien vivre dans l’abondance impliquerait une saine gestion. Il ne suffirait pas d’être riche, il faudrait savoir utiliser cette richesse. Il serait possible d’être riche et de s’environner abondamment de médiocrité.
Saint André Bessette rapportait souvent de ses voyages des sacs remplis d’argent pour son oeuvre. Il y a fort à parier qu’il veillait jalousement à ce que cet argent soit bien utilisé. Sans connaître ses comptes, on peut avoir une idée de sa gestion par l’ampleur et la pérennité de ses réalisations. Habitués que nous sommes à vivre dans l’abondance sans en connaître la valeur, ne risquons-nous pas de traiter l’héritage de saint André Bessette avec la même insouciance ?
Patrick Trottier
Il ne faudrait surtout pas perdre de vue ce trésor inestimable qu’est le St F.André qui peut faire encore plus de bien depuis qu’il est au ciel comme le cite Mme LeRoy (voir http://poste-restante.net/2010/11/11/andre-bessette-au-paradis/). Le frére André priait durant des heures et s’entrenait avec Dieu. On devrait apprendre de lui à prier et faire silence, à nous “arracher “ aux sollicitations qui nous viennent de partout, pour avoir un “espace” pour écouter Dieu, ceci pourrait transformer nos vies, et aussi puiser dans les trésors de l’Eglise, en particulier St-Joseph si méconnu.