«La charte de la laïcité, indispensable contre l’intégrisme», titrait La Presse samedi le 11 janvier dernier.
Signe de l’intégrisme, entre autres, le voile, qui fait beaucoup parler de lui. On irait même jusqu’à payer des jeunes filles 200 euros par mois, pour qu’elles le portent. Le voile m’a intriguée: que cache-t-il sous ses replis? Quasi universel selon les époques, il camoufle certainement des enjeux. Quelle en est donc la signification? Par intérêt, je me suis proposé d’approfondir la question (en trois points) et je vous partage ma réflexion.
1-Le parokhet
Le voile dans son sens large est au cœur de la réalité humaine et profondément biblique. «Qui vous a dit que vous étiez nus?» demande Dieu dans la Genèse. «Auriez-vous mangé du fruit de l’arbre?»
Ayant transgressé ses préceptes, l’être humain ne peut plus supporter d’être vu par Dieu. Il se sent mis à nu. Il doit apaiser cette insupportable situation en se masquant temporairement de la vue de Dieu: désormais, ce n’est que progressivement et au prix d’efforts qu’il pourra se mettre à nu devant Dieu, le rencontrer, se libérer et retrouver son bonheur. L’analyse de cette propension, d’une part à se cacher de Dieu, et d’autre part à chercher le divin, par toutes sortes d’intermédiaires, pourrait faire l’histoire de la psychologie et de l’anthropologie, voire même de la psychanalyse.
Cette propension est contradictoire et correspond à l’enchevêtrement des désirs humains orientés vers l’absolu (Dieu), et en même temps, poursuivant en lui-même sa propre fin.
C’est un retournement de la relation de l’être humain avec Dieu: celle-ci passe de la familiarité confiante à la distance, marquée par une gamme d’attitudes tenaces, inscrites profondément en lui: fuites, culpabilités, refus… Par dessus tout, tentative infructueuse de s’approprier le divin et par contre, aspiration à le rencontrer. Division de tout être humain…
Le voile exprime d’une part, que les attributs de Dieu sont inaccessibles à l’être humain, et d’autre part, que Dieu «sous son voile» veut se montrer, se dévoiler, mais sans que meure celui ou celle qui le voit.
Voici Moïse dans l’Exode:
33:18 Il lui dit : «Fais-moi de grâce voir ta gloire.»
33:19 Et il dit : «Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé. Je fais grâce à qui je fais grâce et j’ai pitié de qui j’ai pitié.»
33:20 «Mais, dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre.»
33:21 Yahvé dit encore : «Voici une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher.»
33:22 «Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé.»
33:23 «Puis j’écarterai ma main et tu verras mon dos; mais ma face, on ne peut la voir.»
Ceci s’est exprimé concrètement, par un voile, le parokhet. Ce voile protégeait l’arche d’alliance et séparait le saint des saints du reste du Temple de Jérusalem. Seul le Grand Prêtre était autorisé à passer à travers lui pour aller dans le Lieu Très Saint. Une fois par an, à Yom Kippour, il y entrait pour faire un sacrifice d’expiation pour ses péchés et pour ceux du peuple juif.
Ce voile était très résistant et mesurait environ 18 mètres de haut. Selon Josèphe, historien du 1er siècle en Judée, ce voile avait une épaisseur de 12 cm si solide que même des chevaux tirant chacun de leur côté n’auraient pu le déchirer.
C’est ce voile, qui fut déchiré de haut en bas, au moment même de la mort de Jésus…
«Et voici, le voile [parokhet] du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent» (Matthieu 27:51).
Jean 1, 18 : «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître».
Connaître, entrer en relation avec Dieu.
N’est-ce pas ce que recherche tout être humain. «Je veux voir Dieu!» s’exclamera Thérèse d’Avila.
Oui mais si justement à la mort du Christ, le voile s’est déchiré et aussi étant donné que Dieu s’est incarné en la personne de Jésus et qu’on a pu voir le visage de Dieu, alors pourquoi porte-on encore le voile aujourd’hui?
Dans le contexte du débat sur la laïcité au Québec, un commentaire d’une musulmane a attiré mon attention, elle disait ceci : » j’ai quitté mon pays parce qu’on m’obligeait à porter le voile, je ne voudrais pas devoir quitter le Québec parce qu’on veut m’obliger à ne pas le porter « .
Pourquoi veut-elle porter le voile au Québec, me demandais-je, alors qu’elle ne voulait pas le porter dans son pays?
Récemment, je lisais dans un article que : » Le voile islamique ne doit pas être interprété uniquement comme étant un symbole religieux mais comme un acte d’adoration qui permet à une femme d’afficher sa foi, d’exprimer sa pudicité et d’affirmer au monde extérieur son individualité humaine en tant que femme à part entière et non en tant qu’objet de convoitise comme c’est souvent le cas malheureusement de nos jours. »
Alors, dans une civilisation comme la nôtre où l’on vit une certaine révolution sexuelle, ces femmes ne voudraient-elles pas exprimer au peuple québécois qu’elles veulent un mode de vie autre que celui de la séduction?
Rebonjour,
Je regardais un vidéo sur KTO toute à l’heure qui montrait le pape François. En l’écoutant, et surtout en le regardant, j’ai remarqué son kippa, je ne connais pas le vrai terme. Et en relisant à la fois le texte de Josée et le commentaire d’Anne-Marie, je me suis dite:
Il n’y a pas que les femmes qui couvrent leurs têtes et c’est effectivement une marque de respect envers Dieu. Peut-être les femmes portent un voile car nous avons plus de cheveux à recouvrir :).
C’est certainement un rappel du respect envers Dieu et un geste de modestie. Peut-être est-ce nécessaire que certains rappellent à tous cette réalité sans que ce soit pour autant nécessaire que tous portent un couvre-chef ostentatoire. Cela nous rappel d’adopter la bonne attitude même sans voile…
Je réfléchi depuis quelque temps que ma grand-mère et mon arrière-grand-mère portait un chapo à la messe. Même si cétait la mode, parfois meme un concour de qui avait le plus beau chapo, il y avais ladedans du respè pour le bon Dieu. Moi jpense que cest correc de porter le voile quan on le fait pour le bon Dieu.