Une définition problématique
L’ange est décrit dans la théologie classique comme un pur esprit.
Selon nous, en termes strictement logiques, cette affirmation cause problème dans la mesure où une seule « entité » peut correspondre à cette description spécifique, en l’occurrence la troisième personne de la Trinité elle-même: le Saint Esprit.
Par ailleurs, la définition de Dieu comme « pur esprit » peut elle-même poser question car, si Dieu est un pur esprit, que sont le Père, le Fils, distincts de l’Esprit Saint?
Ces définitions de l’ange et de Dieu en termes de « pur esprit » ont été formulées sur la base de l’opposition philosophique esprit/matière qui fonde une ontologie scalaire, c’est-à-dire une conception de l’être affirmant la supériorité de l’esprit sur la matière. Les êtres sont alors hiérarchisés de bas en haut, des plus matériels aux plus spirituels.
Pour ce qui est de l’ange en particulier, il y a un certain nombre de difficultés qui naissent de cette définition de « pur esprit » et des corollaires qui y sont reliés.
Un de ces corollaires suppose que l’ange est « supérieur » à l’être humain du fait de sa « pureté spirituelle ». Le principal problème de cette notion est qu’elle contredit un aspect essentiel de la pensée biblique, clairement exprimé dans le premier récit de la Genèse, qui place le ADaM – et non pas l’ange – au sommet de la Création.
Par ailleurs, le fait qu’il ne soit pas directement fait mention de la « création » des anges dans les deux récits de création pose aussi de nombreux problèmes pour ceux qui désirent réconcilier ce fait avec l’attention progressivement importante qu’on leur porte, d’abord dans la tradition juive, mais encore plus dans la tradition chrétienne et même musulmane.
Le MaLAK
Le mot hébreu מַלְאָךְ que l’on traduit en français par ange est « malak » [MLAK], traduit principalement par « angelos » dans le grec des Septantes. Il vient d’une racine primaire à laquelle on rattache le sens général de « messager, envoyé » (Strong 4397).
Mais le mot « malaka » [MLAKE], qui s’appuie sur la même racine, possède un spectre de significations nettement plus large: « occupation, travail, affaires, propriété, oeuvre, ouvrage (quelque chose de réalisé), ouvrier, fonctionnaire, service, fonction, office, affaires publiques politiques ou religieuses » (Strong 4399).
C’est aussi le mot qui évoque le « travail » de création de Élôhïm à la fin du premier récit de la création:
Et achève Élôhïm dans le jour le septième son oeuvre [MLAKTY] que il a faite et il se retire dans le jour le septième de toute son oeuvre [MLAKTY] que il a faite. (Gn 2:2)
Dans ce verset, l’appui très clair sur « toute son oeuvre » [MKL-MLAKTY] (mikol-melakto) – noter l’allitération qui appuie encore plus le sens – fait de ce « melakto » un symbole puissant de l’ensemble de l’oeuvre de Élôhïm, avec l’idée, en sous-bassement, que celui-ci est le Roi « melek » [MLK] de l’univers et ultimement le Roi de cette « armée » évoquée dans le verset précédent:
Et sont achevés les cieux et la terre et toute leur armée (assemblée). (Gn 2:2)
Cette « oeuvre », cet « ouvrage », est ce qui « montre » l’intention et l’action de son acteur.
« Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes oeuvres » (Jc 2:18). Ce passage fameux de la lettre de Jacques est très riche de significations et souligne un fait d’une grande importance: toute choses vont deux par deux, l’une est l’effet de l’autre, tandis que la première est la base de la seconde. Ainsi, s’il n’y a pas « apparition » des oeuvres, on ne saura pas s’il y a foi. Les oeuvres sont la manifestation, le symbole, la réalisation.
Le « concept » sous-jacent au terme « malak » rejoint cette idée. En stricte logique symbolique, le message n’est pas indépendant du messager et vice-versa, de sorte qu’effectivement, « tuer le messager » fait en quelque sorte disparaître le message. Réciproquement, le « malak » dépend de ce qu’il représente, de ce qui lui sert de « base », de « sens »: il n’y pas de messager s’il n’y a pas de message, il n’y a pas d’envoyé s’il n’y a pas d’envoyeur.
On pourrait donc dire que toute « apparition » angélique est un acte symbolique. Mais c’est ici que la « pensée » biblique se distingue radicalement de l’angélologie classique, dérivée en bonne partie de la pensée grecque, qui fonde l’idée que les anges forment une « classe » à part, exclusivement spirituelle, c’est-à-dire sans support concret. Car, dans le cas précis de la logique symbolique de « malak », le fait même que l’ange « apparaisse » est lourd de sens, car le « malak » en soi n’est jamais « seul », il a toujours son support « visible ».
L’angélologie classique et l’angélologie biblique
La tradition chrétienne en particulier nous a habitués à une vision de la nature des anges qui a résulté en une sorte de catégorisation générale, selon laquelle nous nous trouvons, à toute fin pratique, devant l’invention d’un nouveau « règne » au côté (ou à la suite) des règnes minéral, végétal, animal et humain.
Il faut dire que Thomas d’Aquin, surnommé le « docteur angélique », propose une hiérarchie un peu plus complexe qui situe les règnes minéral (êtres inanimés), végétal (plantes) et animal comme les trois premiers « degrés » de l’être, complétés par un quatrième, caractérisé par l’intelligence et la réflexion. Ce quatrième degré comprend sa propre hiérarchie qui monte de l’humain vers Dieu en passant par les anges. Les anges y sont donc classés comme supérieurs à l’être humain.
Pour illustrer cette tendance à la spiritualisation de l’être, dans une perspective ésotérique, on irait même jusqu’à dire que l’être humain est en quelque sorte freiné par sa matérialité et ne peut qu’aspirer à une forme « supérieure » d’être qui tendrait vers le « spirituel ».
Thomas d’Aquin ne tombe pas entièrement dans ce piège, puisqu’il conçoit la nécessité de justifier la possibilité de l’Incarnation du Fils de Dieu dans l’Homme, celui-ci étant une sorte de résumé de l’univers, un microcosme, aux confins des natures spirituelle et matérielle. Mais, selon son présupposé logique, cela n’empêche pas l’Homme d’être inférieur « ontologiquement » à l’Ange.
Or la pensée biblique, systématiquement, établit le lien essentiel du «malak » avec, selon les circonstances, l’un ou l’autre de ces « règnes » empreints de matérialité.
Et c’est là qu’on pourra trouver une réponse à la grande question: Pourquoi n’y a-t-il aucune mention des anges dans le premier récit de création? Réponse anticipée: Parce qu’ils sont « intégrés » à celle-ci.
La question de la création des anges, qui ne sont pas mentionnés dans l’hexaméron (Gn 1), a trouvé, au cours du temps, différentes solutions plus ou moins satisfaisantes. Pour la pensée catholique, à cause de la qualification de l’ange comme créature « spirituelle », « plus près » de Dieu et « supérieure » par conséquent, l’ange a été créé au tout début de la création. Le premier verset de la Genèse, qui dit que Dieu a créé le ciel et la terre, suppose que les anges ont été créés à ce moment car le ciel est leur demeure.
Mais, alors qu’il tente de répondre à la question: « L’ange a-t-il été créé avant les créatures corporelles ? », Thomas d’Aquin ouvre des portes dont la logique la plus simple peut se prévaloir:
À ce sujet, on trouve chez les saints Docteurs une double opinion. Pour la première et la plus probable, les anges auraient été créés en même temps que la nature corporelle. Les anges, en effet, font partie de l’univers ; ils ne constituent pas un univers spécial et séparé ; ils entrent, avec la nature corporelle, dans la constitution d’un seul et même univers. La preuve en est dans l’ordre des créatures entre elles : cet ordre, en effet, est le bien de l’univers dont aucune partie n’est parfaite, séparée du tout. Il ne semble donc pas probable que Dieu, dont les œuvres sont parfaites, ait créé séparément la créature angélique avant les autres créatures.
Première partie, question 61, Article 3
Pour nous, cette affirmation: les anges « ne constituent pas un univers spécial et séparé ; ils entrent, avec la nature corporelle, dans la constitution d’un seul et même univers », est très importante, car elle souligne ce fait essentiel, que l’ensemble de la création se tient et forme un tout cohérent.
Il ne reste plus qu’à envisager la création des anges non plus de façon linéaire, selon une perspective scalaire, mais synchronique, suivant laquelle le domaine que l’on peut qualifier de « spirituel » est créé en même temps que le matériel: « les anges auraient été créés en même temps que la nature corporelle », c’est bien ce que dit Thomas.
D’ailleurs, bien avant Thomas, c’est très simplement ce qu’affirme le premier verset du premier récit de création: « Au COMMENCEMENT crée Élôhïm les cieux et la terre ». Il n’y a donc pas de préséance « temporelle » des cieux sur la terre, car le COMMENCEMENT englobe la double réalité complémentaire et même systémique constituée par les cieux ET la terre. Il n’y a pas, par conséquent aussi, de préséance ontologique de l’un sur l’autre non plus.
Ainsi, au fil des jours sont créés du matériel et du spirituel qui se répondent.
L’expression « ne constituent pas un univers spécial et séparé » comporte d’autres implications, dont celle-ci du point de vue méthodologique. Alors que l’angélologie classique crée en fait une catégorie d’êtres spéciaux et séparés, spéciaux en étant indépendants de la matière et séparés, particulièrement ontologiquement, des autres créatures, on devrait pouvoir faire évoluer notre conception angélologique en explorant, au contraire, les liens étroits qui unissent les « anges » aux autres « créatures », de quelque nature qu’elles soient.
Apparition « angélique » du serpent
Dans les récits bibliques de la création, l’une des rares références interprétées comme « angéliques » apparaît dans le récit de la Chute en Genèse 3. Concrètement, il s’agit du « Serpent »: NaHaSh, en hébreu. L’introduction de celui-ci doit donc être analysée avec attention:
Et le NaHaSh est avisé plus que tout vivant du champ que a fait IAOÉ Élôhïm (Gn 3:1)
L’apparition du NaHaSh, un « animal » doué de parole, ouvre une première porte à l’existence, dans le jardin, d’un autre être pensant, un intellect, à part le ADaM et, bien sûr, IAOÉ Élôhïm.
La seconde partie du passage passe trop souvent inaperçue. Il y est dit deux choses:
- Que le NaHaSh est classé parmi les « vivants du champ » [HIT ESDE] (Haït asadé);
- Qu’il a été « fait » par IAOÉ Élôhïm.
Commençons par le deuxième point: il a été « fait ». Le mot employé ici est « asa » [OSE] et non pas le mot « itser » [IΣR] comme dans Gn 2:19:
L’Éternel Dieu forma [IΣR] de la terre tous les animaux des champs [HIT ESDE] (Haït asadé).
L’emploi de « asa » [OSE] dans le cas du NaHaSh revêt alors une importance capitale, car il renvoie au premier récit de la création où ce mot comporte une puissance significative majeure, exprimant une des formes de l’action créatrice de Élôhïm et les résultats de celle-ci:
Et FAIT Élôhïm les deux luminaires (Gn 1:16)
Et FAIT Élôhïm les vivants de la terre (animaux) (Gn 1:25)
Et dit Élôhïm FAISONS ADaM (Gn 1:26)
Et surtout, finalement:
Et voit Élôhïm tout ce que il FAIT [OSE]. Et voici BON extrêmement! (Gn 1:31)
Dans cette foulée, ce qui doit ressortir de Gn 3:1 est que, initialement, dans ce premier moment de la présence du NaHaSh au jardin, celui-ci est BON!
De plus, étant un parmi les « vivants du champ », le NaHaSh a reçu son nom du ADaM:
Il appelle, le ADaM, des noms sur tout(e) bête, oiseau des cieux et tout vivant du champ. (Gn 2:19)
Cet acte de « nomination » répond à celui de Élôhïm dans le premier récit de la création: « Et nomme Élôhïm la lumière ‘jour’ », « et nomme Élôhïm le firmament ‘cieux’ », etc. Cette capacité de « nommer » confère à son auteur, Dieu d’abord (Gn 1) et l’Homme ensuite (Gn 2), un statut « dominant ». Pour le ADaM, ce statut lui est pour ainsi dire officiellement conféré dans Gn 1:28: « Conquérez (la terre) et dominez! »
Le Psalmiste proclame ce fait:
Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les oeuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds, les brebis comme les boeufs, et les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui parcourt les sentiers des mers. (Ps 8:6–9)
Le ADaM, Homme! et Femme! est le roi de l’univers créé.
En ce qui concerne la « nature » de l’ange, la question qui se pose dans ce contexte est maintenant de savoir pourquoi cette apparition considérée « angélique » est celle d’un « animal », compris au sens biblique du terme: « âme vivante » (« anima », en latin). Plus encore, il nous faut reconnaître que le statut du NaHaSh comme « vivant du champ » ne peut justifier en aucun cas la notion de « pur esprit » de l’ange tel qu’on le conçoit en général.
Les Cieux et la Terre. L’univers visible et invisible
Pour mieux saisir la nature de l’ange, comme pour tout ce qui touche à la nature de qui ou quoi que ce soit, il nous faut sans cesse revenir puiser à la base, au principe, au commencement: au « Bereshit » inscrit dans la bible hébraïque.
Le Symbole dit de Nicée-Constantinople débute ainsi: « Je crois en un seul Dieu, le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible ». Il y a un parallèle important qui est fait ici entre ces deux couples:
- le ciel (qu’on devrait toujours mettre au pluriel: cieux) et la terre;
- l’univers visible et invisible
La référence à Genèse 1:1 est ici évidente.
Pour nous qui abordons le premier verset de la Genèse comme une « déclaration de principe » établissant les principes complémentaires d’« une chose et l’autre » et de « l’un et du multiple », la notion d’un univers visible et invisible vient se greffer aisément. La base concrète, peut-être « matérielle », solide, de cet univers est représentée par la « terre », et la dimension « éthérée », multiple et mouvante, invisible en quelque sorte, par les « cieux ». Dans cette perspective, les cieux et la terre ne sont pas « séparés » et ni l’un ni l’autre n’est spécial. Ils se répondent dans leur relation réciproque et complémentaire comme étant au « service » l’un de l’autre.
Selon cette entrée en matière, il n’y a pas de supériorité des « cieux » sur la « terre ». Ils se complètent de mille manières comme entre autres, et de façon importante, le statique et le dynamique, le message et la communication, etc.
Le second verset du premier récit de création (Gn 1:2), que nous titrons « déclaration de potentiel », répond à la « déclaration de principe » (Gn 1:1), en présentant une formule relativement plus complexe qui met en rapport une série de paires pouvant symboliser dans le « bereshit » – que André Chouraqi traduit par « entête » et Paul Nothomb par « dans la tête » – ce que Élôhïm avait justement « en tête », c’est-à-dire son « projet ». Dans ce projet, il y a donc, déjà formulés, les « éléments essentiels » de la Création.
Il est facile de démontrer que cette « déclaration de potentiel » répond à la « déclaration de principe », ne serait-ce que par sa structure qui est constituée d’une inclusion entre deux rubriques maîtresses: la « terre » (aretz) [ARΣ] et les « eaux » (maïm) [MIM]:
- Verset 1: En principe (au commencement, dans la tête) CRÉE Élôhïm les « Cieux » (sha-maïm) [SMIM] et la « Terre » (aretz) [ARΣ].
- Verset 2: Et la terre [ARΣ] est tohou et bohou et la ténèbre sur la face de l’abîme et le souffle (de) Élôhïm plane sur la face des eaux [MIM].
Le binôme du potentiel: (aretz) [ARΣ] et (maïm) [MIM] répond ainsi au binôme principiel: (sha-maïm) [SMIM] et (aretz) [ARΣ].
Suivent d’autres couples.
Le couple tohou et bohou se présente comme pré-espace (potentiel de la terre). Il est possiblement la base « conceptuelle » (si Élôhïm utilise des concepts) de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’horizon cosmologique ».
Le couple tohou et bohou est lui-même en rapport avec la ténèbre qui est “sur la face de l’abîme” pour exprimer ce potentiel d’existence. L’idée d’un potentiel, non seulement d’existence mais de VIE, est elle-même fondée sur la présence du SOUFFLE de Dieu-Élôhïm qui plane “sur la face des eaux”. Ce souffle représente la dimension « spirituelle » de « l’être ». L’Esprit de Dieu-Élôhïm est le fondement de toute la réalité dite « spirituelle ».
Il y a ensuite le couple formé par la « ténèbre », ou l’obscurité (HoSheK) [HSK], et « l’abîme » (tehom) [TEYM], qu’on pourrait aussi traduire par « vide », comme potentiel de création. Si la présence du souffle (RouaH) [RYH] (de) Élôhïm « sur la face » des eaux vient conclure l’ensemble de la déclaration de potentiel comme potentiel d’existence et de VIE, peut-être même de la vie « matérielle » ou « biologique » (Ne dit-on pas que la vie a pris naissance dans les eaux?), la dynamique de la « ténèbre » (HoSheK) [HSK] ou « l’obscurité », « à la face » de « l’abîme » (tehom) [TEYM], pourrait hypothétiquement représenter le potentiel de la vie « immatérielle », au-delà de l’horizon cosmologique.
Ce n’est cependant qu’en unissant ces diverses dynamiques et en les envisageant dans un rapport symboliquement « orthogonal » que nous pouvons, car nous le devons, éviter la dualisation dure entre matière et esprit à laquelle nous sommes habitués. Toutes ces dynamiques sont inextricablement unies et fonctionnent selon le principe de complémentarité.
Choeurs angéliques et correspondances « concrètes »
N’y a-t-il pas dans la bible même d’innombrables « correspondances » établies entre les « anges » et toutes formes de réalités: le feu, les astres, le vent et même les tremblements de terre? Les anges sont aussi en rapport avec des « pouvoirs naturels » comme la « guérison » (l’archange Raphaël, par exemple) ou encore un ensemble de réalités plus ou moins concrètes.
La vie « matérielle » et la vie « immatérielle », dont nous retrouvons les traces dans la définition traditionnelle des « anges », ne peuvent que se superposer et dépendre mutuellement l’une de l’autre.
À cet égard, Mechtilde Thaller propose un excellent résumé de l’angélologie classique et expose une partie de ces propres idées dans un petit livre fort intéressant*.
*Les anges (d’après les communications faites par Mechtilde Thaller, nommée Ancilla Domini), Frederic De Lama, Editions Christiana, 1987.
Y est dressée une sorte d’inventaire des sortes d’anges. Par exemple:
- Les Vertus
« Comme leur nom l’indique, ces Anges personnifient les VERTUS. Dieu les envoie à tout homme qui, de toute l’énergie de sa volonté, travaille avec persévérance à son amélioration. »
- Les Puissances
« Les anges du chœur des PUISSANCES sont grands. Ils m’apparaissent portant une aube et une dalmatique. A peu d’exception près, ils ne servent que les prêtres. Leur force est plus intense que celle du chœur précédent. Devant eux le démon s’enfuit… »
- Les Principautés
« Chaque paroisse a un ange spécial qui appartient au chœur des PRINCIPAUTÉS. »
- Les Dominations
« Le Sixième chœur est celui des DOMINATIONS. Ce sont les anges à qui Dieu confie ceux qui doivent enseigner, que ce soit dans la chaire d’une grande école, celle d’une église ou au confessionnal lorsqu’il s’agit de direction spirituelle. Les missionnaires sont gardés par les DOMINATIONS. Ces anges sont avec tous ceux qui s’efforcent d’étendre le Royaume de Dieu sur la terre… »
- Les Trônes
« Le Septième Chœur, les TRÔNES, est le Chœur Royal. Chaque diocèse, chaque royaume, chaque communauté, a un ange spécial choisi dans les TRÔNES. »
- Les Chérubins
« Les CHÉRUBINS sont les glaives du Seigneur. Leur vêtement est de resplendissante et pure lumière. Leur face est sévère et comme expression ressemble à SAINT MICHEL. Il sont ceinturés de feu et leur main droite tient une épée à lame de feu. Leur couronne est faite de rayons de soleil. Ils personnifient le zèle de la gloire de Dieu et l’arme toujours prête à la défendre. Quand Dieu eût chassé Adam et Eve du Paradis Terrestre, des CHÉRUBINS en gardèrent l’entrée dit l’Ecriture Sainte. »
- Les Séraphins
« Et voici le chœur bienheureux des SÉRAPHINS. Que dois je en dire ? Ils sont amour et servent l’Amour. Ils honorent, ils louent, ils aiment la Sainte Trinité sans interruption. Ils ne peuvent faire autre chose, et c’est leur béatitude. Leur amour s’enflamme de jour en jour et d’heure en heure, un plus grand amour qui les a choisis pour son service et sa louange. »
L’ordre hiérarchique des différents choeurs d’anges varie selon les auteurs. Mechtilde ne suit pas entièrement la classification de Thomas d’Aquin mais plutôt celle de saint Grégoire, mais cela n’a pas beaucoup d’importance pour notre propos. Ce qu’il faut retenir, c’est le fait que les anges sont associés à différents types de réalités, géographiques ou politiques par exemple, ou encore des fonctions ou missions. On dépasse ainsi largement le sens étymologique de malak (« envoyé », « messager ») ou même de « angelos ».
Plusieurs de ces qualifications d’anges nous viennent de saint Paul. Il mentionne à plusieurs reprises les Trônes, Principautés, Puissances, Vertus, Seigneuries ou Dominations: les Principautés, Puissances, Vertus et Dominations dans Ép 1:21; les Trônes, Dominations, Principautés et Puissances dans Col 1:16; dans la même lettre, il dit que le Christ est « le chef de toute domination et de toute principauté ». Et il y a d’autres passages.
L’angélologie de l’époque de Paul et, par conséquent, celle de Jésus essentiellement, entrevoit les anges comme des manifestations de « puissance », « vertus » (force), etc. En cela, cette angélologie est fidèle à l’esprit de l’Ancien Testament. Prenons cet exemple tiré des Psaumes: « Bénissez l’Éternel, vous ses anges, qui êtes puissants en force, et qui exécutez ses ordres, en obéissant à la voix de sa parole! (Ps 103:20); ou encore: « Il fait des vents ses messagers, des flammes de feu ses serviteurs. (Ps 104:4)
Donc, ces « puissances » ont des assises concrètes. Jésus, par exemple, dit ceci:
Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre, il y aura de l’angoisse chez les nations qui ne sauront que faire, au bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre; car les puissances des cieux seront ébranlées. (Lc 21:25-26)
Peut-être Jésus pense-t-il à Néhémie:
C’est toi, Éternel, toi seul, qui as fait les cieux, les cieux des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qui est sur elle, les mers et tout ce qu’elles renferment. Tu donnes la vie à toutes ces choses, et l’armée des cieux se prosterne devant toi. (Ne 9:6)
Cette « armée des cieux » réfère sans le moindre doute à Genèse 2:1: « Et sont achevés les cieux et la terre et toute leur armée (assemblée) ». D’ailleurs, certains penseurs juifs ont vu dans ce verset la mention indirecte de la création des anges. Par contre, d’autres ont conjecturé que ceux-ci avaient été créés au deuxième jour, ou au troisième, ce qui les associent aux astres. Et ainsi de suite.
Ce lien entre les astres et des êtres spirituels puissants ne se limite pas à la tradition juive et est largement attesté dans le monde archaïque. C’est d’ailleurs l’origine de l’astrologie.
Le spectre de la réalité dite angélique
On voit que la notion d’ange couvre un spectre très large, et donc, que le terme « ange », en tant que terme générique, ne suffit pas à décrire l’ensemble de cette réalité.
Baruch S. Davidson propose un bon résumé de la croyance juive sur les anges qui montre la largeur de ce spectre. Par exemple, « le terme ‘ange’ dans la littérature juive peut également désigner les lois de la nature qui, bien qu’elles soient ostensiblement des pouvoirs ‘naturels’, sont également des pouvoirs d’origine divine* ». Comme nous l’avons déjà vu.
*http://www.fr.chabad.org/library/article_cdo/aid/2427825/jewish/Que-sont-les-anges.htm
Mais le spectre s’élargit encore davantage quand on pense que « selon le Zohar, l’une des tâches des anges est de transporter les mots que nous prononçons lors de la prière et de l’étude de la Torah jusque devant le trône de D.ieu ». Les anges seraient-ils liés au Verbe?
Toujours selon Davidson:
Selon la Kabbale, chaque être ou énergie physique a évolué à partir de – et est influencé par – une énergie spirituelle analogue. Les forces de la nature sont donc appelées des anges, en référence à leur ascendant spirituel. Par exemple, le pouvoir de guérison de la nature est appelé « l’Ange Raphael » dont la tâche est de guérir. Dans certains cas, l’ascendant spirituel lui-même, c’est-à-dire l’ange, “descend” faire son travail et, dans d’autres cas, il fonctionne à travers un intermédiaire.
Or, que trouvons-nous dans l’évangile de Jean? Ceci:
Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s’appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques. Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l’eau; car un ange descendait de temps en temps dans la piscine, et agitait l’eau; et celui qui y descendait le premier après que l’eau avait été agitée était guéri, quelle que fût sa maladie. (Jn 5:1–4)
Il y a donc un « ange » associé aux eaux de la piscine de Béthesda.
Si « chaque être ou énergie physique a évolué à partir de – et est influencé par – une énergie spirituelle analogue », cela devrait pouvoir s’appliquer à l’ensemble de la réalité, littéralement. Le lien inextricable révélé par la complémentarité systémique des « Cieux » et de la « Terre » se reflète jusqu’aux confins de l’espace et jusqu’au fond de la matière même, boson de Higgs compris… Le théologien orthodoxe russe Sergej N. Bulgakov résume ainsi cette conception:
L’Ecriture mentionne différents aspects de la liaison entre les deux mondes. Des anges veillent sur les éléments naturels: le feu, les astres (selon une antique croyance), en général le monde inanimé. L’on peut en conclure, par analogie, qu’ils sont aussi « préposés » au monde végétal et à l’animal. Ils accomplissent les décrets de Dieu au sujet de l’homme, comme anges gardiens des personnes, de peuples entiers, de royaumes, des différentes églises, en général de tout le genre humain, au commencement comme au milieu et à la fin de ce siècle, à la moisson des temps. Si d’autres formes du service angélique ne sont pas indiquées par l’Ecriture, il n’y a aucune raison de penser qu’elles n’existent pas (par exemple, s’il est question d’un ange des eaux, du feu et des vents, mais non pas de la terre, des végétaux ou des animaux, il n’y a pas lieu d’en conclure que ces domaines en sont privés). L’énumération est exemplaire plutôt qu’exhaustive. De même, s’il est dit que les royaumes de Perse et de Judée ou sept églises d’Asie Mineure ont des anges, personne n’en a déduit qu’ils étaient les seuls. Au contraire, les anges gardent toutes les églises, tous les royaumes et les peuples, et même des monastères, des villes, des lieux, etc. Bref, il n’est pas exagéré de dire que tout notre univers et ses diverses parties relèvent des anges, et que leurs milices comprennent les gardiens non seulement des hommes, mais encore de toute la création. Dans le monde, tout est gardé par des anges, chaque chose a le sien, tout a sa relation avec le monde angélique.
Sergej N. Bulgakov, L’échelle de Jacob: des anges, L’AGE D’HOMME, 1987, pages 30-31
Soulignons ici cette affirmation: Bien qu’il soit vrai que les correspondances entre le monde angélique et les domaines minéral, végétal ou animal sont plutôt rarement mentionnées, elles n’en existent pas moins.
Ainsi, lors de toute action ou événement, il y a interaction. C’est une intuition que l’on retrouve d’ailleurs en partie dans la notion d’« effet papillon » issue de la Théorie du Chaos. C’est dire que les éléments constituants de cet événement, visibles et invisibles, interagissent pour constituer l’événement en un tout. Si chaque « chose » a son ange comme le dit Bulgakov, toute réalité, tout phénomène, toute pensée, toute action a aussi son ange.
Parfois cette dynamique angélique connaît des sursauts ou des pointes particulières où les anges concernés affleurent à la limite de la perception. Ce peut être à ces moments que les « présences » angéliques correspondant aux mondes minéral, végétal et animal sont le plus à même de se révéler, pour l’oeil averti. La « démonologie » de Jésus vient confirmer ce qui a été dit plus haut. Les démons, qui sont de même « nature » que les anges selon la tradition, ont eux aussi besoin d’un support « physique ».
Le premier exemple nous est proposé par Matthieu:
Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti… (Mt 12:43-44)
L’esprit impur « cherche du repos » car il ne peut exister « en dehors » seulement. C’est pourquoi il doit retourner dans « sa maison ».
Dans l’évangile de Marc, l’épisode de l’homme possédé pointe dans le même sens.
Ils arrivèrent à l’autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d’un esprit impur. Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n’avait la force de le dompter. Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres. Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, et s’écria d’une voix forte: Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je t’en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. Car Jésus lui disait: Sors de cet homme, esprit impur! Et, il lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs. Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays. Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux. Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer. (Mc 5:1-13)
Lumière née de la Lumière
À ce stade de notre exploration, le fait que les anges sont « invisibles » dans le premier récit de création ne devrait plus nous buter mais plutôt nous amener à envisager le sens même de cette invisibilité.
Le cheminement poursuivi jusqu’ici implique que l’on peut spéculer sur un « échelonnage » de la vie « immatérielle » qui correspondrait, pas à pas en quelque sorte, à l’échelonnage de la « matérialité » représenté par le déploiement des six jours de création, l’hexaméron.
Cela nous permettrait, par exemple, de proposer un premier niveau de « l’immatérialité » qui aurait ses bases concrètes dans l’univers et que l’on nomme aujourd’hui la « force sombre ». La notion de la force sombre est extrêmement récente, nécessitée par la découverte de l’accélération de l’expansion de l’Univers. Pour dire les choses le plus simplement possible, cette découverte a obligé les théoriciens à poser qu’il y avait une force dans l’univers qui contrecarrait la force de la gravité.
Or, la gravité est une force dont la pensée biblique elle-même est fort consciente. C’est la force « vers le bas », vers la terre. Cette même pensée admet une force « vers le haut », qui permet la « montée » vers les cieux. Ce double-mouvement est d’ailleurs évoqué dans le songe de Jacob et justement associé aux anges:
Jacob partit de Beer-Schéba, et s’en alla à Charan. Il arriva dans un lieu où il passa la nuit; car le soleil était couché. Il y prit une pierre, dont il fit son chevet, et il se coucha dans ce lieu-là. Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. (Gn 28: 10-12)
Cette force sombre sur laquelle les théoriciens conjecturent ne serait-elle pas née de la ténèbre (HoSheK) [HSK] de Gn 1:2? Ne serait-elle pas aussi le premier stage de la réalité de ce que nous appelons les anges?
À partir de ce premier stage, en suivant la progression des six jours de création, se déploierait, « invisiblement », le monde « immatériel ». Cela pourrait expliquer la relation constante des « anges » avec les différents éléments créés, la lumière d’abord, le cosmos en général, la terre et les astres, la vie végétale, la vie animale et finalement le ADaM, l’être humain.
Augustin dit que les anges ont été créés au premier jour, avec la lumière. À la lumière « matérielle » ou physique correspond la lumière « spirituelle ». L’Église elle-même désigne les anges les « lumières secondes ». Nous n’avons donc pas inventé cette idée d’une correspondance entre le monde dit matériel et le monde dit spirituel, immatériel.
Jésus ne révèle-t-il pas les termes de cette association/jumelage qui unit/relie en particulier chaque « petit » de la terre à son ange des cieux: « Gardez-vous, disait-il, de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux (Matthieu 18:10) » ?
Cependant, il semble difficile pour les théologiens, comme ce l’était pour les Pères de l’Église, de continuer au-delà du premier jour et de la création de la lumière. La majorité d’entre eux, sans doute, opine vers une création des anges au commencement avec les « cieux » de Gn 1:1. Mais nous préférons l’audace d’Augustin, car il nous permet de pousser cette audace encore plus et de proposer qu’il y aurait une progression équivalente qui continuerait au long des jours jusqu’au jour le sixième, jour de création des Animaux (Âmes vivantes) terrestres et de l’Homme.
Cette approche aurait l’avantage incontestable de poser une forme angélique, non seulement depuis le COMMENCEMENT mais encore jusqu’au TERME du Projet créatif, correspondante à la création de l’ADaM.
Un ange au sommet de la Création? Un « Ange! » en effet, celui qui apparaît dans le Fils de l’Homme, dans l’avènement du Christ-Messie, lui-même MaLAK du Père.
Jésus leur dit :
« Ma nourriture est de faire la volonté
de CELUI QUI M’A ENVOYÉ,
et d’accomplir SON OEUVRE… »
(Jean 4:34)
Merci beaucoup de nous permettre de communier plus profondément à la réalité des anges.
J’ai lu votre texte à deux reprises pour mieux en saisir l’essence. À chacune des deux reprises, dans la phrases « Il ne reste plus à envisager la création des anges non plus de façon linéaire, selon une perspective scalaire, mais synchronique», je lisais «symphonique», plutôt que «synchronique».
C’est en discutant du texte avec une autre personne que j’ai pu me rendre compte de mon erreur.
Je relève ce détail, car il me permet d’illustrer l’impact intérieur que produit la lecture de votre écrit: la réalié qui se présente à nous est musicale! Et elle est certainement «symphonique», avec plusieurs notes jouant simultanément, harmonieusement.
Et c’est, je l’avoue, une libération impromptue que de se voir happer hors d’un cartésianisme symétrique.
En fait, il me semble que la réalité des anges se prête particulièrement bien à l’illustration du principe de complémentarité. Ce principe a été démontré dans plusieurs autres textes parus sur votre site, mais dans le présent texte, les pièces du puzzle se placent devant nos yeux avec un allant de soi assez extraordinaire.
Je voyais les anges comme liés aux diverses réalités du monde visible, liés dans le sens «associé à» et «similaire à». Je n’avais cependant jamais perçu que les anges s’inscrivaient de façon «complémentaire». Complémentaire parce qu’ils sont l’invisible associé au visible, mais plus encore, complémentaire dans leur fonction, comme par exemple lorsque vous abordez «la force sombre» qui interagit de façon complémentaire (pour ne pas dire opposée) avec la gravité.
Peut-être est-ce en intuitionnant cette complémentarité des anges que certaines personnes, en nommant leur ange gardien, leur donne un nom propre à soutenir un aspect plus fragile de leur personne, un aspect ayant particuilièrement besoin d’être complété par leur ange.
C’est bien réconfortant de penser que notre ange nous connaît et nous complète, lui qui a comme mission de nous faire parvenir à bon port!
Jennie
Cette angéologie appuyée sur la pensée biblique est très lumineuse, de la création des anges à leurs diverses actions, et cela même lorsqu’il s’agit de ¨force sombre¨.
Après la lecture du texte, certains éléments me reviennent plus particulièrement à l’esprit, j’en énumère quelques uns:
– Les anges ne forment pas un nouveau règne distinct des autres règnes connus. J’avoue que sans le verbaliser de la sorte, c’est un peu comme cela que je considérais les anges, comme des personnages, pur esprit dont la proximité est conséquent d’un privilège particulier.
– Concevoir leur lien avec la matérialité, lien jusqu’à la dépendance et leur présence à l’ensemble de l’oeuvre de la création change mon regard sur la nature et lui donne une densité et une solidité qui atténue les perspectives catastrophiques des écologistes. Il en va de même de ma conception de tout évènement considérant les propos suivants que je cite de votre texte: ¨C’est dire que les éléments constituants de cet événement, visibles et invisibles, interagissent pour constituer l’événement en un tout.¨
– Le large spectre de l’action des anges confirmé par tant de considérations bibliques et autres; action en tout lieu, circonstances, fonctions, missions; réalités géographiques, politiques (et certainement mystiques puisqu’ils sont présents dans la prière même).
Soyez assuré que je vais lire et relire ce texte pour m’imprégner au mieux de toutes les richesses de son contenu.
Merci de tout ce travail de recherche et d’écriture
Gaby
Merci Jean-Marc pour ton exposé sur les anges
Cela me donne des ailes:
Pour une espérance grandissante
Pour une action de grâce plus que florissante
Pour une béatitude rayonnante
Tant de clairvoyance m’émeut au profond de l’âme.
Que Dieu est grand!
Que Dieu est plein de bon sens!
Que Dieu est aimant!
Que Dieu est prévoyant!
Que Dieu est touchant!
Toute la création dit Dieu…
Toute la blancheur de la neige et ses milliards de flocons sans pareille dit Dieu…
merci pour tes recherches (en traduction), pour tes enseignements prodigués pour la joie des cieux, de la terre et au delà des mers.
L’ère de la communication nous est d’une facilité inouïe, je ne saurais assez remercier Dieu pour cela. Pour les assoiffés d’amour, de sagesse et de l’Éternel, la Providence vient nous choyer…par ce moyen qu’est l’internet… L’évangélisation n’a plus de frontière, les interprètes aidant à briser ses mêmes frontières, et que dire encore de la traduction simultanée se déroulant comme une traînée de poudre…les cieux ont leur mot à dire dans ce travail ardue…non accessible il y a quelques années.
Que l’Esprit-Saint, les anges, Marie et Joseph nous gardent dans l’amour de Dieu et qu’ils continuent à nous préparer pour le Jour du Retour! La prière, la patience dérivée de l’amour, la tendresse, la miséricorde sont des atouts incontournables, pour le futur, je dirais mieux encore, pour l’instant présent.l
Et les anges…pour moi toujours ce furent des êtres spirituels et naturellement supérieurs à moi, j’ai des difficultés à entrée en communication avec eux, ici la complémentarité faisant défaut. Mais j’entrevois maintenant une opportunité de les voir autrement. On peut demander de l’aide à quelqu’un et être ainsi secouru ( complémentarité ) et je me dis alors, qu’un ange à qui on demande de l’aide peut lui aussi nous secourir d’une façon ou d’une autre. Mais je suis peu encline à demander de l’aide, alors avec mon orgueil ( le ¨je suis capable¨ ou bien ¨tant pis j’accepte le pire¨) manquant de confiance et d’ouverture aux autres, aux anges et à Dieu même. Jésus fils de Dieu n’a t’il pas dit « demandez et vous recevrez »
Ton exposé m’invite à réféchir sur mon attitude et sur la façon dont je voie les anges et par le fait même mes proches. Mais comme je l’ai dit plus haut je ressens plein d’espérance et commence à comprendre pourquoi ton texte me donne un plein de joie. Merci beaucoup.
Ouffff… Je ferais attention avant de me prononcer contre Saint Thomas qui est, comme tu le dis, le Docteur Angélique – Docteur de l’Église. En effet, sa Somme Théologique a pris place aux côtés des Saintes Écritures lors du Concile de Trente, et l’étude de tous ses écrits a été demandée par le Pape Léon XIII dans son encyclique Aeterni Patris.
De surcroît, j’aimerais t’inviter à te pencher, comme l’invite cette encyclique, sur l’enseignement orthodoxe de l’Église, plutôt que de publier un amas après l’autre d’erreurs théologiques. Ton temps serait mieux utilisé à beaucoup d’autres choses, car c’est de la fierté que de penser innover (et mener d’honnêtes gens en erreur) plutôt que d’étudier la vérité qui rend libre. Car, comme le rappelle G.K. Chesterton, un auteur catholique ORTHODOXE, le remarque: «L’Église n’est pas là pour me dire que je fais le mal quand je sais que je fais le mal. Elle est là pour me dire que je fais le mal quand je pense faire le bien. »
Une réflexion sur ce point te ferait probablement du bien, surtout à la lumière du fait que tu écris à partir d’un mouvement à tendence sectaire, comme le dis si bien (et peut-être un peu trop gentiment) l’archevêché de Montréal, et, avec lui, toute la barque de Pierre.
Monsieur (ou Madame, je ne sais pas),
Je constate d’abord que vous vous adressez à moi comme si vous me connaissiez, en me tutoyant, mais sans vous identifier, ce qui enlève beaucoup de crédibilité à votre commentaire.
Sachez que, sur ce site, toutes critiques constructives sont bienvenues. Votre intervention n’est cependant ni constructive, ni critique au sens riche du terme. Ainsi, vous alléguez, gratuitement et à tort, que « je me prononce contre » Thomas d’Aquin. Si je questionne les conséquences du fait que la théologie de Thomas d’Aquin se fonde sur la philosophie d’Aristote, c’est que je cherche à approfondir cette réalité des anges sur laquelle il s’est penché avec intelligence, tout en tenant compte de la compréhension que nous avons acquise et développée depuis, grâce à son travail colossal notamment.
Malgré son indiscutable apport, je ne pense pas que l’on puisse considérer que la théologie de Thomas est complète en elle-même, ni qu’elle contient toute la compréhension possible. Ne serait-ce que dans une perspective de complémentarité, les opinons et positions théologiques parfois très « contrastées » entre lui et Bonaventure, surnommé le Docteur Séraphique et lui-même Docteur de l’Église, en font foi. L’oeuvre de Thomas demeure une référence autorisée, mais elle ne jouit pas du privilège d’infaillibilité; lui-même était bien conscient des imperfections de son travail.
Par contre, il existe un certain courant que l’on observe dans l’Église (est-il vraiment ecclésial?) qui brandit la « fidélité » au thomisme comme un argument d’autorité pour juger de l’orthodoxie d’une réflexion.
Vous semblez mettre sur un pied d’égalité, du moins dans votre formulation, les écrits de Thomas et les Saintes Écritures. Vous dites en effet: « sa Somme Théologique a pris place aux côtés des Saintes Écritures lors du Concile de Trente ». Si on a pu effectivement voir sur une table les Saintes Écritures et la Somme, c’était pour signifier que le Concile de Trente considérait celle-ci comme un excellent outil et un commentaire de premier plan pour une meilleure compréhension de celles-là. Cette proposition du Concile de Trente (1542-1545), que renouvelle à sa manière l’Encyclique de Léon XIII Aeterni Patris (4 août 1879), ne s’oppose pas au fait de tenir compte aussi du temps, car la vérité continue d’être approfondie, comme Jésus le dit clairement: « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jn 16, 12-13). L’Esprit Saint est l’agent, toujours à l’œuvre, d’un processus d’approfondissement et de découverte qui conduit progressivement l’Église vers la plénitude de la vérité.
Vous dites qu’il faut « étudier la vérité qui rend libre ». Est-ce que l’acquisition de cette vérité qui libère se confine dans l’étude « d’un dépôt de la foi de l’Église conçu comme un ensemble de ‘vérités’, une sorte d’entrepôt où s’accumuleraient une immense quantité de normes, considérations, dogmes, encycliques et autres, formant ce qu’on appelle ‘La Doctrine’? »
C’est ce que je ressens dans votre commentaire. La citation qui précède est tirée d’un article que ma collaboratrice et moi avons publié, il y a quelques années, et qui est disponible sur ce site sous le titre « Religiosité ou fondement. Essai sur la nouvelle évangélisation ». Je vous invite à le lire et à le commenter si vous voulez.
Je dis à Anonyme,
À mon sens l’anonymat est un repaire pour les personnes qui n’ont pas le courage de leurs idées. Je vous avoue que moi-même je n’aurais pas signé ce texte de mon vrai nom ni de mon nom de plume.
Je félicite, par votre intermédiaire, M. Rufiange pour la texture et le contenu de sa réponse face à votre dénigrement à son égard.
Après avoir pris le risque de vous voir en tant qu’homme plutôt que de femme, je prends le risque de vous demander de quelle autorité vous jugez le degré de sévérité du diocèse de Montréal à l’égard d’un groupe identifié par vous comme étant à tendance sectaire? Le diocèse de Montréal se donnera-t-il la peine de vous demander qui vous êtes pour le juger de si haut? À mon sens votre écrit évoque l’outrecuidance.
Vous savez sans doute que l’Église s’est méfiée de Copernic et excommunié Galilée. Évidemment, je ne pressens pas M. Rufiange comme un Copernic ou un Galilée mais pour quelqu’un qui s’est investi largement, à son niveau, dans une recherche de la compréhension d’un aspect de la foi chrétienne et qui partage généreusement sa réflexion; Sophie, (qui veut dire sagesse) et moi-même en avons tiré beaucoup de bienfaits.
Je souligne au passage que votre faiblesse vis-à-vis la langue française n’est pas un bon point en faveur de la richesse d’une pensée; la langue étant réputée être le soutien de la pensée. Comment comprendre que vous ayez écrit le mot tendance avec un « e » plutôt qu’un « a ». Si vous aviez lu au moins attentivement le titre « Tendances et Enjeu » avec un « a » vous auriez pu éviter cette erreur orthographique. Évidemment je ne relèverai pas toutes les fautes de votre texte car je ne vois pas comment, avec plus de soin, on pourrait remettre votre texte sur quatre pattes.
Enfin, je me permets de vous proposer la réflexion suivante : « Votre degré de charité fraternelle n’est pas à la hauteur de votre dogmatisme, et quel est le plus important des deux? » Relisez le texte de l’hymne de St-Paul à la charité. Peut-être l’ayant lu, éprouverez-vous une certaine nécessité de présenter des excuses à la victime de vos propos délétères, la charité primant sur le dogme.
Anonyme 2