La période recouvrant les débuts du Canada est appelée à juste titre par plusieurs historiens: épopée mystique. C’est effectivement une épopée, même si le mot employé fait vieillot au premier abord. La description qu’en font certains historiens d’avant la Révolution tranquille enthousiasme et ravive une ferveur principalement catholique au véritable sens du terme, c’est-à-dire universelle, et évidemment patriotique, non pas au sens du nationalisme ambiant de la Fête des Patriotes, mais au sens que lui ont insufflé les fondateurs et fondatrices de ce pays...
… Comme Samuel de Champlain, le fondateur de Québec, qui prend pour devise: «Le salut d’une âme vaut plus que la conquête d’un empire». Dans ce dessein, il fait venir des Récollets, des Jésuites, des Hospitalières, des Ursulines éducatrices;
… Comme ces familles de pionniers, dont la toute première, celle de Louis Hébert et Marie Rollet, mériterait qu’on lui consacre plusieurs pages;
… Comme ces fondateurs de Ville-Marie, qui passent leur premier hiver à Québec en attendant de pouvoir rejoindre cette île de Montréal, malgré les énormes difficultés que leur laissent entrevoir ceux qui traitent leur entreprise de vraie folie;
… Comme ces étudiants et professeurs du collège jésuite de La Flèche, en France, où l’on vibre d’un enthousiasme bouillonnant pour «les missions du Canada», et où l’on retrouve François de Montmorency-Laval, Jérôme Le Royer de la Dauversière, Isaac Jogues, Gabriel Lalemant;
… Comme cet autre jésuite, Charles Lalement qui, revenant du Canada, suggère à Jérôme de la Dauversière de choisir le chevalier Paul Chomedey de Maisonneuve pour accomplir son projet de fondation à Montréal.
Et combien d’autres rencontres déterminantes devenues historiques! Mais cette histoire a-t-elle un aujourd’hui?
Lors de vacances en Ontario, ayant visité Midland, je repars avec la certitude intuitive de l’importance de ce lieu. Je n’ai découvert que plus tard ce qu’on appelle «les missions du Canada», dont cette mission à Midland placée sous le saint patronage de Joseph. Pour un regard superficiel, elle peut sembler un échec, mais, dans sa dimension profonde, elle a des racines toujours vigoureuses.
C’est à Midland que j’ai redécouvert cette flamme qui animait les fondateurs et collaborateurs des missions canadiennes et qui brûlait chez les martyrs, non seulement Jésuites, mais Hurons.
Amérindiens, gouverneurs, missionnaires, fondateurs, militaires, pionniers et pionnières, tous ces hommes et femmes, qui ont semé leur vie dans le sol de notre pays, sont reliés entre eux – «tricotés serrés», pourrait-on dire -, pour constituer les multiples réseaux fondateurs du Canada, d’un océan à l’autre.
Certes, une recherche historique pourrait faire davantage ressortir l’apport personnel des citoyens et citoyennes de ce monde nouveau dont on retrouve le témoignage à Midland et dans toutes les régions du Canada. Je voudrais donc faire ma part en vous partageant quelques-unes des découvertes qui ont transformé jusqu’à ma vision du Canada d’aujourd’hui. Ce seront mes premiers pas en tant qu’auteure de Tendances et Enjeu.
Je sens en moi comme un devoir et même un ardent désir de souvenance.
Catherine Jean
@Catherine
Bonjour Espace Nord. Vos articles risquent d’être fort intéressants. Pensons seulement aux autochtones. J’ose espérer que vous traiterez de ce sujet brûlant d’actualité, 365 jours par année, et sur lequel j’ai plein de questions. J’ai hâte de vous lire…