Découvrir le japonais

La canonisation de Kateri Tekakwitha  approche, et je m’en réjouis profondément. En préparation d’écrire ces lignes, je me mis à penser aux Amérindiens. Je n’ai pas pensé longtemps, parce que je manquais de matière à réflexion. J’ai constaté avec un brin de déception que je n’en savais pas long sur ces peuples avec qui nous cohabitons depuis des siècles. Ce que je sais d’eux tiendrait dans moins d’une page. Étrange non?

Ce que j’en sais vient en partie de ce qu’en disent les médias: revendications  territoriales, dédommagements pour préjudices subis hier et aujourd’hui, contrebande de cigarettes, trafic d’armes, problèmes sociaux nombreux, pauvreté, etc. Est-ce la définition d’un peuple que cela? Certainement pas. Ah oui! Carey Price est d’origine autochtone, de Colombie-Britannique, mais on parle plus de son salaire que de ses origines. La toponymie fait aussi une large place aux noms autochtones, mais la plupart du temps nous ne savons pas leur signification.

Il y a un ou deux ans, j’avais intercepté quelques paroles de Serge Bouchard, spécialiste des peuples amérindiens, en entrevue  à Radio-Canada; il disait à peu près ceci: «La réalité amérindienne, pour nous descendants des Européens, c’est du japonais»,  avec accent  tonique sur le «ja».

La venue de ces derniers en terre d’Amérique a profondément transformé le mode de vie des peuples locaux et, inversement,  ceux-ci ont fait part de leur savoir aux arrivants. Il y a eu du bon et du mauvais de part et d’autre, là n’est pas mon propos. Malgré ces échanges, après tant de générations, dans quelle mesure y a-t-il eu réellement accueil de nos réalités respectives? Chaque peuple semble vivre de son côté sans vouloir tisser de liens. Les conflits et injustices passés ont-ils creusé des fossés infranchissables? Il paraît plus facile d’être immigré congolais qu’autochtone au Canada.

À ces questions, Kateri Tekakwitha peut peut-être apporter un début de réponse, un germe de réconciliation, car elle concilie en elle plusieurs réalités culturelles. Elle est issue de parents amérindiens de nations différentes et elle a accueilli, sans altérer son identité, ce qu’elle considérait le meilleur dans le bagage de nos ancêtres européens.

Qu’elle soit la première sainte autochtone nord-américaine n’est pas anodin. L’événement marque une étape historique dont il est difficile de juger la portée, mais qui ne peut rester sans effet. Par le témoignage de la passion qui l’animait, qui sait, même le «Blanc» que je suis pourrait redécouvrir les richesses de son propre héritage!

Ce serait déjà une bonne raison de me mettre à l’étude du japonais, vous ne pensez pas?

Patrick Trottier

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3 Responses to Découvrir le japonais

  1. Guylaine dit :

    Bonjour Patrick,

    vous dites qu’il paraît plus facile d’être immigré congolais qu’autochtone au Canada. Cela m’emmène à partager que j’ai du sang amérindien dans mes gènes maternels. Mais c’est vague. Il semble y avoir un malaise familial, sinon je saurais exactement de qui ça vient.
    Bien que j’admire plusieurs aspects de ce peuple ardent et généreux, j’avoue m’être sentie honteuse et très gênée d’avoir à chanter un chant en langue autochtone habillée en amérindienne récemment. Je ne comprends pas trop pourquoi.
    Je me demande si les autochtones se sentent comme ça face aux blancs. Si oui, ce n’est pas étonnant que nos cultures ne se mêlent pas! (Mais ce n’est sûrement pas la seule raison.)
    Oui j’ai l’intention de me mettre à l’étude du japonais en cherchant la signification des mots autochtones que je rencontre sur la route, eux qui ont souvent piqué ma curiosité.

  2. Abby dit :

    Bonjour Guylaine et Patrick,

    je crois qu’une raison pour laquelle nous ne connaissons pas beaucoup les amérindiens est à cause des préjugés que nous entretenons de part et d’autre. Enfin, pour ma part, c’est sur que je vois les amérindiens comme des gens proche de la terre, proche des éléments, qui vouent un « culte » aux animaux, aux éléments, mais aussi qui ont de graves problèmes sociaux (alcoolisme, jeu, etc). J’ai de la difficulté à les concevoir autrement et c’est malheureux, puisque je me prive de ce qu’ils peuvent m’apporter, surtout au niveau du respect et de l’amour de la création et des créatures. Je prie Katéri pour qu’elle puisse intervenir à cet égard, et favoriser l’échange entre Blancs et Autochtones.

  3. Guylaine dit :

    Bonjour Abby,

    je me joint à vous pour demander à Kateri d’intervenir en allégeant nos préjugés de part et d’autre.

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