La Fête des Patriotes ou le PNPQ

Ah! La Guerre de Cent Ans qui, en passant par la Guerre de Sept ans, cheminement efficace, a fait lever chez nous une poignée de PATRIOTES récalcitrants! Aujourd’hui, on salue ces Patriotes-là. Mais je n’irai pas jusqu’à dire, comme certains, qu’ils ont défendu la démocratie; il me semble qu’il y a là de l’inflation et quelque anachronisme.

La fibre anglaise est conquérante. La flotte de Wolfe s’emparant de Québec, c’est l’Angleterre étendant son empire, sur mers et par l’immigration, notamment dans ses colonies américaines, et c’est en effet sa revanche sur la France de Jeanne d’Arc. L’Américain Anglais a aussi hérité de cette fibre au caractère envahissant. Les enjeux des temps guerriers et batailleurs persistent sous des formes déguisées; il faut encore des défenseurs de la distincte nation française en Amérique. Des partis, des regroupements bien organisés s’en prévalent. Mais aux enjeux d’alors s’ajoutent d’autres enjeux, de taille et en nombre, appelant de NOUVEAUX PATRIOTES, en date et à date, pour conserver les acquis et pallier les reculs qui sont souvent le prix à payer pour de nouveaux acquis.

Suivra une brève nomenclature, un peu à l’emporte-pièce, de maux actuels, bien tangibles, qui nécessiteraient une attention spécialisée, voire l’apparition d’un nouveau genre de patriotes pour chacune des causes. Mais voilà, on s’acharne à voir les fédéraux comme l’origine singulière de tous nos maux. Non, il ne faut pas tout mettre dans le panier canadien, le ver est aussi dans la pomme du Québec…

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Défendre notre langue

Quelle langue? La langue française se réduit désormais, ici et dans une bonne proportion, à un genre de patois. Il y a toujours eu un patois chez nous, mais cette langue est de plus en plus mal écrite, même chez les universitaires (diplômés) dont les journalistes; de plus en plus mal parlée par un bon nombre, au demeurant, la figure de style la plus familière étant l’enlignement d’un ou plusieurs jurons… Snobisme populiste, Radio-Canada et médias affiliés, en tête. Il faut que l’on enregistre ici un recul: en moyenne générale, le français a déjà été mieux traité par les bonnes sœurs, les bons frères. On peut s’objecter opiniâtrement, mais il serait difficile de faire la preuve du contraire.

Défendre notre  territoire

C’est encore valable, car il est toujours menacé. Serions-nous disposés à vendre le Grand Nord québécois à des investisseurs étrangers (Anglo-Américains et tutti quanti) pour créer parmi nous plus d’emplois pour simples mineurs ou cantonniers, et voir épuiser nos richesses naturelles au rythme d’un capitalisme des plus voraces? Alors qu’on devrait exploiter nos ressources sagement, à long terme, afin d’assurer du gagne-pain à beaucoup plus qu’une ou deux générations de travailleurs, y compris les Amérindiens, au lieu de les renvoyer comme des gueux, le saccage terminé, à leur no man’s land? Le Klondike québécois…

J’aimerais connaître qui seront nos futurs investisseurs pour savoir qui seront nos nouveaux colonisateurs, nos nouveaux propriétaires, nos nouveaux maîtres, et quelle sera la future langue parlée majoritairement au Québec, terre de nos aïeux, de laquelle nous serons détroussés à brèves échéances, mine de rien, si quelques patriotes ne se lèvent avec, bien sûr, d’autres armes que des mousquets déjà au musée.

Défendre nos institutions

Elles aussi sont en manque de défenseurs adéquats et héroïques pour mater les politiques destructives, là où elles font leur chemin.

a) Nos travailleurs

Je pense à nos syndiqués mal servis, comme le dénonçait récemment M. Gérard Deltell. Mais il faudra bien plus qu’un esclandre pour se débarrasser d’une idéologie syndicale désormais ringarde, importée d’ailleurs comme toutes les idéologies qui ont la cote chez nous. Le modèle québécois? Faites-moi rire!

b) Nos écoles

Là où le programme d’éducation à la sexualité est le plus efficace, et le plus stérilisant, pour ne nommer que ce seul déséquilibre.

La discipline? Oh, non! Quel sacrilège! D’abord, à l’égard de la liberté: tout le monde doit pouvoir faire ce qui lui passe par la tête pour se réaliser! Puis, à l’égard de l’égalité: tous les résultats de tout le monde sont normalisés; la moyenne classe, il faut que ça passe, on n’a plus de budget pour les doubleurs. D’ailleurs, faire doubler les uns et pas les autres, ce serait une injustice aux droits de la personne! Enfin, quel sacrilège à l’égard de la merveilleuse fraternité qui règne dans nos écoles, ces superbes écoles de la Réforme, pour lesquelles nous sommes taxés par en haut, alors que ceux qui les fréquentent sont taxés par en bas, dans les vestiaires!

Oui, oui, oui! Viva! La Liberté, l’Égalité et la Fraternité aux avancées consciencieusement médiocres!

c) Nos hôpitaux

Là où l’on regarde passer les heures… jusqu’à douze heures et plus à la queue leu leu… pour obtenir d’être «vu» par un médecin et repartir avec une prescription médicale. Toutes ces prescriptions cumulées méritent au Québec la palme d’or pour leur nombre extravagant, et en matière d’antidépresseurs seulement! Les bonnes sœurs n’ont pas fait pire!!!

d) Nos artisans

Qui finissent presque toujours par devoir inventer le travail à la chaîne pour leurs entreprises. Économie oblige plus que l’art. Pourtant l’art est une valeur primordiale pour assurer la continuité dans l’estime des valeurs d’un chacun.

Mais, au fond, c’est aussi le gagne-pain aux revenus les plus stables. Être un artisan, c’est une vocation, et il est rare que les appels vocationnels promettent de gros revenus, on s’entend là-dessus. Alors on verra à eux en dernier. En attendant, qu’ils se contentent de leur croûte et de la gloire de se produire dans des kiosques de fête foraine!

e) Notre Foi

Eh! oui, dire qu’on tolère qu’une cheftaine de parti nous annonce de sang-froid que les crucifix sont dus pour les musées! Est-ce à la suite d’un référendum qu’une telle annonce fut lancée sur les ondes et dans le cyberespace! Ou est-ce une job de curé que de s’objecter, les curés eux-mêmes ayant majoritairement jeté la serviette, il y a de cela belle lurette?

f) Même notre club de hockey

J’ai encore de quoi vous surprendre: même notre ligue de hockey aurait besoin de supervision pour représenter ce qu’incarnaient un Maurice Richard et tant d’autres, qui défendaient plus qu’une joute et un salaire gonflé à l’hélium, mais aussi une fierté nationale!

g) Enfin, il y a notre moral

Oui, il est très bas, tel que l’indique le rapport sur notre consommation d’antidépresseurs: on dirait que non seulement notre bras ne peut plus porter l’Epée ni la Croix, mais qu’il a peine à se porter lui-même… Symptôme de quoi??? Ça prend plus d’un patriote très patriotique pour nous sortir de là! C’est pas mal pire que le Long Sault!

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Les causes d’aujourd’hui méritent des patriotes qui soient vierges, s’il se peut, des compromissions et chicanes politiques redondantes issues de la Révolution tranquille, mais surtout de ces programmes politiques retors, hypocrites, trompeurs, qui ne servent plus qu’à manipuler notre vote. Le politique a ses droits mais aussi des devoirs, des responsabilités, une éthique qui devrait briller de tous ses feux, surtout au Québec depuis qu’on a remplacé ici et là les cours de religion par des cours d’éthique.

Conclusions : Ô nouveaux patriotes québécois!

LE PARTI QUÉBÉCOIS a le mérite d’avoir institué la Journée nationale des Patriotes. Mais s’il vénère les patriotes passés, où sont les nouveaux patriotes? Les Péquistes eux-mêmes? Le séparatisme ne me paraît pas être la solution aux nombreux maux ci-haut mentionnés. Il me semble plutôt être l’antichambre pour la germination d’une idéologie étrangère à nos racines (on nous vante tantôt l’Allemagne, tantôt la Suisse, un fédéralisme à l’européenne, et tralalère!). Il s’agit d’une idéologie non clairement ni honnêtement dévoilée, apparaissant encore actuellement en sous-jacentes seulement, peut-être même à l’insu des promoteurs comme Pauline Marois et sympathisants. Un Parti à deux faces finalement: celle que l’on voit, bon chic bon genre et bourgeoise; l’autre que l’on ne voit que rarement, le moins possible, noyau dur et radical, aimant les cages à homards…

ET LES AUTRES PARTIS? Monsieur Deltell, nous en avons assez! Non pas nécessairement de la démocratie, quoique ce serait à voir. En fait, nous voudrions l’impossible probablement: savoir quand et dans quelle proportion cette démocratie nous sert vraiment. NPD, ADQ et compagnie enfourchent tour à tour la vague du changement, mais ils ont des rengaines déjà usées, recyclées, comme celles des Libéraux provinciaux qui mettent en vente le Nord du Québec pour s’assurer un nouveau mandat au Parlement. Je souhaiterais qu’ils puissent me démentir là-dessus…

MONSIEUR DELTELL, je souhaiterais aussi connaître votre programme électoral actuel, s’il en est un, et s’il est montrable. Pour ma part, je vous proposerais la mutation de votre parti et du nom qu’il porte en un parti qui afficherait PNPQ: Parti des Nouveaux Patriotes Québécois. Vous auriez peut-être de l’avenir en tant que défenseur de nos valeurs, mais, ce n’est peut-être pas ce qui nourrit votre zèle…

CHERS COMPATRIOTES, merci!

Esther MARTELL(e)


 

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3 Responses to La Fête des Patriotes ou le PNPQ

  1. M.P.J. dit :

    Mme Martelle, vous décrivez notre société avec un brin d’humour mais vos commentaires sont tellement réalistes. Comment tout cela va-t-il finir?

  2. Elizabeth dit :

    Merci M.P.J. d’avoir écrit un commentaire sur ce texte, cela m’a permis de le lire à nouveau… Madame Martelle, c’est succulent! Par contre, en lisant, je me sens impuissante. Que faire? Je me dis qu’il faut que je sois moi-même un « Patriote » dans mon milieu mais, est-ce assez?

  3. M.P.J. dit :

    @Elizabeth

    Oui, être un patriote dans son milieu. Est-ce assez? Je pense que c’est déjà beaucoup. Mais pas le genre de « patriote » que le PQ veut nous faire fêter le 3ème lundi de mai à chaque année et qui voudrait scinder le Canada. Mais plutôt un « Patriote » , comme vous le décrivez, qui défendrait nos valeurs, celles de notre fondation.

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