Dialogue sur les anges (1)

– par Jean-Marc Rufiange et Francine Dupras

RAPPEL: Dans la section Essais, nous publions des articles de contenu qui poussent la réflexion sur des sentiers moins explorés, sous des angles souvent inédits, qui pourraient même apparaître incongrus. Et comme le mot «essai» le dit bien, ces textes ne prétendent pas épuiser le sujet et ne se veulent pas «dogmatiques»; les commentaires ou les questions sont toujours bienvenus. Ces articles peuvent prendre la forme d’un texte continu comme dans Dieu et l’État ou Dominion et République, ou bien d’un dialogue proprement dit, comme dans le cas de ce «Dialogue sur les anges» entre Jean-Marc Rufiange (JMR) et Francine Dupras (FD).

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JMR
Il y a longtemps que je m’intéresse à la réalité des anges. Je voudrais simplement proposer mon point de vue comme piste de réflexion sur ce que je considère comme une réalité fondamentale de l’univers. Les anges nous disent quelque chose de notre univers, de la manière dont les multiples rapports qui le constituent s’opèrent.

FD
Ayant déjà eu l’opportunité d’échanger avec toi à ce propos, je dirais qu’au point de départ, tu établis un rapport entre le spirituel et la matière, et, par conséquent, entre l’ange et la matière, ce qui peut surprendre à première vue.

JMR
J’en conviens. Si on part d’une polarité esprit/matière, avec tout ce que ça vaut et tout ce que ça ne vaut pas comme approche, il reste quand même que l’histoire de la pensée nous remet devant cette polarité assez souvent. Je pense que les deux, esprit et matière, sont interreliées. Si je ne m’abuse, c’est un peu dans la ligne de Teilhard de Chardin.

FD
En effet, pour lui, matière et esprit sont deux facettes de la même réalité.

JMR
Teilhard de Chardin a donc développé une approche qui fait intervenir un lien étroit entre les deux, sauf qu’il tend à penser qu’on s’en va vers une «spiritualisation» de l’être.

FD
Tout à fait. Dans sa perspective historique ou évolutive qui se déploie du point Alpha au point Oméga, le point Oméga est décrit comme l’atteinte de la parfaite spiritualité.

JMR
Personnellement, j’ai un petit problème avec cette orientation «spiritualiste». Mais bien que je ne la partage pas, cela ne veut pas dire que je considère qu’il a tort sur tout.

FD
Quelle serait ton orientation?

JMR
Ma thèse serait qu’il y a toujours un peu de matière dans l’esprit et un peu d’esprit dans la matière.

FD
Donc, il y aurait de la matière dans l’ange et de la matière en Dieu?

JMR
Oui. En ce sens, on pourrait dire que je conteste les définitions du petit catéchisme concernant l’ange et Dieu comme «pur esprit». Je les conteste dans une certaine mesure… À mon point de vue, il n’y a qu’un seul pur esprit et c’est l’Esprit de Dieu. Mais l’Esprit étant relié au Père et au Fils, c’est un peu comme si le Père et le Fils étaient – encore là, dans une certaine mesure – la matière «supportive» ou «supportante» de la spiritualité de l’Esprit. J’oserais quand même dire que l’Esprit EST le pur esprit.

FD
Et l’ange?

JMR

Les anges sont de «tendance» spirituelle. Mais on a de bonnes raisons de croire qu’ils ont un rapport avec la matière, entre autres, si on se réfère aux récits dans l’histoire et dans les traditions qui rapportent des interventions d’anges. Il me semble que si, par exemple, on relate que quelqu’un s’est senti «poussé» pour éviter d’être happé par une automobile (ou un véhicule quelconque), il faut qu’il y ait, dans cette intervention angélique un rapport avec la matière…

FD
Les anges seraient donc en étroite relation avec la matière, le spirituel avec le matériel. Mais jusqu’à quel point?

JMR
Selon cette orientation, on arrive à l’une de mes thèses de base: à chaque individu matériel correspond un individu spirituel. Et ces individus spirituels sont ce qu’on appelle les anges.

FD
Mais que sont les anges? Si la définition de «purs esprits» ne dit pas tout et peut même être réductrice de la réalité angélique, comment la définirais-tu?

JMR
On pourrait essayer de trouver aux anges de nouveaux noms, mais il y a une justification au moins partielle à continuer de les appeler des «anges», parce que, comme le fait remarquer Michel Serres dans son livre intitulé La Légende des anges, les anges relèvent beaucoup du domaine de la communication. Le mot angelos en grec veut dire «envoyé», «messager» aussi. Serres part de cette idée du message qu’il développe d’une manière que je trouve très intéressante.

FD
En quoi cette idée de la communication peut-elle contribuer à la définition de la réalité des anges?

JMR
Dans mon mémoire de maîtrise en théologie, qui porte sur le rapport de complémentarité pain/vin dans l’Eucharistie, je mentionne que le liquide et le solide ont aussi une complémentarité, complémentarité qui est semblable à celle qui caractérise le rapport de la matière et de l’esprit. Le liquide par opposition au solide, dans un corps vivant par exemple, représente une dimension de communication. Les hormones, notamment, sont d’abord et avant tout des véhicules de communication. Elles font se rapporter les processus les uns aux autres pour faire fonctionner le système physiologique du corps tout entier.

FD
Les exemples aident beaucoup à saisir l’enjeu d’une définition.

JMR
Ce sont d’ailleurs ces exemples qui nous permettent de découvrir la dynamique propre à un système, sa logique. J’ai aussi été frappé que, dans la tradition juive, pas seulement kabbalistique, on disait qu’en fait, quand on regardait les planètes et les étoiles, c’étaient des anges qu’on voyait. On rejoint par là beaucoup de traditions religieuses, particulièrement celles que l’on connaît bien, les traditions grecque et latine; elles donnent un nom aux astres (Vénus, Mercure, Pluton, Jupiter,…) qui leur confère une divinité. On pourrait très bien penser que ce qui est ainsi attribué à des divinités païennes vise en général la réalité des anges.

FD
Certains pourraient dire que ton essai de définition des anges en reste à l’analogie, les anges agissant comme les hormones dans le corps humain, ou à une vision mythologique de l’univers.

JMR
Je dirais qu’au contraire en établissant la réalité de l’ange sur la base d’un rapport étroit entre la matière et l’esprit, on s’ouvre à une conception de l’univers qui nous permet d’apercevoir tout un système angélique; il y aurait toute une série d’anges qu’on pourrait rattacher aux éléments mis en lumière par la théorie générale de la relativité, toute une série d’anges qu’on pourrait de même relier à la théorie de la physique quantique. En d’autres termes, une telle conception de l’univers nous amène à voir des individus de tous les types auxquels correspondent, un à un, des anges (Ex.: un quark a un ange qui lui correspond). Je pense que l’univers est rempli d’anges autant qu’il est rempli de matière. D’autant plus que la matière elle-même n’est plus confinée au monde que l’on peut «voir». En effet, on découvre que la matière n’est pas complètement visible. Ainsi parle-t-on, par exemple, de matière «sombre», car on a de plus en plus conscience qu’il existe dans l’univers des éléments qui appartiennent à la matière mais qui sont d’une subtilité tellement élevée qu’on ne les voit pas. Selon mon approche, il s’agit d’éléments de la matière qui se rapprochent davantage de l’esprit. Et, dans la mesure où ils sont matière, il y a des esprits qui leur sont reliés, c’est-à-dire des anges.

FD
Je suis frappée par ta référence à la subtilité de la matière.

JMR
Oui, ça va dans les deux sens. Si on affirme que le domaine spirituel peut se rapprocher de la matière, l’inverse aussi est vrai. Je ne serais pas le premier à théoriser qu’au niveau de l’infiniment petit, là où on commence à sentir de la subtilité, on se retrouve aux portes de la dimension spirituelle.

Savais-tu que le quark, que j’ai mentionné tout à l’heure, considéré comme la plus petite «particule» si on peut l’appeler ainsi, ne peut pas être perçu directement, il est «subtil». Les théoriciens du quark on déterminé qu’il y avait 6 sortes de quark, appelées «saveurs». Intéressant n’est-ce pas? Y a-t-il quelque chose de plus subtil qu’une saveur? Et sais-tu comment ils ont appelé ces saveurs? Haut et bas, étrange, charme, beauté et vérité…

FD
C’est comme si l’être humain devait se faire l’interprète de cette subtilité matérielle qu’il finit par traduire en des termes qui rejoignent des dimensions spirituelles. Mais l’être humain fait lui-même partie de ce système. Comment l’Homme s’insère-t-il dans cet univers?

JMR
Au «sommet» de l’univers, ou au «centre», on a l’être humain. Cette vision est tout à fait conforme à la tradition. À mon sens c’est comme si l’être humain représentait l’équilibre entre la matière et l’esprit. Moitié matière, moitié esprit. Il est relié au monde spirituel et il est relié aux autres espèces et aux autres de sa propre espèce. Il s’insère dans le cosmos. C’est de cette façon qu’il est relié à Dieu, à Dieu au complet. De même, il est relié aux anges, et son lien «numéro 1» au monde des anges, c’est ce qu’on appelle son ange gardien.

FD
De quel type est ce lien privilégié?

JMR
Je pense personnellement que l’une des aspirations ou l’un des désirs de l’Homme qui est assez universel, c’est la recherche de l’âme soeur. Et je pense qu’il est plus approprié de rapporter l’ange gardien au concept d’âme soeur, que, pour un homme, par exemple, de rapporter à ce concept l’idée de la femme idéale qui lui serait destinée. Tous les êtres humains ont un être vivant qui leur est destiné, en effet, mais il s’agit de leur ange gardien. Lui seul peut combler adéquatement le désir que, tous, nous avons de l’âme soeur.

FD
Autrement dit, à chaque être humain correspond un ange, son âme sœur.

JMR
Ou comme le dit le livre de la Genèse, «à chacun sa chacune»…

À suivre…

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8 Responses to Dialogue sur les anges (1)

  1. Esther Martelle dit :

    Le petit catéchisme? Qui sait encore que l’expression « petit catéchisme » se réfère au Petit Catéchisme de la province de Québec en usage dans les années pré-conciliaires ? Il était fait pour des enfants de 6 à 7 ans. Il ne pouvait répondre aux exigences de la réflexion de personnes plus avancées en âge, en expérience et en réflexion.

    Ce Petit Catéchisme est quand même la base de ma formation et me rend encore, grâce à son impression dans ma mémoire, de grands services. Bien sûr ma pensée s’est développée de puis le temps de mon enfance mais sur la base du Petit Catéchisme, qui peut être discutable aujourd’hui sur ses bases théologiques, sa présentation et son style mais pour l’époque convenait très bien. Si les jeunes d’aujourd’hui avaient cette base, je répondrais mieux d’eux. Auriez-vous un petit grief caché en quelque part à son égard?

    Ceci dit, plusieurs aspects de votre texte me parlent beaucoup. La question de la matière et de l’esprit par exemple : En effet la logique me souffle à l’oreille que si l’homme est créé esprit et matière à la ressemblance de Dieu comme il est dit dans la Genèse… et dans le petit catéchisme…, en Dieu il y a esprit et matière. Et comment la matière pourrait exister si elle ne parvenait pas de la substance même de Dieu. Il faudrait penser que Dieu a créé en dehors de Lui quelque chose qu’Il n’expérimentait pas en lui?

    Pour ajuster ma réflexion à la vôtre, je dirais que cette tendance spirituelle s’exprime pour moi par un dosage esprit-matière qui en l’intérieur du monde angélique va de l’ange gardien aux séraphins. L’homme étant le dosage le plus parfait entre l’esprit et la matière, l’ange gardien s’accole à l’esprit mis dans l’homme et est relié intimement à la matière de celui-là. Donc par la médiation de l’homme, ce serait l’ange le plus près de la matière. Et quand on parle des séraphins, d’une façon ou d’une autre, on en parle toujours comme ceux qui sont les plus raffinés en esprit, dirais-je. Cette réalité étant exprimée couramment par l’idée qu’ils sont les plus près de Dieu. De telle sorte qu’on pourrait continuer d’appeler anges ceux qui s’échelonnent entre l’homme et Dieu par la voie de l’Esprit et donner un autre nom à ceux qui voyagent de l’homme au Père par voie de la matière. Cette réflexion a une multitude de conséquences et ma digression pourrait s’étendre d’une façon difficile à cerner.

    J’aimerais connaître la référence biblique de « à chacun sa chacune ».

    Merci,

    Esther Martelle

    • Merci beaucoup pour votre commentaire, je l’ai beaucoup apprécié.
      Votre finale sur les deux «voies» distinctes d’anges qui se rapportent à l’Esprit ET au Père me frappe particulièrement et m’inspire fortement. En effet, pourquoi n’y aurait-il qu’une seule «lignée» d’anges?

      Vous me demandez si j’ai un quelconque grief à l’égard du Petit Catéchisme? Peut-être, et si c’est le cas, il est mal placé, je l’admets. Mais le sentiment qui m’anime aujourd’hui est l’importance de tenter de dépasser les limites du système sur lequel il était fondé, comme vous semblez d’ailleurs le souhaiter aussi. Il faut penser pour notre temps.

      Je considère que le plus grand trésor de la révélation chrétienne est le «mystère» de la Trinité et je m’applique constamment à retrouver les traces de la logique que cette «idée», ce «concept» de base implique. En effet, comme vous l’évoquez, si Dieu trine est le créateur de tout, il faut trouver sa trace dans sa création. En regard de la question universelle de la matière et de l’esprit, il faut donc chercher de quelle manière cette dualité est liée à la structure trinitaire. C’est un exercice particulièrement périlleux dans la mesure où les deux systèmes ainsi comparés sont l’un, binaire, et l’autre, ternaire. Pour y parvenir, il faut en quelque sorte «réduire» ou «résoudre» le système ternaire en une polarité. La logique et même la tradition nous permettent de le faire. Comment posons-nous les trois personnes de la Trinité dans leurs rapports mutuels? En établissant un couple logique Père-Fils en polarité avec l’Esprit. On dit, par exemple, que l’Esprit est l’Esprit DU Père et DU Fils. Donc, si l’esprit de la diade esprit-matière correspond à l’Esprit en Dieu, la matière correspond au couple Père-Fils. C’est selon cette logique que je proposais dans notre dialogue: «le Père et le Fils (sont) la MATIÈRE de la spiritualité de l’Esprit».

      Pour en revenir aux «lignées» d’anges qu’implique cette partie de votre commentaire: «De telle sorte qu’on pourrait continuer d’appeler anges ceux qui s’échelonnent entre l’homme et Dieu par la voie de l’Esprit et donner un autre nom à ceux qui voyagent de l’homme au Père par voie de la matière», je me promets d’en explorer les implications. Je voudrais pour le moment m’en tenir à un commentaire de mon cru sur le vôtre: si nous pouvons distinguer une «lignée» d’anges dans le domaine du Père et une dans le domaine de l’Esprit, ne faudrait-il pas qu’il y en ait aussi une dans le domaine du Fils?

      Quant à la question de «à chacun sa chacune», je vais imiter l’ineffable Larry King et vous suggérer de rester syntonisée à notre dialogue, nous y reviendrons. «Don’t go away»…

  2. MLRD dit :

    Quelle belle discussion! Cela me fait voir les choses d’un tout autre oeil.
    J’ai lu ceci dans un petit livre sur les anges: « Le Verbe avait pris une nature inférieure à la nature angélique, et dans cette humble nature, il était couronné leur roi… Le fils d’une mère terrestre devait être leur chef, et cette fille d’Eve devait elle-même être leur reine. À cette révélation, l’Ange est interdit. Sondant, de son regard profond, la distance qui sépare la nature angélique de la nature humaine, l’Esprit sublime et immortel se sent avili à la pensée d’adorer un Dieu-homme, un Dieu revêtu de chair et de sang. » (et la suite, c’est l’instant du combat entre Lucifer et Michel).
    Je suis encore un peu perplexe sur la question « inférieure ». Si je comprends bien la phrase, dans l’ordre de la création, nous qui sommes aussi matière, sommes considérés « inférieurs » justement à cause de cette matière. Pourtant, dans votre discussion, vous amenez le fait que Dieu est aussi matière, même avant l’incarnation, et je trouve cela très logique. Alors est-ce que l’ange a eu un problème dès sa propre création en voyant qu’il n’est pas matière en soit mais qu’il est lié à la matière, en tant qu’esprit? Je n’ai pas de problème à penser qu’il a une intelligence supérieure à la nôtre, du fait entre autres qu’il est en constante présence de Dieu et que Dieu lui a donné une mission spéciale et unique mais est-ce un exercice perpétuel d’humilité pour notre ange que son service à nos côtés? Je ne croirais pas. J’aime beaucoup mon ange et je crois qu’il me le rend bien! Je ne cherche pas à savoir qui est supérieur ou inférieur car en Dieu, nous sommes tous uniques et aimés à Sa mesure mais j’aimerais, si vous le voulez bien, que vous m’éclairiez sur le sujet.

    • Vous citez un texte classique expliquant la « chute » des anges. Il s’agirait d’une faute d’orgueil et de révolte à l’égard de Dieu qui, à leurs yeux, pousse leur opprobre jusqu’à les obliger à adorer une nature « inférieure ». Le passage «l’Esprit sublime et immortel se sent avili à la pensée d’adorer un Dieu-homme, un Dieu revêtu de chair et de sang» est particulièrement troublant, il suppose la remise en questions des principes sur lesquels Dieu lui-même se serait appuyé pour structurer sa création.

      Quoi qu’il en soit du péché de l’ange lui-même, nous pouvons nous interroger sur le fondement même de cette notion d’infériorité de la chair et du sang. Le Christ lui-même n’a-t-il pas donné sa vie pour en assurer la pérénité par la résurection de cette chair et de ce sang? N’a-t-il pas donné en partage sa chair et son sang au repas eucharistique comme signe du festin des noces éternelles?

      Toute la question de la supériorité et de l’infériorité est une fausse question. Il y a dans l’univers de la diversité et de la complémentarité et la complémentarité implique la vocation spécifique de chaque item dans un système. La matière et l’esprit ont chacun leur vocation: elles sont toutes deux essentielles. Le péché de la matière serait de vouloir être esprit et vice-versa. « Vous serez comme des dieux » déclare le serpent au jardin. Vouloir «être comme Dieu» c’est le refus de sa vocation propre. L’ange et l’homme ont des vocations différentes et Dieu demande à chacun de s’incliner devant l’autre. Ainsi devons-nous faire devant tout être, toutes personnes et surtout, le plus difficile, devant notre «prochain».

  3. «O» dit :

    La limite du «Petit Catéchisme», de ce que j’en comprends, consiste en un autoritarisme à l’image de la société et du clergé dont il est issu. Devant le «Petit Catéchisme» on ne demande pas de réflexion. La vérité se présente de façon rigide, théorique, immuable. On l’apprend par coeur et tant mieux si on y comprend quelque chose.
    Quant aux anges, le matérialisme nous en a fait complètement discréditer l’existence. Querelles stériles, «varlopage de nuages» qui n’apportent aucune solution aux problèmes concrets de l’humain, nous disent certains. L’enjeu n’est-il pas de montrer l’importance et la pertinence du spirituel? Qui dirige l’humain? Est-il libre, influençable ou influençé, déterminé peut-être par le «spirituel»? De quoi ce «spirituel» est-il fait?
    En fait, pour moi la question est de savoir comment amener tout l’être que je suis (matériel et spirituel) à aimer. Les anges peuvent-ils aider à atteindre ce but?

    • Ricardo dit :

      Le Petit Catéchisme serait-il dépassé parce qu’il contient du par cœur comme vous dites? Alors? Pourquoi Dieu est-il intervenu dans l’humanité et serait-il venu donner les 10 commandements? Rigides, théoriques, immuables. Sans explication! Du par cœur! Il s’est donné la peine de les écrire sur les tables de la loi (sur du matériel). Et Dieu continua à éduquer son peuple tant bien que mal à travers les incompréhensions, les refus, les endurcissements jusqu’à en mourir, tellement son peuple était dur d’oreille! Je crois que nous mélangeons «autorité» et «autoritarisme». De nos jours, la vague est statu quo, tellement nous avons peur de passer pour autoritaristes même si nous savons que le message que nous avons à livrer est pour le bien de la personne à qui on s’adresse. Gage qu’il va y avoir d’autres manifestations divines qui vont nous tomber dessus, des lettres et des pierres avec; j’espère qu’il ne sera pas trop tard! Pour ce qu’il s’agit des anges, je me sens plus à l’aise de m’adresser à eux que de m’adresser aux êtres humains. Ils comprennent plus vite.

  4. L. A. dit :

    Peut-on donc penser que l’on trouve d’une part les anges, avec un dosage plus élevé en esprit, échelonnés entre l’ange-gardien et le séraphin; au « centre », l’homme, qui présente un parfait dosage entre l’esprit et la matière; et d’autre part, d’autres créatures divines avec un dosage plus élevé en matière si je peux m’exprimer ainsi?

  5. MLRD dit :

    Merci M. Rufiange pour votre réponse.
    Je dirais que votre réponse à mon commentaires répond aussi en quelque sorte au commentaire de « L.A. » qui semble également exprimer une espèce de structure linéaire en cherchant à comprendre où se situe-t-on par rapport au reste de la création.

    À « L.A. »
    Tout d’abord, le mot qui m’est venu pour vos ‘créatures divines avec un dosage plus élevé en matière’ est « la création elle-même », telle que créée par Dieu dans la Genèse avant le 6e jour. Cette création qui, depuis la chute de l’homme, attend la Révélation, la Résurrection, pour rentrer dans son ordre, tel qu’établit par Dieu.
    En lisant votre commentaire, l’image d’une autre ligne m’est venue à l’esprit. Ainsi, en tentant d’établir une autre structure linéaire, qui pourrait être de gauche à droite, plutôt que de haut à bas tel que je l’exprimais, passons-nous peut-être encore à côté?
    M. Rufiange me répondait en ces termes  » Il y a dans l’univers de la diversité et de la complémentarité et la complémentarité implique la vocation spécifique de chaque item dans un système. La matière et l’esprit ont chacun leur vocation: elles sont toutes deux essentielles. » Ainsi, Dieu étant instant et éternité, peu importe où nous sommes situés (nous pourrions aussi être des points en périphérie), nous goûtons à cette Présence, à cet amour infini, tous, matière et esprit, et nous « avançons » tous vers cette plénitude, en aimant aussi vraiment l’autre (matière et esprit), sa vocation spécifique, et en oeuvrant au projet du Royaume, chacun selon notre espèce, notre nature, vers l’accomplissement de ce qu’Il a préparé pour chacun de nous. C’est le Paradis, quoi!

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