Après être sorti d’une espèce de torpeur stupide, j’ai l’impression d’être dans une sorte de studio de travail, assis à une table. Une tablette d’écriture est posée devant moi. Impression de déjà vu? Il y a des mots qui sont écrits. Je reconnais avec stupéfaction ma propre écriture! Ai-je moi-même écrit ces pages? Je n’en ai aucun souvenir. Une véritable angoisse me prend et j’écris encore ces mots mêmes.
Qui suis-je? Où suis-je?
Peut-être que si je relis ces pages écrites j’en saurai davantage?
Je m’y mets immédiatement.
Voilà, je viens de repasser ce long texte qui ne m’en apprend guère sur mes questions existentielles. Ai-je vraiment vécu ces étranges aventures? Je suis pris par un fou rire glacé. Je relis cette phrase que je trouve maintenant cruellement mensongère: « C’est l’écriture qui est la clé de ma certitude ». Je n’ai plus aucune certitude; pas même celle d’avoir écrit.
Mon angoisse s’approfondit. J’ai l’impression de n’avoir plus aucun sens, de ne plus servir à rien ni à personne.
Après avoir relu les quelques pages que j’ai peut-être écrites, je plains mon éventuel lecteur que j’oblige à absorber mon fatras d’idées plus ou moins confuses.
À ma décharge, ce n’est pas facile d’expliquer tous ces concepts linguistiques, ces notions de phonétiques, que je maîtrise mal par ailleurs.
Je me demande bien comment j’aurais pu faire pour expliquer le mieux possible les implications des expériences, ces « objectivations » en regard de la langue et, en particulier, l’ancien hébreu écrit. Comment, par exemple, écrire ces mots merveilleux qui parent les saintes écritures sans les écrire dans leur graphie originale, l’hébreu carré, ce qui ne manquerait pas de décontenancer sans rappel mon lecteur.
J’éprouve tout de même une certaine consolation: ce texte parle des langues et particulièrement de l’hébreu, ce qui rejoint mon amour des langues et mon amour de la bible. Et surtout, je reconnais que je peux avoir écrit ces pages.
Je trouve là un nouveau petit ancrage: je n’ai pas perdu ma mémoire sémantique. Je sais que j’ai appris des choses dans ma vie et des choses regardant les langues et, encore une fois, l’hébreu.
Ma mémoire sémantique se souvient très bien que j’ai développé une méthode pour la translittération des lettres de l’hébreu au français.
La façon d’écrire “Yahvé”, par exemple. Je sais pourquoi je l’ai écrit ainsi: IEYE. En écrivant IEYE, je sais que cela peut dérouter ou même en irriter un bon nombre. J’entends l’éventuel lecteur me demander:
– Pourquoi, cher ami, ne pas l’écrire comme tout le monde: ‘Yahvé’?
– C’est que, voyez-vous, on écrit aussi ‘Yahweh’, ‘Iahvé’ ou encore ‘Yhwh’, ou, dans les écrits plus spécialisés, ‘YHWH’. Toutes des façons, et il y en a d’autres, pour rendre le tétragramme יהוה.
– Alors, pourquoi l’écris-tu ainsi: IEYE? Tu n’aides pas ta cause!
– J’avoue que mon parti-pris de le rendre par IEYE est un peu osé, mais j’ai mes raisons. J’ai une autre cause.
Je dépasse maintenant la simple consolation. J’éprouve désormais aussi un véritable soulagement: je viens d’admettre que c’est moi qui ai écrit ces pages car je les reconnais. Du moins, je reconnais que c’est moi qui les ai vraisemblablement écrites. Et je sais que j’ai au moins quelques certitudes. Écrire ‘Yahvé’: IEYE répond à des principes et une philosophie qui fondent une méthode que je reconnais.
Puisque je n’ai rien d’autre à faire en ce moment, je vais décrire cette méthode pour faciliter la lecture de tout texte que j’écrirais sur le sujet de l’hébreu. Ainsi je nourrirai un peu mon espérance que tout ce que je vis a au moins quelque sens et que, si j’écris, c’est peut-être pour être lu un jour.
Donc, cher éventuel lecteur, voici cette méthode, qui comporte des éléments de transcription et de translittération.
Comme cela est mentionné dans ce texte que j’ai écrit, les lettres dans les alphabets sémitiques correspondent à des concepts et cela est le signe que la langue est un système logique qui a lui-même un sens. La proximité plus immédiate des langues archaïques avec ce système de concepts les rend capables de rendre des idées, ou plutôt des réalités, de façon plus directe que nos langues modernes qui ont subi un nombre de transformations plus ou moins aléatoires et arbitraires. La langue archaïque est, selon moi, possiblement, vraisemblablement, moins arbitraire. D’où l’importance de retourner aux originaux. Cela est particulièrement vrai des textes bibliques.
Mais, avant tout, éclaircissons quelques affaires.
Il faut donc tenter de rendre, en transcrivant l’original hébreu, la nature consonnantique de son alphabet et, pour cela, il faut utiliser les lettres de la langue moderne que nous parlons; en ce qui me concerne, le français.
Peut-on vraiment écrire l’hébreu avec des lettres françaises? À bien y penser, ce n’est peut-être pas impossible. Il faudrait simplement que nous nous entendions sur une façon de faire qui, tout en respectant les richesses de cette langue archaïque, rende la lecture praticable.
Il y a déjà des efforts qui ont été faits au cours du temps. Certains mots, des noms propres surtout, sont écrits dans nos bibles avec des caractères français. Ainsi “Yahvé”. Mais, au dix-neuvième siècle, on a cru que cela devait s’écrire “Jéhovah”.
Je demandais, un peu plus haut, si nous pouvions écrire l’hébreu avec des lettres françaises. C’est non seulement possible mais très instructif. En effet, l’alphabet français moderne découle des alphabets sémitiques anciens et nous est parvenu par l’alphabet grec. Il y a ainsi un grand nombre de lettres qui, non seulement s’équivalent, mais se situent dans le même ordre dans l’alphabet. Ce qu’il faudra gérer, ce sont les exceptions.
J’ai même décidé de faire un petit tableau comparatif de ces deux alphabets que j’ai pu placer dans ma tablette. Le lecteur pourra s’y référer au besoin pour mieux visualiser l’ensemble. Ainsi je pourrai un peu me sentir utile…(Tableau alefbet photo)
Dès le départ, je peux poser que les lettres de l’alefbet translittérées: A et B, D et E, H, I, K, L, M, N, O et P, et, finalement, Q, R, S et T, se suivent dans le même ordre que dans notre alphabet moderne et, qui plus est, qu’elles occupent la même « position » (P):
A (P1) et B (P2); D (P4) et E (P5); H (P8); I (P10), K (P11), L (P12), M (P13), N (P14);
O (P16) et P (P17); Q (P19), R (P20), S (P21) et T (P22).
Pour ce qui est de l’alefbet, seize lettres sur les vingt-deux!
Il reste donc six lettres à considérer: le Gimel (P3), le Waw (P6), le Zayin (P7), le Thèt (P9), le Samek (P15) et le Tsadé (P18).
Pour trois d’entre elles: Thèt, Samek et Tsadé, que l’on translittère θ (P9), Ξ (P15) et Σ (P18), il n’y a pas de lettres correspondantes dans notre alphabet. Celui-ci conserve toutefois une trace du Samek (Ξ) dans notre ‘X’. Quant à la lettre Thèt, elle est bien connue des hellénistes à cause de son équivalent: le Thèta, mais Samek et Tsadé n’en ont pas dans l’alphabet grec.
Ensuite, deux autres lettres, Gimel et Zayin que l’on translittère G (P3) et Z (P7), ont subi des transformations, essentiellement phonétiques; elles existent encore dans notre alphabet mais elles ne sont pas situées à la même position. On pourrait dire que les positions s’échangent: le Gimel sémitique est en troisième position, alors que dans l’alphabet moderne, c’est le C qui occupe cette position, au lieu du G, et c’est le Zayin correspondant à notre Z qui se trouve dans la même position que notre G, en septième position.
P3 -> Gimel (G) -> notre C et non G
P7 -> Zayin (Z) -> notre G
Lors du passage de l’alefbet à l’alphabet grec, le Zayin correspondant à notre Z a été d’abord éliminé, mais les Grecs l’ont réintroduit plus tard, à la suite des autres lettres. C’est pourquoi nous retrouvons le Z à la toute fin de notre alphabet (26e lettre) plutôt qu’en septième position comme dans l’alefbet.
Le fait de retrouver dans la même position le Gimel (G) et notre C n’est pas uniquement le fait d’une association relative à la phonétique. Même au niveau graphique, le « G » et le « C » ont la même origine. Phonétiquement, notre « G » (dans sa prononciation « gué ») s’apparente au Gimel original, mais il a été transposé par son passage au latin en « C » (çé) car cette langue ne connaissait pas le son « G » (gué). C’est la raison pour laquelle le « G » (prononcé « jé », cette fois) se retrouve à la place du Zayin, car il est phonétiquement proche du « z », comme le démontre le zézaiement de l’enfant.
Une autre lettre, à l’histoire très riche, le Waw « Y », a été remplacée en la sixième position par le F dans notre alphabet.
J’en profite ici pour faire une distinction capitale que trop peu, même parmi les spécialistes, font entre translittération et transcription. La translittération est le report, lettre pour lettre, d’une langue à une autre. Si, comme c’est l’usage le plus commun, on décide de rendre le Aleph, א, par ‘A‘, c’est de la « trans-littération”, comme le mot le dit.
Mais si j’essaie de rendre un mot étranger dans une autre langue, je dois tenter de reproduire le plus fidèlement possible dans une langue donnée la manière de le prononcer. Prenons le nom russe: Шостакович (10 lettres). Sa translittération selon la norme ISO 9 est: Šostakovič, mais il sera “transcrit” différemment d’une langue à l’autre: par exemple, généralement Chostakovitch en français et Schostakowitsch en allemand.
Pour ce qui est de l’hébreu, étant donné l’importance des racines formées de lettres/consonnes, souvent trilittère (3 lettres), il importe de translittérer au sens strict, c’est-à-dire de n’utiliser qu’un seul signe pour chaque lettre hébraïque. Malheureusement, on voit fréquemment, même dans les ouvrages spécialisés, une méthode mixte qui rend certaines lettres par une combinaison de lettres ou de signes. Ce genre de méthode nous fait perdre de vue la nature unique de la lettre originale. Ainsi Tsadé que je choisis de translittérer Σ (P18) est presque toujours transcrit (et non pas translittéré) en « ts »; ou encore Shin, que je translittère S (P21), sera transcrit en « sh ».
En fait de translittération, ma méthode implique de suivre la tradition pour certaines lettres et pour d’autres non.
Le Aleph correspondant à notre A (P1) et le Ayin correspondant à notre O (P16) sont souvent translittérées par les symboles « ’ » et » ‛ « . J’ai choisi de simplement les rendre par A et O. Il est vrai que ce choix a l’inconvénient de susciter chez le lecteur non expérimenté le réflexe de les traiter comme des voyelles, ce qu’elles ne sont pas, mais, par contre, il a l’avantage de maintenir le lien avec la lettre originale, ce qui est mon principe général. De plus, cette méthode n’oblige pas le lecteur à apprendre tout un code de symboles et lui permet aussi de n’utiliser, dans la mesure du possible, que des caractères usuels.
En ce qui concerne le Beth (P2) et le Dalet (P4), je suis la tradition qui les translittère B et D.
Mais je préfère rendre le Gimel (P3) par le G et non le C. Les deux lettres ont la même origine, mais le G reflète mieux le caractère original et la prononciation vraisemblable de Gimel. D’ailleurs, le ‘C‘ antique se prononçait plutôt « k » que « çé » comme en français. Le ‘G‘ prononcé « gué » (et non pas « jé ») est aussi parent phonétiquement du « k ».
Le Hé (P5) sera rendu par le E. Ici, je me démarque fermement de la tradition qui le rend par le H. Pourtant, les arguments en faveur de ce choix sont solides. Notre E, dans sa forme actuelle, est bel et bien le descendant du vieux Hé, d’abord représenté par un homme debout, les bras élevés vers le haut dans une attitude de supplication ou de prière (voir P5, les colonnes 8 à 13).
Le pictogramme original, dont la partie supérieure est formée des deux bras élévés de chaque côté de la tête, a été tourné à quatre-vingt-dix degrés vers la gauche dans le proto-hébreu et les autres alphabets connexes:, pour finalement être retourné à cent-quatre-vingt degrés pour donner le E. Notre E, en français particulièrement, a même des caractéristiques qui remontent à ces origines; par exemple, le fait qu’il est parfois muet, comme la consonne faible Hé, presque silencieuse, et aussi, le fait qu’au niveau grammatical, le Hé, à la fin d’un mot, marque souvent le féminin, tout comme le E en français.
Le Waw (P6), que l’on doit prononcer ‘ouaou’ ou même comme l’anglais ‘wow’, sera rendu par le Y, sa forme originelle. Son histoire est peut-être la plus complexe. Cette forme, rendue par le dessin courant du ‘Y’ rendait à l’origine l’idée d’un ‘clou’ ou encore d’un crochet. La base, simple, est déployée en haut par un dédoublement permettant de bien exprimer le concept qu’elle représente et sa fonction d’union: le clou et le crochet font en effet le lien entre deux éléments.
Il est remarquable que la lettre Waw translittérée Y serve à marquer la conjonction. Essentiellement, Waw se traduit « et » et se prononçait anciennement « ou ». Mais la prononciation du « ou » nécessite, c’est un fait d’ordre phonétique, un mouvement des lèvres, et, par conséquent, une modification de la colonne d’air, présentant, par le fait même les caractéristiques d’une consonne qui correspond au ‘W’ anglais. On l’appelle d’ailleurs une semi-consonne. Le passage au « V » s’est fait ultérieurement.
La forme du « V » est en fait un « Y » tronqué de sa base, tout comme sa forme arrondie, le « U » d’ailleurs. Tout ceux qui ont fait un peu de latin savent que cette langue ne connaît pas le « U » et l’écrit « V ». Le Waw a donc toute une famille de lettres dans notre alphabet qui lui sont reliées: Y, V, U, W.
De plus, la lettre F de notre alphabet, qui se situe à la même position que le Waw (P6), est un ajustement que le grec a imposé. Le son W étant une consonne faible en grec et, somme toute, peu usitée, le digamma finit par tomber en désuétude. Par contre, en numération, par exemple, il a toujours conservé sa valeur de six. Finalement, ayant plus tard besoin du « U » (ou) pour certains mots étrangers, les Grecs réacquirent l’ancien « Y », qu’ils nommèrent « upsilon », et le reléguèrent à la fin de l’alphabet tout comme U, V, et W. Que quatre des six lettres qui se retrouvent à la fin de notre alphabet, après le Tau (T), qui est la dernière lettre des alphabets sémitiques, montre bien le statut particulier de ce fameux Waw.
Le Zayin (P7), l’ancêtre du Z qui s’ajoutera à la suite de Upsilon (le U grec), sera bien entendu représenté par le Z.
Le Hèt (P8), le véritable ancêtre de notre H, sera rendu par ce H dont on se sert malheureusement trop souvent pour translittérer le Hé. On évitera, bien entendu, les doublets comme « ch » afin de sauvegarder le lien avec la lettre unique originale.
Thèt (P9) est un cas difficile, car il n’y a pas de lettre équivalente en français. Son descendant grec immédiat est cependant assez connu le « Θ » (Thêta). Nous nous servirons donc de ce caractère pour le Thèt.
Iod (P10) est trop souvent translittéré par le Y. À cause de ce qui est expliqué plus haut et l’importance du rapport graphique entre le Waw et le Y, j’utiliserai, logiquement d’ailleurs, le I pour le Iod.
Kaf (P11), Lamèd (P12), Mèm (P13) et Noun (P14) seront, bien sûr, translittérés respectivement par K, L, M et N.
Samèk (P15) est une autre lettre perdue, qui n’existe pas dans notre alphabet. Elle a connu une histoire en deux moments chez les Grecs, avec, d’abord le Ξ, qui respecte le graphisme original, et, plus tardivement, le X. Puisque le Samèk se prononce comme un « S » nous éviterons le X qui pourrait porter à confusion et utiliserons le Ξ du grec original. Ainsi, le nom Joseph, dont le « S » est en fait un Samèk s’écrira « IYΞP ».
Le Ayin (P16) est l’ancêtre de notre O. Comme je l’ai déjà mentionné, il sera donc translittéré par celui-ci: O.
Le Tsadé (P18), qui vient en fait après le Pé (P17) est aussi une lettre inconnue de notre alphabet. C’est la plus difficile de toutes à translittérer avec un seul caractère. C’est pourquoi on le rend généralement par le doublet « ts ». On le retrouve dans le grec ancien sous la forme d’un signe qui ressemble à un « M », qui serait une réorientation (90 degrés vers la droite) du « ∑ », qui est aussi un proche parent du « Z » grec que l’on retrouve aujourd’hui dans la pronociation du Z italien: « ts » comme dans « pizza » (piitsa). C’est donc le ∑ que nous utiliserons. On remarquera que la plupart des lettres spéciales ou exceptionnelles sont de la même famille et se recoupent souvent: le Zayin, le Samèk et le Tsadé sont toutes des consonnes de la même famille que le S et le Z.
Enfin, Pé (P17), Qof (P19), Rèsh (P20), Shin (P21) et Taw (P22), seront rendus par P, Q, R, S et T.
Dans ma méthode au pan translittération s’ajoute un pan transcription sous une forme hybride, selon les besoins.
Ainsi, les consonnes originales seront translittérées par les majuscules. On se servira des minuscules pour exprimer la prononciation et fournir une transcription conservant la base translittérale. Ainsi « IYΞP » (Joseph) pourrait se présenter ainsi: IiYoΞçèPf; les minuscules sont seules prononcées dans ce cas: « ioçèf ».
Cette méthode, non conventionnelle sans aucun doute, repose, comme je l’ai laissé entendre plus haut, sur une philosophie.
La plupart des méthodes utilisées depuis longtemps n’avaient qu’un but utilitaire. Elles étaient fondées sur une approche transcriptive. C’est la raison pour laquelle nous retrouvons toutes sortes de variations, plus ou moins systématisées et variant selon la langue de leurs inventeurs, souvent anglophones ou germanophones. Ainsi, les allemands n’utiliseront jamais le « Y » pour le « Iod”, car, étant plus près du grec, le « y » allemand se prononce « u » (le « u » français). « Psychologie » en allemand, se prononce « psukologuie ». C’est pourquoi ils rendent le tétragramme par JHWH, ils préfèrent utiliser le J pour le Iod.
Il faut donc – et ici l’expression s’applique plus que jamais – revenir aux sources, c’est-à-dire à l’origine de nos alphabets et leur rapport étroit avec les alphabets sémitiques originaux.
N’est-il pas remarquable que nous utilisions encore aujourd’hui, essentiellement, le même alphabet qui a vu le jour il y a quelques trois mille cinq cents ans? Cela se pourrait-il si les lettres n’étaient que des « signes » arbitraires interchangeables au fil du temps et des modes?
Ne seraient-elles pas plutôt des reflets des structures fondamentales de l’être?
Jésus a dit: Je suis le Alef et le Tau. (Il n’a certainement pas dit « alpha et omega”, car il ne parlait pas grec mais hébreu ou araméen). Alef et Tau sont les première et dernière lettres de l’alefbet.
JE SUIS Alef et Tau, dit le Seigneur Dieu, Il est, Il était et Il vient, le Maître-de-tout. (Ap 1,8)
Tout est réalisé désormais. JE SUIS l’Alef et le Tau, le commencement et la fin. Moi, je donnerai gratuitement à celui qui a soif l’eau de la source de vie (…) (Ap 21,6)
JE SUIS l’Alef et le Tau, le premier et le dernier, le commencement et la fin. (Ap 22, 13)
JE SUIS! היה (translittéré: EIE!) JE SUIS! Retour à l’origine. Retour à la révélation de l’Être de Dieu et de son Nom à Moïse.
JE SUIS tout l’alefbet. JE SUIS tout dans la diversité. Voilà ce que proclame celui qui a TOUT accompli, le Fils éternel, celui-là même qui était au commencement avec son Père.
Au commencement Dieu créa l’alefbet. Il créa les lettres:
בראשית ברא אלהים את
BERESHIT BARA ÉLOHIM AT
Au commencement Élohim créa את
Il y a en effet une tradition qui propose une traduction alternative du début de la Genèse, laquelle pose comme premier objet de la création le mot AT (את), Alef א et Tau ת. Pour cette tradition, les lettres sont la base qui a servi à la création. Des émanations de Dieu lui-même: les Lettres d’en haut.
Ainsi, dans les références que nous retrouvons dans l’Apocalypse de Jean, nous avons une double affirmation et l’établissement d’un rapport fondamental. D’abord, JE SUIS, la base du nom de Dieu et sa qualification: « … Je suis le premier et je suis le dernier, et hors moi il n’y a point de Dieu! (Is 44,6); et, aussi, la mise en rapport avec les lettres, avec l’écriture: “… Je suis l’Alef et le Tau”. Quel mystère. Quelle révélation.
Certains ont pensé que l’ADN est une forme d’écriture et que cette écriture comporte quatre nucléotides notés, il faut le souligner, par quatre lettres: A, G, C et T. Quatre lettres en complémentarité et un nombre presqu’incalculable de combinaisons. Le monde et surtout le vivant ont ainsi été créés: des bases et des combinaisons. De plus, l’ADN est la base de l’hérédité. L’ADN est en quelque sorte la « mémoire » du vivant.
L’alefbet comporte vingt-deux lettres. L’expression « JE SUIS l’Alef et le Tau » est symbolique d’une infinité de combinaisons. JE SUIS le commencement et la fin, Alef et Tau, c’est la mémoire de l’ÊTRE! Ainsi chacune des lettres – les Lettres d’en bas, ces petites lettres de nos mots – puise dans le sens inscrit dans la logique initiale, représentée par les lettres d’en haut, qui a présidé à la création.
Voilà la base de ma philosophie. Les lettres sont vivantes et ont un sens. C’est pourquoi je trouve essentiel de rétablir les liens de nos lettres modernes avec les lettres archaïques, afin de renouer avec le sens que les Lettres d’en bas ont reçu des Lettres d’en haut.
Je sens mon coeur battre un peu plus fort sous l’émotion que je ressens face à la beauté et la sagesse du Créateur, et aussi face à une soudaine constatation: moi qui ai perdu la mémoire, je découvre que la mémoire est dans les lettres.
Retrouverai-je la mémoire dans les lettres? Retrouverai-je la mémoire dans l’écriture?
Quel beau texte. Très intéressant et sans être facile est attirant puisqu’il comporte une vérité qui vous attire d’elle même. J’ai hâte de lire la suite. On sent que ce sont les vrais affaires. Cela va déboucher certainement sur une vérité que nous attendons. Je m’excuse de me répéter mais ce sont les mots qui me viennent placés différement dans des phrases différentes. Il faut croire que cela à réveillé quelque chose dans mon cerveau.
Soyez confiant, nous vous suivons…
Bonjour Claudette,
Merci de votre commentaire. C’est tout à fait possible que tout contact avec les langues archaïques, l’hébreu en particulier, « réveille » quelque chose dans nos cerveaux. Il y a des gens qui ont déjà postulé que le mode de pensée moderne, la pensée occidentale en particulier, est profondément marquée par la pensée grecque, particulièrement Aristote. Alfred Korzybski, par exemple, a proposé une modèle non-aristotélicien appellé sémantique générale que A. E. van Vogt a appliqué dans sa série de roman « Le Monde des Ā ». Dans cette série le cerveau est effectivement « réveillé »…
Sans être « sémanticiens généraux », ma collègue Francine Dupras et moi croyons que la langue hébraïque et les Écritures, la Bible, propose un système de pensée précisément non-aristotélicien, une véritable philosophie même, riche et complète.
Je vous suggère de lire les textes de Francine. Ils sont remplis de cette philosophie. Surveillez particulièrement ses réflexions sur les principes fondamentaux d’Aristote: principes d’identité, de non-contradiction et du tiers-exclu.
Bonsoir,
C’est très interessant. Je vois que vous posez des bases que j’avoue ne pas comprendre au complet mais je crois que je pourrai m’y référer lorsque je lirai vos prochains textes.
Pourriez-vous nous donner le nom des en-têtes des colonnes dans votre tableaux pour m’aider à mieux le comprendre. Il y en a qui sont évidents, mais pas tous.
On sent que chaque chose à un sens et c’est très interessant de retourner aux sources pour bien saisir le sens profond des écritures. Et effectivement si Jèsus à choisi de dire je suis l’Alef et le Tau, ce n’est pas par fantaisie ou hasard car celui qui est le Verbe fait chair devait certainement peser chacune de ses paroles.
Merci
Bonjour,
Merci pour la légende. J’ai commencée à relire le texte sur un plus grand écran et ce qui attire mon attention cette fois-ci c’est l’association que vous faites entre l’écrit et le parler. Car si je comprends bien votre tableau, les lettres étaient à l’origine des pictogrammes donc ils exprimaient une réalité.
Quel est l’importance du ‘son’ dans ce cas là?
Je me suis amusée à essayer de faire une comparaison entre le tetragramme que vous avez montré et la correspondance littérale avec les lettres dans votre tableau. Si je comprends bien les images (car ils sont petits et lorsque j’essaie de copier-coller dans Word, l’ordre semble changer), la transcription littérale selon votre tableau est HYEI Hé Waw Hé Iod…Souffle-humain en prière, crochet – clou – union, Souffle humain en prière, Main qui pointe.
Mais vous dites que vous préférez Iod Hé Wow Hé … ou est-ce que l’hébreu se lit de droite à gauche?
Est-ce qu’on pourrait raconter l’histoire suivante avec les images: L’humain en prière est uni à Dieu (Christ cloué sur la croix) qui par le souffle de l’Esprit dirige (pointe) vers le Père?
C’est peut-être un peu simpliste et j’attends avec impatience la suite…
Si jamais vous avez le temps, j’aimerais aussi savoir comment est compris le sens de frère et soeur en Hébreux.
Merci
Bonjour Anne,
Merci pour vos deux commentaires. Merci aussi de nous avoir avisé du problème technique qui empêchait le légende du tableau de s’afficher. Cela nous a permis de faire les corrections nécéssaires.
Oui, l’hébreu s’écrit de droite à gauche. Dans יהוה vous voyez que le Iod est à droite mais en translittération nous revenons de gauche à droite puisque que c’est ainsi en français, donc IEYE.
Votre lecture du tétragramme n’est pas si simpliste que cela et en rejoint d’autres partiellement mais elle n’est pas la seule possible. La langue archaïque est polysémique.
Je ne suis pas certain de comprendre votre question: « comment est compris le sens de frère et soeur en hébreu ».
Y aura-t-il une suite? On ne sait pas encore ce que le rédacteur de ces textes va vivre. Attendons…
Bonjour,
mon commentaire est un peu loin du sujet mais je me fais cette réflexion depuis un certain temps et je me dis qu’avec votre amour des mots, vous pourriez peut-être m’aider.
J’ai un problème avec l’utilisation du mot « entrailles » dans le « Je te Salut, Marie ». Même si le mot comprends « tous les organes de la cavité abdominale », son sens premier est « viscères » et j’ai une certaine répugnance à l’utiliser. En anglais, le mot utilisé, « womb » se rapproche plus de « sein » et en espagnol, « vientre » se traduit par « ventre ». Peut-être que le mot utilisé par l’archange Gabriel aurait une plus jolie translitération ou traduction en français que « entrailles »?
Merci!
Bonjour Marilyn,
Votre question est très pertinente. Vous avez déjà relevé l’essentiel du problème en soulignant le sens courant de « entrailles » comme « tous les organes de la cavité abdominale ». Vous avez là, en fonction de la distribution des éléments de l’espace, la notion de « cavité » qui CONTIENT les entrailles. Les entrailles sont « dedans », elles ne sont pas un contenant mais un contenu.
Entrailles vient du latin « intralia » et signifie « ce qui est à l’intérieur ». Il se raproche de « intus » qui a donné « intestins ». Je comprends vos réticences…
Le mot grec utilisé dans Luc 1, 42 est « κοιλίας » (koilias) qui vient de l’indo-européen « keuə » qui veut dire « creux ». Le koilias du grec implique l’idée de contenant et pas de contenu. La différence est fondamentale.
Vous avez donc parfaitement raison de relever aussi les versions anglaise et espagnole qui trouvent leurs équivalents français dans « sein » et « ventre ».
Chouraqi et Tresmontant, qui se veulent très près de la mentalité sémitique, traduisent koilias par « ventre ».
En fait, tous les traducteurs français choisissent l’un ou l’autre terme et le reprennent d’ailleurs à la seconde mention de koilias, au moment ou Élisabeth s’écrie: « l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon koilias ».
Jérôme a offert la première mention: “Benedicta tu inter mulieres, et benedictus fructus VENTRIS tui”. Mais pour ce qui est de l’exclamation d’Élisabeth, il choisit: « exsultavit in gaudio infans in UTERO meo. » Contrairement à la plupart des traducteurs, il choisit de traduire le même mot grec par deux mots différents en latin. Je ne connais pas les raisons qui l’ont amené à faire ce choix.
La seule traduction française de Luc 1, 42 qui, étrangement, choisit le mot « entrailles » est la version officielle de l’Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF), qui est l’organe normatif officiel pour tous les textes de la liturgie catholique en langue française. Par contre, ils ont choisi une formule différente pour Élisabeth: « l’enfant a tressailli d’allégresse EN moi. »
L’AELF, selon la définition de sa mission, désire offrir des traductions qui se caractérisent « par leur fidélité au texte original ». Dans le cas qui nous occupe, cela n’est pas évident.
Il faut cependant préciser ici une chose: l’AELF n’a pas normalisé l’Ave Maria qui appartient au monde de la « religiosité populaire », mais offre une traduction de Luc qui confirme l’emploi du mot « entrailles ».
Des éléments précis du substrat sémitique de l’anthropologie biblique pointent sur le fait que, par exemple, le terme « neqeba » (traduit généralement par femme ou femelle) de Gn 1, 27 – comme je l’ai souligné ailleurs – implique la notion de « creux ». Le fait que la femme, très concrètement, porte l’enfant en son sein confirme cette réalité de la femme comme « matrix » (parenté étymologique avec « mater »). Cela rejoint parfaitement le sens de koilias.
La tradition de l’Église a par ailleurs véhiculé un bon nombre de vocables de Marie qui vont dans le même sens: Temple de l’Esprit saint, Arche d’Alliance, Arche de Noë. Grignon de Montfort décrit Marie comme le « tabernacle vivant de la divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes ».
Comment finalement ne pas faire le lien avec la salutation de l’ange qui définit en quelque sorte Marie comme PLEINE de grâce?
Le choix des mots est important et on y attache parfois trop peu d’importance. Je serais certainement d’avis de ne pas employer « entrailles ». « Ventre » est un peu rude pour une prière, je crois. Donc j’irais avec la Bible de Jérusalem: « le fruit de ton sein. » Mais il n’est pas facile de changer nos habitudes…
Merci beaucoup de cette réponse. Je l’attendais! Et j’ai tout de suite mis en pratique le changement de mot proposé. C’est vrai que les habitudes sont dures à perdre mais le fait de vouloir changer de mot me force à me concentrer sur ce que je dis, ce qui n’est pas une mauvaise chose! En attendant votre réponse, j’avais entendu la version « et votre Enfant est béni ». J’aimais mieux cette version que l’utilisation du mot « entrailles » mais je trouvais qu’en perdant le mot « fruit », je perdais toute une dimension que vous avez évoqué d’abord dans votre texte « Ioseph, Mariam et Ieshouah » et ensuite dans « Le Fruit ». Je n’ai pas votre amour des mots mais je me rends compte de l’importance de bien les choisir lorsqu’on veut exprimer une réalité.
Merci encore!
Ah! le mot « entrailles » il fait frémir semble-t-il et ne dirait-on pas que dans une perspective un peu restreinte, l’on entre dans un territoire tabou? Le mot »entrailles » ne m’apparaissait pas du tout négatif, car je le relie à cette autre séquence où l’on dit « que les entrailles de Dieu s’émeuvent de compassion devant le pécheur » (en tout cas, l’association se fait du moins dans certaines traductions françaises). Si les entrailles s’émeuvent, l’émotion vient du coeur, j’ai donc lié le mot entrailles au mot coeur et par delà aux mots vital et amour. Je pensais aussi à l’expression « avoir quelque chose dans les tripes », qui signifie aussi que cela nous tient à coeur. On dit que Jésus est « ému ou pris aux entrailles » devant la veuve de Naïm qui pleure son fils et Il Le ressuscite , dans le cantique de Zacharie certaines traductions parlent de « l’effet des entrailles de la miséricorde de Dieu grâce auxquelles l’astre d’en haut vient nous visiter »et enfin un prophète de l’AT dit « une femme oublierait-elle le fruit de ses entrailles, si cela arrivait Dieu lui n’oublierait pas le » fruit de ses entrailles ¨ Le mot entailles est reliée sémantiquement aux profondeurs de la vie, de l’amour, de naissance et de la résurrection (nouvelle naissance), cela donne tout une richesse à l’exclamation d’Élizabeth, »le fruit de tes entrailles est béni »comment la Mère du Seigneur vient-elle jusqu’à moi? et vient-elle toujours jusqu’à nous quand nous reprenons ces mots.
Bonjour Priscilla,
J’aime bien le trait d’esprit que vous offrez d’emblée, le mot entrailles qui fait «frémir». Vous avez en effet ainsi soulevé ici le sens riche que le mot «entrailles» peut prendre et qui a connu, particulièrement dans la littérature française classique, une grande popularité. Vous avez aussi bien fait de souligner l’expression «avoir quelque chose dans les tripes» qui connaît aujourd’hui ses propres heures de gloire. Les anglophones l’emploient aussi à satiété: «I feel it in my gut».
Et c’est exactement le sens du passage que vous relevez de la réaction de Jésus face à la veuve de Naïm. Les émotions de Jésus sont souvent exprimées ainsi à travers les trois évangiles synoptiques. Le mot employé dans le passage sur la veuve de Naïm est «esplanchnisthē (ἐσπλαγχνίσθη)» qui vient du verbe «splagchnizomai». Ce verbe repose sur le substantif «splagchnon» qui indique précisément l’ensemble des organes internes comme le coeur, le foie, les poumons, la rate, etc. Le verbe «splagchnizomai» est ainsi employé dans la littérature grecque classique pour exprimer les émotions car chez eux (et chez nous par ricochet) les différents organes signifiés par «splagchnon» sont le siège des émotions. L’emploi de ce verbe dans les synoptiques est clairement affilié à cette tradition.
Il est employé dans Luc à trois reprises, dans le passage sur la veuve de Naïm, le bon samaritain et le père au retour du fils prodigue. Pourtant, dans le passage d’Élisabeth, nous nous trouvons dans un tout autre registre. Comme je l’ai expliqué dans ma réponse précédente le mot qui est employé est différent (koilias). Je ne suis pas certain que Luc ait voulu dire ici que Jésus était le fruit du siège émotionel de Marie.
Les mentions vétéro-testamentaires du lien entre la maternité de la femme et l’amour de Dieu sont dans le même registre que ce qui est évoqué par «koilias». Vous proposez l’exemple de Isaïe 49, 15: «Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas.» Le mot hébreu utilisé ici est «beten (בֶּטֶן)» et il veut précisément dire «ventre» ou «sein» ou même le corps entier en tant que réceptacle (qui rejoint la version allemande de l’Ave «lieb»), jamais «entrailles». La traduction est, selon moi, fautive. Il faudrait traduire: le fils de son «ventre» ou de son «sein», tout comme Luc 1, 41-44.
Je reviens sur le fait que le passage de la rencontre de Marie et Élisabeth comprend le mot «koilias» trois fois. La traduction privilégiée par l’AELF propose:
« Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en (koilias) elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles (koilias) est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en (koilias) moi. »
Ce faisant cette traduction opère une distinction qui aurait, pour le moins, besoin de justifications. Pourquoi traduire «en» pour Élisabeth et «entrailles» pour Marie? Veut-on ici distinguer, pour Marie, un niveau «émotionel» visant «l’amour» comme vous dites, et, pour Élisabeth, l’aspect «intérieur» que les mots «en», ventre» et «sein» impliquent?
Je pense plutôt que l’AELF a décidé de conserver le terme «entrailles» pour maintenir le lien avec la formule classique de l’Ave Maria. Ce qui est tout à fait louable. Je crois en effet qu’il est très important de prendre tous les moyens pour faire ressortir que la première partie de l’Ave Maria est une citation intégrale de deux passages de l’évangile de Luc. Combien de catholiques en ont conscience?
La question qu’il reste à se poser cependant est dans quelle mesure ne faudrait-il pas envisager de réunir l’Ave Maria à ses origines évangéliques en le reformulant, plutôt que l’inverse. Ainsi nous pourrions rejoindre (à ma connaissance, toutes) les autres versions utilisées dans les langues du berceau chrétien: Latin (ventris), italien (seno), espagnol (vientre), anglais (womb), le néerlandais (schoot) et même allemand (lieb).