Il n’y a pas si longtemps, lorsqu’on parlait chez nous de la «bonne» sainte Anne, c’était quelque chose! On voyait qu’il s’agissait d’une impression très sentie de sa bonté. Les plus jeunes savent-ils seulement qu’il existe une patronne du Québec et que les ancêtres québécois, lointains et même proches, ont largement témoigné de ses bienfaits?
Le pèlerinage du 26 juillet à Sainte-Anne-de-Beaupré est une tradition datant de la Nouvelle-France. Il est intéressant de constater que les Amérindiens gardent eux aussi une tradition de reconnaissance vis-à-vis la protectrice du Québec, et ce, depuis les origines.
Dès 1610 (deux ans seulement après la fondation de la ville de Québec), Membertou, le grand chef des Micmacs, choisit avec toute sa famille la religion catholique. Dès lors, il fit le pèlerinage chaque année. À cette époque, ils longeaient le fleuve en canot pour venir lui rendre hommage à Beaupré. Les membres de sa tribu reviennent encore fidèlement en juillet à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré où ils rencontrent d’autres tribus amérindiennes pour fêter leur protectrice.
Ainsi, jusqu’à ce jour, les Amérindiens se souviennent et viennent même de régions très éloignées, de partout au Canada, pour honorer sainte Anne.
Il y a des raisons profondes à cette fidélité. La descendance amérindienne est matrilinéaire, les enfants appartiennent donc au clan de la mère; ils honorent particulièrement ces femmes à qui ils doivent identité, croissance, éducation, sagesse. Instinctivement, les Amérindiens chrétiens ont très vite partagé l’enthousiasme privilégié des Français pour Anne, mère de la Vierge Marie, et donc ancêtre féminin de Jésus.
Anne n’est donc pas que la patronne des Québécois dits «français de souche». Elle embrasse sous son patronage les Amérindiens depuis les origines de la Nouvelle-France, et, par la suite, tous ceux et celles qui se sont établis et s’établissent encore dans la province qui lui a été confiée.
Salut à toi, Anne, ancêtre féminin de Jésus, patronne de la province de Québec.
Catherine Jean