La Ville de Montréal célèbre cette année le 400e anniversaire de naissance de Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ville-Marie, qui n’abritait que quelques colons, est devenue une grande métropole connue mondialement. Par son étendue, elle ressemble à beaucoup d’autres grandes villes, mais là peut-être s’arrête la ressemblance. L’histoire de Montréal est unique par les motifs qui animaient ses fondateurs. Ils les ont exposés dans un document intitulé Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal. Les Mémoires de la Société historique de Montréal parus en 1880 ont réédité intégralement le texte des Véritables motifs parus en 1643.
Ce texte à mon avis est d’une grande importance, et comme on le mentionne dans Les Mémoires: «[…], il a une valeur qui n’échappera à personne: il est comme l’acte authentique qui atteste à la fois la naissance de notre ville et la noblesse de son origine.»
C’est dans les Véritables Motifs que j’ai découvert M. de Maisonneuve.
Il n’y a pas si longtemps, je le percevais comme un responsable de bonne foi, arrivé au Canada par le jeu des affectations militaires (il était officier). Je sous-estimais alors la hauteur de son engagement personnel dans le projet de Ville-Marie. Après avoir consulté ce document, mon opinion envers lui a bien changé.
À la page seize des Véritables motifs, Jean-Jacques Olier – l’auteur présumé de ce livre – décrit ainsi la rencontre de M. de Maisonneuve avec Jérôme le Royer de la Dauversière:
En 1641, comme il [M. de la Dauversière] préparait son premier Equipage et Magazin pour Montréal, son compagnon [M. Olier] et lui avaient souvent demandé à Dieu quelques personnes pour la direction et conduite de cette sienne et nouvelle famille, qu’ils envoyaient en cette ile inculte et abandonnée. Dieu leur en présente deux en divers temps, de sexe, de condition et demeures différentes, et après avoir conféré avec le premier des deux, Gentilhomme de vertu et de cœur, et s’être ouvert de son entretien il en fut si touché qu’ils s’unirent tellement ensemble, qu’il s’offrit de passer a Monréal et d’y faire sacrifice à Dieu de sa vie et de ce qu’il avait de plus cher en France.
Le fait que M. de Maisonneuve devint membre de la Société de Notre-Dame de Montréal indique nettement son adhésion aux Vrais Motifs. «Je n’ai aucune vue d’intérêt. Je puis, par mon revenu, me suffire à moi-même et j’emploierai de grand cœur ma bourse et ma vie dans cette nouvelle entreprise, sans ambitionner d’autres honneurs que de servir Dieu et le roi dans ma profession.» (Rapporté par F. Charles-Henri Clément dans sa Belle aventure de Ville-Marie, Éd. Apostolat de la Presse, p. 16).
C’est donc sur une base pleinement volontaire que cet homme accepta d’exposer sa propre vie et celles dont il avait la charge à des périls énormes pour établir une colonie à Montréal. Il y a là une abnégation et un dévouement que j’admire.
Patrick Trottier